La France envisage de geler les avoirs de ces Algériens

Nadia Melliti Algérie France ONU accords franco-algériens espionnage MAE

La France envisage sérieusement de geler les avoirs de certains Algériens en cas de nouvelle escalade diplomatique entre les deux pays. Cette initiative, révélée par L’Express, est étudiée conjointement par les ministères français de l’Économie et de l’Intérieur, dans un contexte où les tensions bilatérales restent vives. Il s’agirait d’une mesure ciblée, envisagée comme réponse potentielle à un nouveau refus d’Alger de coopérer sur certaines problématiques migratoires, notamment les reconduites à la frontière. Les autorités françaises disposent déjà d’une liste confidentielle d’environ vingt hauts responsables algériens, occupant des postes clés dans l’administration, la sécurité ou la sphère politique, qui seraient concernés par ce possible gel de leurs avoirs en France.

Toujours selon L’Express, cette réflexion remonte à janvier dernier, période où la crise diplomatique entre la France et l’Algérie connaissait un regain de tension. Bruno Retailleau, alors évoqué comme une figure influente dans la gestion de ce dossier, avait explicitement parlé de la possibilité de sanctions patrimoniales contre certains dignitaires algériens. La mesure, bien que non encore déclenchée, reste à l’étude, et son déclenchement dépendrait directement de l’évolution du dialogue entre les deux capitales. Il s’agit avant tout d’un levier diplomatique, destiné à signaler une volonté de fermeté tout en évitant l’escalade immédiate.

Les Algériens concernés par cette possible mesure sont décrits comme des personnalités influentes ayant des avoirs significatifs en France. La France, dans ce contexte, souhaite geler ces avoirs pour renforcer la pression diplomatique, en cas de détérioration supplémentaire des relations. Ce type de sanction n’est pas nouveau dans les pratiques diplomatiques internationales, mais il est rarement évoqué aussi clairement dans le cadre des relations franco-algériennes. Le gel d’avoirs d’Algériens par la France serait ainsi perçu comme une mesure inédite.

Les autorités françaises estiment que près de 801 membres de la haute administration algérienne détiennent aujourd’hui des avoirs ou des intérêts financiers sur le territoire français. Ces Algériens, bien que n’étant pas tous directement visés, entretiennent des liens étroits avec la France, que ce soit à travers l’acquisition de biens immobiliers, l’ouverture de comptes bancaires ou des investissements dans des sociétés locales. La France, en évaluant ces avoirs détenus par des Algériens, cherche donc à identifier les leviers les plus efficaces pour influer sur certains choix politiques sans pour autant rompre le dialogue diplomatique.

Le cadre légal du gel des avoirs est déjà en place, grâce à des dispositifs européens et nationaux qui permettent à la France de prendre ce type de décision pour des raisons d’ordre public ou de politique étrangère. Toutefois, une telle décision, si elle était appliquée contre des Algériens, demanderait un niveau de coordination élevé entre les services de renseignement, les ministères concernés, et les institutions bancaires. Les avoirs des Algériens, une fois identifiés, feraient l’objet de procédures spécifiques, souvent discrètes, qui limiteraient leur accès ou leur utilisation sans pour autant entraîner de confiscation définitive.

La France, en envisageant de geler les avoirs de ces Algériens, ne vise pas une sanction généralisée, mais bien une réponse « proportionnée » à une situation donnée, selon le médias français. Les avoirs en question représentent à la fois une donnée sensible et un enjeu stratégique, d’autant plus que les liens historiques, humains et économiques entre la France et l’Algérie sont particulièrement denses. Ce projet de gel d’avoirs reste donc conditionné par l’évolution des relations diplomatiques, et s’il venait à être appliqué, il marquerait un tournant inédit dans la gestion des tensions entre Paris et Alger.

À ce stade, la France garde cette option en réserve, mais le simple fait qu’elle soit évoquée de manière aussi claire dans L’Express témoigne du niveau de sérieux avec lequel cette mesure est préparée. Les avoirs détenus par des Algériens en France ne sont donc plus seulement des actifs économiques, mais deviennent potentiellement des instruments de politique internationale.