La France envisage de restreindre l’octroi de visas de travail aux Algériens, une mesure qui pourrait s’inscrire dans un contexte de tensions diplomatiques croissantes entre les deux pays. Cette possibilité a été évoquée par la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, en réponse au refus de l’Algérie de reprendre certains de ses ressortissants en situation irrégulière sur le sol français. Cette décision pourrait s’inscrire dans une série de « ripostes graduées » promises par le gouvernement français, comme l’a souligné le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau.
La question des visas de travail pour les Algériens en France est régie par des accords bilatéraux, notamment celui de 1968, qui accorde aux citoyens algériens des facilités en matière de séjour, d’emploi et de circulation. Ce traité, qui remonte à l’époque postcoloniale, a souvent été un sujet de débats en France, certains politiques estimant qu’il accorde des avantages disproportionnés aux Algériens par rapport aux ressortissants d’autres pays. C’est dans ce cadre que la ministre du Travail a suggéré qu’une révision des conditions d’octroi des visas pourrait être envisagée comme une réponse aux réticences de l’Algérie sur le dossier des expulsions.
Le Premier ministre François Bayrou avait déjà agité la menace d’une remise en question de l’accord de 1968, conditionnant son maintien à une coopération plus active de l’Algérie dans le rapatriement de ses ressortissants en situation irrégulière. Cependant, le président Emmanuel Macron a adopté une approche plus nuancée, déclarant préférer une renégociation plutôt qu’une dénonciation pure et simple de cet accord. Cette déclaration semble traduire une volonté d’éviter une crise ouverte avec Alger, alors que les relations bilatérales connaissent déjà des tensions sur plusieurs dossiers.
Dans ce contexte, la question des visas de travail devient un levier diplomatique pour la France. Une restriction des visas pourrait avoir un impact direct sur de nombreux travailleurs algériens en France, notamment dans des secteurs où leur présence est importante, comme le BTP, la restauration ou encore les services à la personne. Une telle mesure risquerait également de raviver les tensions entre les deux gouvernements, l’Algérie pouvant y voir une forme de pression politique inacceptable.
L’Algérie, de son côté, justifie son refus de reprendre certains de ses ressortissants en avançant des arguments liés aux droits de l’homme et aux conditions dans lesquelles ces expulsions sont effectuées. Ce bras de fer diplomatique reflète une relation complexe entre les deux pays, marquée par des phases de coopération et des périodes de crispation, notamment sur les questions migratoires et économiques.
À ce stade, aucune décision définitive n’a été prise concernant la réduction des visas de travail pour les Algériens, mais la possibilité reste sur la table. Le gouvernement français semble déterminé à obtenir une coopération plus active de la part d’Alger sur le dossier des expulsions, quitte à revoir certains accords historiques. Cette affaire illustre une fois de plus la délicate gestion des relations franco-algériennes, où chaque geste diplomatique peut avoir des répercussions majeures des deux côtés de la Méditerranée.
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