La France octroie un nouvel avantage aux Harkis 

droits anciens combattants algériens France

La France a récemment pris une décision qui ne manquera pas de susciter des réactions, tant sur le plan politique qu’historique. En réponse à une question écrite déposée à l’Assemblée nationale, le ministère des Armées a confirmé que les épouses des harkis ayant soutenu leurs maris durant la guerre d’Algérie pourraient désormais bénéficier d’une reconnaissance nationale ainsi que d’un soutien financier en France. Cette annonce intervient dans un climat diplomatique tendu entre Paris et Alger, où les cicatrices du passé restent vives et alimentent régulièrement les débats politiques.

L’origine de cette décision remonte au 15 octobre 2024, lorsque le député Anthony, membre du groupe « Ensemble pour la République », a soumis une question au gouvernement. Il plaidait en faveur d’une reconnaissance officielle du rôle joué par les épouses de harkis, insistant sur le fait qu’elles avaient subi des conditions de vie particulièrement difficiles après l’indépendance de l’Algérie. La réponse officielle du Secrétariat d’État chargé des Anciens Combattants est tombée le 4 mars 2025, confirmant que ces femmes pourraient bénéficier de compensations financières si elles avaient résidé dans des camps d’accueil entre 1962 et 1975.

Le gouvernement français justifie cette initiative par la loi du 23 février 2022, qui reconnaît officiellement les injustices subies par les harkis et leurs familles après l’indépendance de l’Algérie. En vertu de ce texte, les épouses de harkis ayant enduré des conditions de vie précaires dans des centres d’accueil français pourraient recevoir une indemnisation calculée en fonction de la durée de leur séjour dans ces structures. Cette compensation vise à corriger une partie des préjudices subis par ces femmes, qui ont longtemps vécu dans l’ombre d’une histoire controversée.

Mais au-delà des aspects financiers, cette mesure revêt une portée symbolique importante. La réponse du ministère des Armées précise que ces femmes pourraient également être intégrées dans les listes officielles de distinctions nationales. Toutefois, cette reconnaissance ne sera pas automatique : seules celles ayant joué un rôle actif dans la défense des droits des anciens combattants ou dans le renforcement du lien entre l’armée et la société pourraient être éligibles. L’attribution de décorations ou de distinctions nationales ne reposera donc pas uniquement sur leur statut d’épouse de harki.

Par ailleurs, le gouvernement français met en avant une volonté de transmission mémorielle. À ce titre, il est prévu d’intégrer les témoignages de ces femmes dans des initiatives de documentation historique. Un espace dédié a déjà été mis en place sur le site officiel « harkis.gouv.fr » pour recueillir et partager ces récits. L’objectif est de rendre hommage aux épreuves qu’elles ont traversées et d’inscrire leur vécu dans la mémoire collective. En 2022, un premier événement intitulé « Parcours de femmes harkies » avait été organisé dans cette optique, témoignant de la volonté de l’État de reconnaître publiquement leur histoire.

Cette annonce sur les Harkis intervient dans un contexte diplomatique particulièrement sensible entre la France et l’Algérie. Ces dernières semaines, les relations entre les deux pays ont été marquées par des tensions récurrentes, exacerbées par des déclarations politiques et des débats autour de la mémoire de la colonisation et de la guerre d’Algérie. La question des harkis reste un sujet brûlant, perçu de manière diamétralement opposée de part et d’autre de la Méditerranée. Si en France, ces anciens supplétifs et leurs familles sont considérés comme des victimes de l’Histoire, en Algérie, leur rôle pendant la guerre reste un point de discorde.

Cette décision du gouvernement français pourrait donc raviver les tensions avec Alger, qui voit souvent ces initiatives comme une tentative de réécriture de l’Histoire. L’octroi de nouveaux avantages aux harkis et à leurs épouses en France s’inscrit dans une démarche de reconnaissance, mais elle risque aussi de réactiver des polémiques anciennes, notamment à l’heure où l’extrême droite française instrumentalise régulièrement ces questions pour nourrir un discours identitaire.

Lire également :

Ramadan 2025 : l’aéroport de Roissy réserve une belle surprise aux Algériens

L’accord franco-algérien révoqué par la France ? Le verdict est tombé

Ramadan 2025, Iftar, Imsak : voici les horaires en France