La tension monte d’un cran entre Paris et Alger, dans une séquence diplomatique marquée par des gestes d’une rare fermeté. Ce mardi 15 avril, l’Élysée a officialisé l’expulsion de douze agents algériens opérant au sein du réseau consulaire et diplomatique en France, tout en annonçant dans la foulée le rappel pour consultations de l’ambassadeur français à Alger, Stéphane Romatet. Cette riposte française intervient en écho direct à une décision prise deux jours plus tôt par l’Algérie, laquelle avait déclaré persona non grata douze fonctionnaires français du ministère de l’Intérieur, leur laissant quarante-huit heures pour quitter le territoire. Une mesure jugée « regrettable » par Paris, et dont les conséquences avaient été prédites dès les premières heures de la journée par le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot.
La France considère que la réaction algérienne constitue une réponse directe à l’arrestation, sur son propre sol, d’un agent consulaire algérien, soupçonné, avec deux autres ressortissants algériens, d’avoir participé à l’enlèvement d’un opposant politique exilé en France, connu sous le nom d’Amir DZ. L’enquête, pilotée par le parquet national antiterroriste, a placé ces individus en détention dans le cadre d’une procédure judiciaire sensible. L’Algérie, pour sa part, a immédiatement dénoncé une atteinte à sa souveraineté, estimant que les expulsions de ses agents n’étaient qu’un retour de bâton à une situation qu’elle juge profondément injuste. Dimanche, Alger a fait porter la responsabilité entière de la dégradation des relations bilatérales au ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, tout en affirmant que sa décision d’expulser les fonctionnaires français était pleinement « souveraine ».
Agents algériens expulsés : la France se justifie
Le climat s’est encore alourdi ce mardi soir, après la diffusion d’un communiqué de la présidence française soulignant que « les autorités algériennes prennent la responsabilité d’une dégradation brutale de nos relations bilatérales », tout en appelant néanmoins à « faire preuve de responsabilité » pour « reprendre le dialogue ». Une déclaration qui intervient à peine deux semaines après un appel téléphonique entre Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune, censé marquer un tournant dans une série de crises diplomatiques successives entre les deux capitales.
Jean-Noël Barrot a rappelé que les enquêtes judiciaires menées en France sont indépendantes et ne relèvent en aucun cas d’un agenda diplomatique. « La justice est indépendante. C’est une procédure judiciaire qui a été engagée depuis des mois », a-t-il précisé, estimant que cette affaire ne devrait en aucun cas compromettre les efforts récents de reprise du dialogue entre les deux pays. De son côté, l’Élysée déplore que l’expulsion des agents français « méconnaît les règles élémentaires de nos procédures judiciaires » et qualifie cette décision d’« injustifiée et incompréhensible ».
Le chef de la diplomatie française a d’ailleurs tenu à rappeler, dans un message publié sur le réseau social X, que « les autorités algériennes ont choisi l’escalade ». Une phrase qui résonne comme une ligne rouge franchie, suivie immédiatement d’une précision cinglante : « Nous répliquons comme annoncé. Le dialogue, toujours, mais pas à sens unique. »
Derrière ces échanges musclés se profile une inquiétude croissante sur l’avenir de la coopération entre les deux États, notamment en matière de sécurité, de lutte contre le terrorisme et de gestion migratoire. Le président français n’a pas manqué de souligner que « la France défendra ses intérêts et continuera d’exiger de l’Algérie qu’elle respecte pleinement ses obligations à son égard », en particulier en ce qui concerne la sécurité nationale. Les douze agents français expulsés d’Algérie sont, selon une source diplomatique citée par l’AFP, déjà « en route pour la France ».
Alors que les diplomates plient bagages de part et d’autre de la Méditerranée, les observateurs s’interrogent sur l’ampleur que pourrait prendre cette nouvelle crise, à un moment où les deux pays semblaient amorcer un fragile réchauffement. En quelques jours, ce processus a volé en éclats, rappelant à quel point les relations franco-algériennes restent sensibles, enracinées dans une histoire complexe, et susceptibles de basculer à la moindre étincelle.
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