Un vent nouveau souffle sur la coopération maritime entre la France et l’Algérie. Dans une initiative inédite, la coopérative maritime de Paimpol, située en Bretagne, a décidé de franchir la Méditerranée pour faire construire ses navires en Algérie, une décision motivée par la nécessité de renouveler une flotte vieillissante et de répondre aux contraintes économiques de la pêche française. Ce projet franco-algérien, piloté par le président de la coopérative Yannick Hémeury, marque une nouvelle ère de collaboration dans l’industrie navale entre la France et l’Algérie, à travers un chantier qui devrait voir naître des navires modernes pour un coût estimé entre 400.000 et 600.000 euros l’unité.
C’est dans ce contexte que le projet « Ar Mor » a vu le jour. Financé par Iberdrola via sa filiale Aile Marine, ce projet a été sélectionné dans le cadre d’un appel à projet visant à stimuler l’innovation maritime en Bretagne. Le constructeur espagnol a identifié en « Ar Mor » une solution viable pour moderniser la pêche en France, tout en valorisant les compétences industrielles de l’Algérie. C’est donc en Algérie que les navires seront construits, dans un chantier naval sélectionné pour son savoir-faire et sa capacité à répondre aux normes européennes, notamment celles de la motorisation IMO3.
Le projet « Ar Mor » repose sur la conception de bateaux de pêche de 12 mètres de long, adaptés à une utilisation polyvalente : arts dormants et arts traînants. Le design, avec une étrave inversée, répond à une logique d’efficacité et de sécurité en mer. La France, qui peine à faire face au coût toujours plus élevé de la construction de navires — souvent estimé entre 1 et 2 millions d’euros pour des modèles standards —, voit dans ce partenariat avec l’Algérie une véritable alternative. En construisant en Algérie, la France espère réduire significativement la facture tout en obtenant des navires de qualité.
Yannick Hémeury, dans plusieurs déclarations à la presse française spécialisée, notamment au journal Le Marin, a insisté sur l’urgence de renouveler une flotte française arrivée à un point critique. Certains navires inspectés ont plus de 50 ans, un fait qu’il juge inacceptable. Pour y remédier, la France s’appuie désormais sur l’Algérie pour construire des navires économiquement viables. Cette coopération démontre qu’il est possible d’associer rationalisation des coûts et montée en gamme industrielle dans un contexte où la durabilité devient une priorité.
Le premier navire issu de cette collaboration entre la France et l’Algérie devrait être réceptionné en 2025 à Paimpol. Ce jalon marquera un moment clé dans l’histoire de la coopération industrielle entre les deux pays. Pour la France, il s’agit d’un pari sur l’avenir de la pêche artisanale. Pour l’Algérie, c’est une reconnaissance de son potentiel industriel et de sa capacité à répondre à des appels d’offre internationaux, dans un secteur aussi stratégique que la construction navale.
La France, en optant pour la construction de navires en Algérie, mise sur un partenariat gagnant-gagnant. La France bénéficie de navires construits à des prix compétitifs, entre 400.000 et 600.000 euros, tandis que l’Algérie développe une industrie navale porteuse, avec des retombées économiques significatives en termes d’emplois, de transfert de technologie et de rayonnement régional.