Au cœur du problème, une réglementation européenne stricte : l’Algérie ne figure pas parmi les pays autorisés à exporter des produits contenant du lait ou ses dérivés vers l’Union européenne. « Nous sommes en train de faire le nécessaire pour remplir les conditions demandées par chaque pays », assure Amine Ouzlifi, responsable marketing chez Cebon, dans une déclaration récente à TSA. Il insiste sur le fait qu’El Mordjene est un produit conforme aux standards de consommation internationale et qu’il détient toutes les certifications nécessaires pour garantir sa qualité. « Maintenant, il s’agit d’obtenir la documentation complémentaire pour aller vers l’exportation de manière professionnelle », précise-t-il.
L’attente est particulièrement frustrante pour les Algériens de France, qui avaient accueilli El Mordjene avec un enthousiasme débordant lors de son lancement sur le marché français. « Ce sont eux qui ont soutenu et défendu notre produit », déclare M. Ouzlifi, en regrettant que cette communauté soit désormais privée d’un produit qui symbolise tant leur lien avec leur pays d’origine. Il souligne également que cette situation dépasse les capacités de négociation de la SARL Cebon : « C’est une question de réglementation entre États. Nous ne pouvons pas négocier directement avec la France. Cela nous dépasse. »
Le succès d’El Mordjene en France avait pourtant été fulgurant. Plébiscitée pour son goût unique et son prix abordable, la pâte à tartiner algérienne avait su séduire un large public, bien au-delà de la communauté algérienne. Mais l’interdiction a brutalement interrompu cette success story. Depuis, les consommateurs se retrouvent face à un vide que les alternatives disponibles sur le marché ne parviennent pas à combler. « Ce n’est pas juste une pâte à tartiner, c’est un bout de chez nous », confie un internaute nostalgique sur les réseaux sociaux.
Pourtant, Cebon ne baisse pas les bras. « Nous mettons tout en œuvre pour répondre aux exigences de chaque pays », affirme Amine Ouzlifi. L’entreprise reste optimiste quant à la possibilité de conquérir de nouveaux marchés, même si elle doit attendre des discussions bilatérales entre l’Algérie et l’Union européenne pour débloquer la situation en France. Entre-temps, certains fans d’El Mordjene se tournent vers des solutions informelles, comme demander à leurs proches de rapporter des pots depuis l’Algérie. Une stratégie qui témoigne de l’attachement profond des consommateurs à ce produit.
Malgré les défis, le succès d’El Mordjene reste une source d’inspiration. Il montre que les produits algériens, lorsqu’ils sont bien positionnés, peuvent rivaliser avec les grandes marques internationales. Pour les Algériens de France, l’espoir demeure que cette pâte à tartiner, symbole de leur identité culinaire, puisse bientôt faire un retour triomphal. En attendant, l’attachement à El Mordjene reste intact, porté par une nostalgie collective et l’espoir d’un avenir meilleur. « Cette pâte à tartiner appartient autant aux Algériens d’ici qu’à ceux de là-bas », conclut Amine Ouzlifi. Une chose est sûre : l’histoire d’El Mordjene est loin d’être terminée.
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