« L’accord de 1968, c’est le président » : Macron atomise Retailleau et Bayrou

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Le chef de l’État français s’oppose à une dénonciation de l’accord de 1968 avec l’Algérie, affichant son désaccord avec son Premier ministre et son ministre de l’Intérieur. La semaine dernière, François Bayrou avait lancé un ultimatum sur ce texte qui donne aux Algériens des facilités de circulation en France. « L’accord de 1968, c’est le président de la République », a rappelé Emmanuel Macron dans les pages du Figaro.

Rappel à l’ordre. Dans des propos rapportés par Le Figaro, lundi 3 mars, Emmanuel Macron recadre son Premier ministre et son ministre de l’Intérieur sur l’Algérie. Les deux hommes ont durci le ton ces dernières semaines concernant les relations entre Paris et Alger et notamment sur le sujet des immigrés illégaux provenant du royaume, dans la foulée de l’attentat de Mulhouse perpétré par un Algérien sous OQTF et dont l’expulsion avait été refusée une dizaine de fois aux autorités françaises.

Alors que Bruno Retailleau réclame d’établir un « rapport de force » avec l’Algérie, François Bayrou a donné entre « quatre et six semaines à Alger pour se montrer plus coopératif » dans la reprise de ses ressortissants clandestins. Le chef du gouvernement a également avancé que si l’accord de 1968, qui donne aux Algériens des facilités de circulation en France, n’était « pas respecté » alors, il serait « dénoncé ». Ce que refuse Emmanuel Macron qui a affirmé que « chacun est dans ses compétences », recadrant ainsi Bayrou et Retailleau.

Auprès du Figaro, le chef de l’État met les choses au point : « L’accord de 1968, c’est le président de la République. ». Et Emmanuel Macron de poursuivre, « ce qu’on a acté avec le président Tebboune en 2022, c’est sa modernisation. Je suis totalement favorable, non pas à le dénoncer, mais à le renégocier ». Le dirigeant français rappelle également que « la sécurité des Français est au-dessus de tout. Je veux protéger les Français et je pense que le gouvernement a la même priorité ».

Concernant l’attentat de Mulhouse, Emmanuel Macron estime qu’il s’agit d’un « vrai cas de dysfonctionnement », ajoutant qu’il faut que « tous les gens identifiés comme dangereux soient repris ». Mais plutôt que l’affrontement, il souhaite « engager un dialogue exigeant et respectueux », rappelant que « c’est ensemble que l’on peut faire des choses intelligentes des deux côtés ».

Dans ce contexte de tensions diplomatiques et de pressions politiques internes, la position de Macron reste claire : éviter toute rupture brutale avec Alger tout en renforçant les mécanismes de contrôle des flux migratoires. Une renégociation semble être l’option privilégiée par l’Élysée, malgré les critiques et les appels à la fermeté d’une partie de la classe politique. L’enjeu est de taille, à la fois sur le plan sécuritaire et diplomatique. La question reste donc ouverte : jusqu’où ira la fermeté affichée par le gouvernement et comment Alger répondra-t-elle à ces exigences ?

Derrière cette crise, un enjeu stratégique majeur se dessine. La relation franco-algérienne est marquée par des décennies de tensions, d’accords et de ruptures. L’accord de 1968 a été conçu dans un contexte post-colonial particulier où la France et l’Algérie cherchaient à préserver des liens forts malgré l’indépendance du pays en 1962. Sa remise en question aujourd’hui s’inscrit dans une dynamique plus large de durcissement des politiques migratoires françaises.

Le gouvernement français sait que la dénonciation pure et simple de l’accord pourrait entraîner des représailles diplomatiques, voire économiques. L’Algérie demeure un partenaire clé, notamment en matière énergétique, et toute décision hâtive risquerait d’affecter des relations déjà fragiles. C’est pourquoi Emmanuel Macron privilégie une approche plus mesurée, même si cela implique de tenir tête à une partie de sa majorité et à l’opposition, qui réclament des mesures plus drastiques.

L’expulsion des étrangers en situation irrégulière et identifiés comme dangereux est une priorité affichée par l’exécutif, mais les obstacles administratifs et diplomatiques demeurent nombreux. Les négociations avec Alger devront permettre de fluidifier ces procédures sans pour autant envenimer la situation. En attendant, le débat continue de diviser la classe politique, et les prochaines semaines seront déterminantes pour savoir si la ligne de Macron l’emportera face aux pressions de l’opposition et de certains membres de son propre camp.

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