Un différend lié à un voyage en Espagne a récemment dégénéré en un acte d’une gravité exceptionnelle impliquant un Algérien, père de famille, qui a été condamné, ce dimance 11 mai, à sept ans de prison ferme. Cette affaire, jugée par le tribunal criminel de Dar El Beïda, a mis en lumière une sombre histoire de trahison, de vengeance et d’enlèvement, sur fond de promesse non tenue concernant un projet de départ en Espagne.
Selon les éléments du dossier rendus publics par le média arabophone Ennahar, le principal accusé, un Algérien connu sous le nom de D. Hamza, aurait orchestré l’enlèvement de la fille mineure de son ami, également Algérien, à la suite d’un litige financier autour d’un prétendu voyage en Espagne.
Tout aurait commencé avec la remise d’une somme de 40 millions de centimes par D. Hamza à son ami de longue date, M. Amine. L’argent devait servir à l’obtention d’un visa pour l’Espagne. Mais au fil des semaines, aucune nouvelle ne lui est parvenue, ni sur l’avancée des démarches ni sur le remboursement de la somme. Cette situation aurait déclenché chez D. Hamza une colère sourde, alimentée par l’impression d’avoir été dupé par un Algérien en qui il avait une grande confiance. Persuadé d’avoir été escroqué, et n’obtenant pas de réponses aux appels qu’il adressait à son ami, il aurait alors décidé de passer à l’action, d’une manière aussi préméditée que choquante.
Ce jour-là, il se rend dans le quartier de Kouba, là où réside la famille de M. Amine. N’y trouvant pas son ami, il tombe sur la fillette de six ans, prénommée Alia, qui jouait devant le domicile familial en compagnie de sa grande sœur. Profitant de l’innocence de l’enfant, il lui propose des bonbons et des jeux. Une fois l’enfant approchée, il l’aurait contrainte à monter dans son véhicule, un fourgon Renault Master, en présence de deux autres individus, ses amis, nommés Saïf Eddine et Lakhdar.
L’Algérien et ses deux comparses prennent alors la route, quittant Kouba avec l’enfant pour se diriger d’abord vers Bordj El Kiffan, puis vers Réghaïa, en passant par Rouïba. Pendant ce laps de temps, la fillette reste séparée de sa famille durant près de quatre heures. De son côté, la mère d’Alia, accompagnée de sa deuxième fille, se rend d’urgence dans un commissariat pour signaler la disparition. Les services de sécurité, rapidement mobilisés, contactent l’accusé après avoir identifié sa responsabilité dans l’enlèvement. Malgré plusieurs appels et tentatives de le convaincre, il refuse dans un premier temps de restituer l’enfant.
Ce n’est que sous la pression des agents de la police judiciaire de Bab Ezzouar que l’accusé accepte enfin de rendre l’enfant, non loin de Réghaïa. L’enfant, saine et sauve, est remise aux autorités et le dossier est immédiatement transféré au parquet de Dar El Beïda. Le père, choqué par le geste de son ami, engage des poursuites judiciaires.
Lors de l’audience, D. Hamza a nié toute intention de mal faire, affirmant avoir emmené la fillette avec le consentement du père, dans le but de récupérer un dossier lié à un logement. Il a aussi précisé que le père de l’enfant n’avait pu se joindre à lui ce jour-là car il se trouvait au tribunal pour le règlement d’une amende. Il s’est dit surpris par les accusations, soulignant les liens d’amitié entre les deux familles et assurant qu’il avait déjà emmené la fillette dans le passé sans objection.
Toutefois, ses propos ont été jugés contradictoires, notamment lorsqu’il est revenu sur le litige financier qui l’opposait à M. Amine. Malgré ses tentatives de minimisation, le tribunal, après analyse des témoignages et des éléments de l’enquête, a estimé que l’Algérien avait bel et bien orchestré un enlèvement, même si ce dernier était motivé par une histoire de voyage en Espagne et une somme d’argent non restituée. La peine de sept ans de prison ferme a donc été prononcée, moins que la perpétuité requise par le ministère public, mais lourde de sens pour un acte ayant profondément bouleversé la vie d’une famille algérienne.