L’Algérie continue d’affirmer sa souveraineté face aux pressions exercées par la France en matière de migration. La question du laissez-passer consulaire, ce document permettant à un étranger en situation irrégulière d’être expulsé vers son pays d’origine, est au cœur d’un débat diplomatique qui ne cesse de prendre de l’ampleur. Abdelaziz Rahabi, ancien ministre et diplomate algérien, a tenu à clarifier la position de l’Algérie sur ce dossier sensible, soulignant l’importance du respect des procédures légales et des droits des ressortissants algériens concernés par les obligations de quitter le territoire français (OQTF).
Lors d’une conférence organisée à Alger, Rahabi a rappelé que l’Algérie ne se soumettra à aucune injonction extérieure, particulièrement en ce qui concerne la gestion de ses citoyens à l’étranger. Selon lui, la délivrance d’un laissez-passer consulaire répond à des critères bien précis et ne peut être accordée que lorsque toutes les voies de recours disponibles en France ont été épuisées. Cela signifie qu’un Algérien frappé d’une OQTF ne pourra être rapatrié qu’après avoir bénéficié de toutes les possibilités légales pour contester cette décision.
Le diplomate a également mis en lumière une problématique majeure : celle des personnes non enregistrées auprès des services consulaires algériens. « Un individu qui ne figure pas dans les registres de nos consulats ne peut prétendre à un laissez-passer. C’est là que réside toute la complexité de ce dossier », a-t-il expliqué. En d’autres termes, les autorités algériennes refusent systématiquement d’émettre un laissez-passer pour une personne dont l’identité algérienne n’est pas clairement établie, une mesure qui vise à éviter toute expulsion arbitraire.
Un autre point soulevé concerne les chiffres avancés par la France. En 2024, sur environ 6 000 OQTF émises à l’encontre de ressortissants algériens, l’Algérie aurait donné son accord pour près de 3 000 demandes, soit un taux de délivrance des laissez-passer d’environ 43 %. Un chiffre équivalent à celui du Maroc, qui n’a pourtant pas été autant mis sous le feu des projecteurs. Rahabi s’est interrogé sur cette focalisation excessive sur l’Algérie, alors que d’autres pays appliquent des politiques similaires sans subir la même pression diplomatique et médiatique.
Le laissez-passer consulaire est avant tout un document de souveraineté. Sa délivrance ne doit pas être perçue comme un simple acte administratif mais bien comme une décision qui engage la responsabilité de l’État algérien. Cette approche traduit la volonté d’Alger de protéger ses ressortissants et de garantir que toute procédure d’expulsion soit menée dans le strict respect du droit et de la dignité humaine.
Ainsi, loin des discours alarmistes, la position algérienne repose sur des principes clairs : aucun citoyen ne peut être renvoyé sans identification formelle, aucun laissez-passer ne sera accordé sans recours épuisé et aucune pression étrangère ne pourra forcer la main des consulats algériens. Face à une situation où la politique migratoire devient un enjeu diplomatique, l’Algérie campe sur ses positions et réaffirme, une fois de plus, son indépendance dans la gestion de ses affaires souveraines.
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