L’Algérie fait face à une situation délicate concernant son approvisionnement en aliments pour bétail. Le 5 février 2025, l’Office national de l’aliment de bétail (Onab) a lancé un appel d’offres international pour l’achat d’importantes quantités de maïs, d’orge et de farine de soja, des produits clés dans l’alimentation animale. Cette démarche s’inscrit dans le cadre de l’approvisionnement régulier des élevages algériens, qui dépendent de ces produits pour nourrir leur bétail, particulièrement dans le secteur de l’aviculture et de l’élevage bovin. L’Onab prévoit d’acheter 240 000 tonnes de maïs, 35 000 tonnes d’orge et une quantité équivalente de farine de soja. Les offres pour ces achats doivent être soumises d’ici le 6 février 2025, une date limite de soumission marquée par des négociations tendues et des appels d’offres précédents qui n’avaient pas abouti.
La répartition de l’achat se fait de manière spécifique : le maïs est recherché dans des lots allant de 30 000 à 40 000 tonnes, exclusivement en provenance du Brésil ou de l’Argentine. Cette décision d’importer du maïs en provenance d’Amérique du Sud reflète la stratégie de l’Algérie visant à diversifier ses sources d’approvisionnement, tout en répondant à une demande locale croissante. Le maïs est principalement destiné à l’alimentation du secteur avicole et à l’engraissement du bétail. Selon les estimations, le pays importe chaque année environ 4 millions de tonnes de maïs, une quantité qui correspond à une large part des besoins de son secteur agricole.
L’orge, pour sa part, est demandée en un seul lot de 25 000 à 35 000 tonnes, tandis que la farine de soja est également recherchée dans une fourchette similaire. Le gouvernement a indiqué que les produits doivent être expédiés rapidement, avec des délais précis : le maïs et la farine de soja doivent être expédiés au plus tard le 15 mars 2025, tandis que l’orge devra être acheminée entre le 1er et le 15 mars.
L’importation des aliments de bétail représente une part importante de la facture d’importation alimentaire du pays, et cette situation a des répercussions significatives sur la balance des paiements de l’Algérie. L’alimentation animale à base de maïs et de soja, par exemple, constitue une part notable des coûts de production dans les élevages avicoles, un secteur qui est essentiel pour la production de viande et d’œufs dans le pays.
Face à cette dépendance croissante, le gouvernement algérien a mis en place des mesures pour réduire cette dépendance aux importations. Hanane Labiad, Directrice de la valorisation et de la promotion des produits agricoles au ministère de l’Agriculture, a souligné que le pays importe chaque année une valeur de 1,6 milliard de dollars de maïs gras et 1,75 milliard de dollars d’oléagineux. Ces produits jouent un rôle primordial dans les aliments destinés au bétail, mais leur importation pose un problème pour la souveraineté alimentaire du pays.
Pour y remédier, l’Algérie a lancé un ambitieux programme de développement des cultures stratégiques qui débutera en mars 2025. Ce programme vise la culture de 520 000 hectares en maïs gras et oléagineuses d’ici 2028. L’objectif est de réduire les importations de maïs et d’oléagineux en augmentant la production locale. D’ici 2025, le pays prévoit de cultiver 30 000 hectares de maïs gras, répartis entre les régions du nord et du sud. En outre, 60 000 hectares d’oléagineuses seront cultivés, principalement dans le sud du pays.
Ce programme ambitieux est une réponse directe à la question de l’autosuffisance en matières premières agricoles. En outre, la diversification de l’approvisionnement alimentaire et l’augmentation de la production locale devraient permettre de mieux stabiliser les prix des produits alimentaires destinés à l’alimentation animale. Ce projet fait également partie de la stratégie de modernisation de l’agriculture algérienne et vise à réduire la facture des importations qui, en dépit des efforts, demeure élevée.
Le développement de ces cultures stratégiques n’est cependant pas exempt de défis. La mise en œuvre d’un tel programme nécessite des investissements conséquents et un soutien aux agriculteurs pour qu’ils puissent répondre à cette demande croissante. La mise en place de mécanismes de financement, de formation et de soutien technique sera essentielle pour que le programme atteigne ses objectifs.
Ainsi, bien que l’Algérie continue d’importer d’importantes quantités d’aliments pour bétail, notamment du maïs, de l’orge et de la farine de soja, le pays cherche à réduire cette dépendance par le biais d’un programme de développement des cultures stratégiques. L’objectif à long terme est d’assurer une meilleure autosuffisance alimentaire et de soutenir l’agriculture locale, tout en renforçant la sécurité alimentaire nationale. Ce programme ambitieux pourrait bien transformer le paysage agricole du pays dans les années à venir, bien qu’il devra relever plusieurs défis logistiques et financiers pour atteindre ses objectifs.
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