L’Algérie s’apprête à franchir un cap stratégique dans le domaine agro-industriel avec l’entrée en production imminente de la raffinerie de sucre Tafadis, située dans la zone industrielle de Larbaâtache, dans la wilaya de Boumerdès. Ce projet d’envergure, porté par Madar Holding, marque une avancée significative dans le renforcement de la sécurité alimentaire du pays et l’industrialisation du secteur sucrier. Selon les informations communiquées par le ministère de l’Industrie, cette raffinerie entrera en phase de test fin mars, avec une capacité de production impressionnante de 2 000 tonnes par jour, réparties entre 1 300 tonnes de sucre blanc, 200 tonnes de sucre brun et 450 tonnes de sucre liquide.
Mardi 11 février, le ministre de l’Industrie, Sifi Ghrieb, a effectué une visite d’inspection sur le site de la raffinerie, récemment transférée au groupe Madar dans le cadre de la récupération des biens confisqués. À cette occasion, il a salué la relance de ce projet industriel, qu’il qualifie de « modèle », en soulignant le rôle déterminant des cadres et ingénieurs algériens dans sa mise en œuvre. « Ce projet illustre notre capacité à remettre sur pied des unités stratégiques et à renforcer l’autonomie de l’Algérie dans des secteurs vitaux comme l’agroalimentaire », a-t-il déclaré.
L’usine ne se contentera pas d’approvisionner le marché local en sucre raffiné, elle contribuera également à la création de 1 200 emplois, dont 500 emplois directs et 700 emplois indirects en Algérie. Un impact économique majeur qui vient s’ajouter à l’ambition du groupe Madar de s’affirmer comme un acteur clé du raffinage et de la transformation sucrière en Algérie.
Dans une seconde phase de développement, Madar Holding prévoit d’implanter une seconde raffinerie à Ouargla, axée sur la production de sucre à partir de betteraves sucrières. Cette initiative s’inscrit dans une vision à long terme de diversification des sources de production, en réduisant la dépendance aux importations de sucre brut. L’entrée en production de cette future usine est prévue d’ici trois ans, selon les projections officielles.
L’ambition de Madar Holding dans ce domaine ne date pas d’hier. En janvier 2024, le groupe avait signé un mémorandum d’entente avec l’entreprise américaine Reasol, spécialisée dans les solutions industrielles et énergétiques. Cet accord vise à développer un projet intégré de production sucrière, allant de la culture à grande échelle de la betterave sucrière jusqu’à sa transformation industrielle. « Notre objectif est de produire un sucre blanc 100% algérien, conforme aux meilleurs standards internationaux », avait précisé Madar Holding dans un communiqué.
L’annonce de la raffinerie de Ouargla a été officialisée en août 2024, confirmant l’ambition du groupe de valoriser la filière agricole locale et d’investir dans des solutions de production durable. Selon les premières estimations, le coût total de cet investissement dépassera 80 milliards de dinars et devrait permettre la création de plus de 600 emplois directs, sans compter les emplois saisonniers et indirects liés à la culture et au transport des matières premières.
Avec ces projets, l’Algérie se positionne progressivement comme un acteur majeur du secteur du sucre en Afrique du Nord. L’objectif est double : garantir une meilleure indépendance alimentaire en réduisant les importations massives de sucre, tout en développant une filière agricole performante autour de la betterave sucrière. L’avenir de la production sucrière algérienne semble donc en bonne voie, porté par des investissements stratégiques et une volonté affirmée d’exploiter au mieux les ressources locales.
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