L’annonce a marqué les milieux économiques et énergétiques : le groupe ENGIE, considéré comme un géant français de l’énergie, s’est retiré définitivement d’un projet stratégique en Algérie. Cette décision intervient après la cession de la totalité de sa participation dans E & E Algeria Touat B.V. à la société thaïlandaise PTT Exploration and Production Public Company Limited (PTTEP). L’opération, qui concernait directement le projet de Gaz de Touat, a été finalisée au deuxième trimestre 2025, après avoir obtenu toutes les validations réglementaires nécessaires. Le départ de ce géant français de l’Algérie reflète une réorganisation des équilibres énergétiques dans la région et ouvre la voie à de nouveaux acteurs internationaux. Dans ce contexte, l’Algérie voit un géant français quitter son sol, tandis que de nouveaux partenariats prennent forme.
L’accord de cession a été scellé dans le cadre d’un Share Purchase Agreement (SPA) conclu entre ENGIE International Corporation B.V. et PTTEP. Concrètement, la société thaïlandaise a acquis 34 % du capital de E & E Algeria Touat B.V., ce qui équivaut à une participation indirecte de 22,1 % dans le projet de Gaz de Touat. Cette acquisition permet à PTTEP de faire son entrée dans le secteur énergétique algérien, en remplaçant un acteur historique, le géant français ENGIE. Les autres partenaires du projet demeurent la société italienne ENI, détentrice de 42,9 %, et la compagnie nationale Sonatrach, qui conserve 35 %. Avec cette transaction, ENGIE a donc quitté définitivement l’Algérie, mettant un terme à sa participation dans ce champ gazier stratégique.
Le projet Gaz de Touat, situé dans la région de Timimoun, wilaya d’Adrar, au sud-ouest de l’Algérie, illustre l’importance stratégique de cette zone. Mis en service en 2019, il abrite des réserves évaluées à 1,92 trillion de pieds cubes de gaz naturel ainsi qu’à 5,4 millions de barils de condensats. Sa capacité de production atteint près de 12 millions de mètres cubes de gaz par jour, ce qui en fait un pilier majeur du dispositif énergétique national. L’exploitation est confiée au Groupement TouatGaz, une coentreprise réunissant désormais Sonatrach, ENI et PTTEP, et dont la mission est de valoriser les ressources du sous-sol algérien.
Le retrait du géant français ENGIE intervient dans un contexte où l’Algérie cherche à renforcer sa souveraineté énergétique et à diversifier ses partenariats. Le départ d’ENGIE de l’Algérie est compensé par l’arrivée de PTTEP, acteur thaïlandais qui dispose d’une solide expérience dans l’exploration et la production pétrolière et gazière. Cette redistribution des cartes illustre la place centrale de l’Algérie dans l’échiquier énergétique mondial, où les grands groupes s’adaptent aux nouvelles priorités géopolitiques et économiques.
Les réserves du projet Gaz de Touat jouent un rôle essentiel non seulement pour alimenter le marché intérieur algérien, mais aussi pour soutenir les exportations. L’Algérie, qui figure parmi les principaux fournisseurs de gaz de l’Europe, mise sur la région de Timimoun pour consolider sa position et répondre à une demande croissante. Plusieurs champs gaziers y sont déjà opérationnels, appuyés par des unités de traitement et un réseau de transport efficace, garantissant une exploitation optimale et une distribution fluide vers les zones de consommation.
La région du sud-ouest de l’Algérie attire d’ailleurs un nombre croissant d’investissements étrangers. Aux côtés de Sonatrach, de l’italien ENI et désormais du thaïlandais PTTEP, d’autres grandes compagnies ont manifesté leur intérêt pour ce bassin gazier stratégique. Parmi elles figurent TotalEnergies, ExxonMobil, Sinopec et Chevron. Cette concentration d’acteurs illustre l’importance géostratégique de la zone, devenue un point central des activités gazières du pays.