L’Algérie se retrouve aujourd’hui au cœur d’une bataille d’influence énergétique où l’Allemagne, en pleine transition écologique, cherche à sécuriser ses approvisionnements en hydrogène vert. Alors que les tensions diplomatiques entre Alger et Paris s’intensifient, Berlin en profite pour s’imposer comme le principal partenaire de l’Algérie dans ce domaine stratégique. Loin d’être une coïncidence, cet intérêt croissant des entreprises allemandes traduit une volonté politique et économique d’élargir leur empreinte sur le marché algérien en évinçant toute concurrence, notamment française.
Depuis plusieurs mois, l’Algérie multiplie les échanges avec les géants industriels allemands afin de structurer une industrie de l’hydrogène vert qui répondra non seulement aux besoins locaux, mais surtout à la demande européenne, en quête d’alternatives aux énergies fossiles. Dans ce cadre, Sonatrach, pilier du secteur énergétique algérien, joue un rôle clé dans la mise en œuvre de cette stratégie. Plusieurs rencontres ont ainsi été organisées, au cours de ces derniers jours, avec des sociétés allemandes, parmi lesquelles VNG, Bosch, Siemens, Thyssen et Bayenets, toutes prêtes à investir massivement dans l’infrastructure nécessaire à la production et au transport de cette nouvelle ressource énergétique.
L’attrait de l’Allemagne pour l’hydrogène vert algérien ne relève pas uniquement d’une opportunité économique. Il s’agit aussi d’une approche géopolitique visant à garantir à l’Allemagne une indépendance énergétique accrue vis-à-vis de ses anciens fournisseurs. Le pays mise sur deux grands corridors de transport de l’hydrogène, le SoutH2 et le H2med, qui placeront l’Algérie comme un acteur central de l’approvisionnement énergétique européen. Ces infrastructures permettront un acheminement fluide de l’hydrogène algérien vers l’Allemagne, consolidant ainsi son rôle de leader européen dans la transition énergétique.
Les ressources naturelles de l’Algérie offrent un avantage considérable à cette ambition. Avec un ensoleillement exceptionnel atteignant 3500 heures par an dans le sud du pays, le potentiel solaire est immense. Cette richesse permet le développement massif d’énergies renouvelables, avec un objectif de production de 15 GW d’électricité solaire à court terme. Ce programme s’inscrit dans une perspective plus large visant à positionner l’Algérie comme un fournisseur incontournable d’hydrogène vert, une ressource qui représente l’avenir de l’industrie énergétique mondiale.
L’intérêt de Berlin pour l’Algérie s’explique également par le coût de production compétitif de l’hydrogène vert dans le pays. Contrairement à d’autres fournisseurs potentiels, l’Algérie bénéficie de conditions naturelles et logistiques idéales qui rendent son hydrogène plus accessible et économiquement viable. En réponse à cette dynamique, l’Allemagne s’active pour sécuriser des partenariats stratégiques, consolidant ainsi sa position dominante dans un marché en pleine expansion.
Cette ruée allemande vers l’Algérie intervient dans un contexte où la France semble mise à l’écart. L’actuel refroidissement des relations diplomatiques entre Alger et Paris a ouvert un boulevard aux entreprises allemandes qui, sans réelle concurrence, signent les accords les plus avantageux. En conséquence, les sociétés françaises sont totalement absentes de ce marché en plein essor, laissant l’Allemagne rafler la mise et asseoir son influence sur un secteur clé de l’avenir énergétique européen.
Au-delà de l’hydrogène vert, la coopération entre Alger et Berlin s’étend également au gaz naturel, qui reste un pilier de la transition énergétique mondiale. L’Allemagne, qui cherche à diversifier ses sources d’approvisionnement après la crise énergétique provoquée par la guerre en Ukraine, considère l’Algérie comme un partenaire stratégique fiable. Sonatrach et plusieurs groupes énergétiques allemands ont ainsi renforcé leurs accords de livraison de gaz, consolidant une relation économique qui dépasse largement le seul domaine des énergies renouvelables.
À travers ces manœuvres, l’Allemagne se positionne comme le principal bénéficiaire des tensions entre Alger et Paris, s’imposant comme le premier partenaire énergétique de l’Algérie. Cette stratégie, habilement menée, pourrait redéfinir les équilibres géopolitiques en Afrique du Nord et en Europe, où la course aux ressources énergétiques est plus intense que jamais.
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