L’Ambassadeur français Stéphane Romatet de retour en Algérie ?

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Contrairement aux rumeurs, l’Ambassadeur français en Algérie, Stéphane Romatet, n’a toujours pas regagné son poste après avoir été rappelé par l’Élysée pour consultation, et cette absence commence à susciter de nombreuses interrogations dans les milieux diplomatiques et médiatiques. Alors que les tensions entre la France et l’Algérie restent palpables, le silence entourant le retour de l’Ambassadeur français en Algérie semble traduire une crise plus profonde qu’il n’y paraît.

Dans un entretien accordé au journal Echorouk, Chems-Eddine Hafiz, recteur de la Grande Mosquée de Paris, est revenu longuement sur la situation actuelle. Il y confirme que l’Ambassadeur français Stéphane Romatet, affecté à Alger, n’a pas encore été redéployé sur place.  Chems-Eddine Hafiz insiste : l’Ambassadeur français est toujours en retrait, et les autorités algériennes n’ont pas encore reçu de signal officiel indiquant sa réintégration dans ses fonctions en Algérie. Cette situation symbolise la profondeur du malaise entre les deux États.

La tension entre la France et l’Algérie n’est pas un phénomène nouveau. Chems-Eddine Hafiz le reconnaît ouvertement : la relation coloniale entre la France et l’Algérie n’a jamais été totalement résolue. Selon lui, cette tension historique se reflète encore aujourd’hui dans les discours de l’extrême droite française, qui attaque régulièrement l’Algérie et les citoyens franco-algériens. Ces attaques prennent la forme d’amalgames, de stigmatisations et d’un discours nostalgique de « l’Algérie française », totalement déconnecté des réalités historiques.

Dans ce climat, le rôle de l’Ambassadeur français devient central. L’absence prolongée de l’Ambassadeur français à Alger n’aide en rien à rétablir le lien entre la France et l’Algérie. Elle crée un vide diplomatique qui risque d’alimenter davantage les spéculations et les suspicions des deux côtés. L’Algérie, qui attend un signal fort pour relancer la coopération, se retrouve dans une position inconfortable.

Chems-Eddine Hafiz revient également sur les enjeux communautaires, notamment la situation des Franco-Algériens en France, souvent victimes de discours discriminatoires. Il rappelle que la communauté algérienne a largement contribué à la société française, dans des domaines aussi variés que la santé, la recherche, l’industrie, la finance ou encore la culture. Selon lui, réduire l’Algérie à un « problème » dans le débat public français est non seulement injuste, mais aussi contre-productif pour les relations bilatérales.

À ce stade, la question du retour de l’Ambassadeur français en Algérie demeure en suspens. L’absence d’annonce officielle alimente un flou diplomatique que certains observateurs interprètent comme une forme de gel symbolique. Pourtant, des figures comme Chems-Eddine Hafiz se veulent optimistes. Il affirme croire en la volonté des deux présidents, Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron, de surmonter cette impasse. Pour lui, les deux chefs d’État partagent une vision commune et savent qu’un apaisement est indispensable.

En attendant, la Grande Mosquée de Paris, dirigée par Chems-Eddine Hafiz, se veut un lieu de dialogue. Elle reste, selon ses mots, « un pont pour l’apaisement », entre la France et l’Algérie, entre les cultures et les mémoires, entre les blessures du passé et les espoirs du futur. Il insiste sur la nécessité de dépasser les crispations idéologiques pour bâtir une relation durable, équitable et mutuellement bénéfique.

Le retour éventuel de l’Ambassadeur français en Algérie serait alors plus qu’un simple geste protocolaire. Il marquerait la reprise d’un dialogue interrompu, la volonté d’avancer malgré les différends, et la reconnaissance d’une réalité inévitable : la France et l’Algérie sont liées par une histoire complexe, mais aussi par un avenir commun à construire. Tant que l’Ambassadeur français n’aura pas repris son poste en Algérie, ce symbole de réconciliation restera en suspens.