Le Maroc s’apprête à franchir un nouveau seuil dans sa coopération sécuritaire avec Tel-Aviv. Alors que la guerre menée par Israël contre la population de Ghaza a franchi la barre dramatique des 51 000 victimes, le Maroc accueillera sur son sol un contingent de l’armée israélienne dans le cadre des exercices African Lion 25, dirigés par les États-Unis. Ce déploiement s’inscrit dans une opération d’envergure, rassemblant plus de 10 000 militaires issus de quarante nations, dont sept membres de l’OTAN.
African Lion 2025, organisé par la Force opérationnelle sud-européenne des forces armées américaines en Afrique, s’étendra sur quatre territoires africains : Tunisie, Ghana, Sénégal et Maroc. Mais parmi ces hôtes, seul le Maroc ouvrira ses portes à l’armée israélienne, confirmant ainsi un virage stratégique opéré depuis la normalisation de ses relations diplomatiques avec Israël en 2020.
La participation de Tel-Aviv à cette édition serait la plus importante jamais enregistrée dans l’histoire de cet exercice. L’armée américaine a précisé que ce programme vise à développer une coordination multinationale dans divers domaines militaires – terrestre, maritime, aérien, spatial et cybernétique – pour renforcer la stabilité régionale et les capacités d’intervention face à des menaces transversales.
Le général Andrew C. Gainey, responsable de la Setaf-AF, a d’ailleurs souligné que cette édition représente le plus vaste exercice interarmées multinational conduit par Africom sur le continent africain. En plus de la Tunisie, où ont déjà été lancées les premières opérations en présence notamment de l’Égypte, de l’Espagne et du Nigeria, d’autres sessions auront lieu au Ghana, au Sénégal et bien sûr au Maroc.
Outre Israël et le Maroc, plusieurs pays européens et africains sont attendus sur le sol marocain : Hongrie, France, Royaume-Uni, Pays-Bas, Portugal, Cameroun, Cap-Vert, Djibouti, Gambie, Guinée-Bissau, Kenya, Nigeria et les États-Unis. L’exercice, à travers sa large participation, cherche à renforcer l’interopérabilité entre les partenaires militaires des États-Unis, tout en consolidant leurs dispositifs de réaction dans un contexte opérationnel complexe.
Parallèlement à ces préparatifs, Washington a approuvé une vente d’armement à grande échelle en faveur du Maroc. Un total de 600 missiles sol-air FIM-92K Stinger Block I, accompagnés de services techniques, de soutien logistique et de formations, sera livré pour un montant estimé à 825 millions de dollars. Cette décision, officialisée par l’Agence américaine de coopération pour la sécurité et la défense, s’inscrit dans une volonté de renforcer la défense à courte portée du Maroc et de le positionner comme un allié stratégique non-membre de l’OTAN en Afrique du Nord.
Washington justifie cette transaction en soulignant le rôle du Maroc dans la stabilité régionale, tout en insistant sur le fait que cette acquisition ne modifiera pas fondamentalement l’équilibre militaire régional. L’armée marocaine devrait ainsi améliorer ses capacités en matière de modernisation technologique et de compatibilité avec ses alliés occidentaux.
Ce rapprochement militaire entre Rabat et Tel-Aviv ne se limite pas aux exercices conjoints. En juillet 2024, un accord estimé à 1 milliard de dollars a été conclu avec Israel Aerospace Industries pour la fourniture de deux satellites de surveillance « Ofek 13 », destinés à remplacer des équipements actuellement fournis par Airbus. L’industrie israélienne a aussi fourni précédemment des systèmes de défense aérienne Barak pour une valeur de 540 millions de dollars, ainsi que des drones de reconnaissance de type Heron.
Selon le Stockholm International Peace Research Institute (Sipri), Israël se positionne aujourd’hui comme le troisième fournisseur d’armes du Maroc, représentant 11 % des importations militaires du Royaume. Ce chiffre illustre l’intensité croissante de la coopération entre les deux pays dans le domaine de la défense.
Pendant que plusieurs pays européens suspendent les ventes d’armement vers Israël en réaction à la situation dramatique à Ghaza, le port marocain de Tanger servirait, selon certaines sources, d’escale logistique à des navires chargés de munitions, d’armements et de ravitaillement à destination de Tel-Aviv.
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