Le chèque énergie face à un avenir incertain

chèque énergie

Le chèque énergie, ce dispositif mis en place en 2018 pour soutenir les ménages précaires dans le paiement de leurs factures énergétiques, pourrait subir d’importantes modifications dès 2025. Le 21 janvier dernier, le Sénat a adopté un amendement au projet de loi de finances qui pourrait bouleverser à la fois son mode d’attribution et son montant. Si la mesure a suscité des débats, elle fait également l’objet de discussions complexes entre le gouvernement et les différents partis politiques.

Le chèque énergie a été introduit pour aider les foyers en difficulté à faire face à la hausse des prix de l’énergie. Jusqu’en 2023, les bénéficiaires étaient identifiés automatiquement grâce au paiement de la taxe d’habitation, une démarche simplifiée qui a permis à des millions de foyers de recevoir cette aide sans formalité supplémentaire. Cependant, la suppression de cette taxe a modifié les modalités de distribution du chèque-énergie. En 2024, les ménages n’étant plus soumis à la taxe d’habitation ont dû faire une demande active pour obtenir ce précieux chèque, une procédure qui n’a pas été sans difficultés.

La réforme de 2024 a introduit une plate-forme en ligne, chequeenergie.gouv.fr, où les foyers potentiellement éligibles pouvaient solliciter cette aide. Cependant, malgré l’existence de cette solution numérique, un grand nombre de foyers n’a pas fait la démarche, ne percevant pas l’importance du chèque-énergie ou n’ayant pas été informés de la possibilité d’en faire la demande. Selon des données rapportées par RMC, seulement 53 000 chèques ont été attribués via cette plateforme, soit un taux de recours de 5 % seulement parmi les nouveaux éligibles. Ce faible taux de réclamation a préoccupé le gouvernement, d’où l’adoption de l’amendement au projet de loi de finances pour 2025.

L’une des propositions majeures de l’amendement est de revenir à un système d’envoi automatique du chèque énergie. Cette mesure visera à éviter le non-recours à l’aide, qui pourrait devenir un problème récurrent si les démarches restent trop complexes pour certains ménages. Avec cette nouvelle procédure, il ne sera plus nécessaire pour les foyers éligibles de s’inscrire sur une plateforme ou d’accomplir d’autres démarches administratives : ils recevront directement leur aide sans aucune intervention de leur part, comme c’était le cas avant 2023. Cette simplification devrait aider à garantir que le plus grand nombre de foyers puisse bénéficier du chèque-énergie, en particulier ceux qui ne sont pas familiarisés avec les démarches en ligne ou ceux qui n’ont pas eu accès à l’information.

Cependant, si cette simplification devrait satisfaire les demandeurs d’aide, elle est loin d’être la seule modification envisagée. En parallèle, le gouvernement a exprimé son intention de réduire le montant global du chèque-énergie. Lors d’une interview sur BFMTV le 15 janvier 2025, la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a expliqué que cette réduction était justifiée par la baisse des tarifs de l’électricité, notamment en ce qui concerne le tarif réglementé. Si cette mesure est validée, le chèque-énergie pourrait perdre de son efficacité pour les ménages les plus vulnérables, dont les dépenses énergétiques continuent d’être un poids important malgré la baisse des prix de l’énergie.

La proposition de diminuer l’enveloppe allouée au chèque énergie suscite d’ores et déjà une vive opposition, notamment de la part des partis de gauche. Lors de l’examen du projet de loi au Sénat, l’élu écologiste Yannick Jadot a suggéré d’augmenter le budget du dispositif. Il a également proposé de relever le plafond d’éligibilité au niveau du SMIC, permettant ainsi à un plus grand nombre de foyers de bénéficier de cette aide cruciale. Le débat sur cette question se poursuivra dans les prochains mois, avec des discussions attendues lors de l’examen du budget à l’Assemblée nationale, prévu pour la semaine du 3 février 2025.

Les bénéficiaires du chèque-énergie sont actuellement les ménages dont le revenu de référence est inférieur à un plafond de 11 000 euros par unité de consommation, ce qui représente environ 20 % de la population, soit 5,6 millions de foyers. Le montant de l’aide varie en fonction du niveau de revenus et peut aller de 48 à 277 euros. Les foyers éligibles peuvent consulter leur éligibilité sur le site Service-public.fr, et la procédure est également détaillée sur chequeenergie.gouv.fr pour permettre à chaque ménage de vérifier son droit à l’aide.

L’avenir du chèque-énergie semble donc incertain, entre simplification administrative et réduction de son budget. Le gouvernement devra trouver un équilibre entre les besoins des foyers précaires et les impératifs budgétaires, tout en veillant à ce que ce dispositif essentiel continue de répondre efficacement aux enjeux énergétiques. L’année 2025 pourrait marquer un tournant pour ce programme, tant pour les bénéficiaires que pour les autorités publiques, qui devront naviguer entre la simplification des démarches et la question cruciale du financement du dispositif.

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