C’est au tribunal correctionnel du Havre que s’est noué le destin d’un homme de 29 ans, ressortissant algérien, arrivé en France à l’été 2020, et ce suite à son projet de mariage avec une Française de 55 ans. Vivant depuis dans l’irrégularité, il comparaissait pour avoir enfreint plusieurs obligations légales. Mais derrière cette audience, se dessinait une histoire bien plus complexe mêlant administration, sentiments et crainte du retour.
Face aux juges, l’intéressé ne nie rien, selon Le Courrier Cauchois, en affirmant : « Je n’ai pas respecté mes obligations, c’est vrai. » Assigné à résidence chez une femme havraise depuis le début de l’année 2023, il assure pourtant vivre une relation sincère avec elle. « J’aime cette femme », affirme-t-il à la barre, expliquant que leur mariage devait être célébré en novembre 2024, avant d’être reprogrammé fin avril 2025. Il ne cherche pas à dissimuler son refus de retourner en Algérie : « J’ai peur de rentrer », déclare-t-il avec insistance.
Le parquet et les forces de l’ordre ont cependant exprimé des doutes sur le mariage de l’Algérien avec la ressortissante française. Malgré son assignation à résidence, le prévenu s’absente à plusieurs reprises. Il dit tomber malade ou disparaît au moment des convocations pour l’organisation de son retour. L’autorité judiciaire s’interroge : est-ce un stratagème pour gagner du temps, ou les craintes sont-elles fondées ? L’homme tente de se justifier : « Je ne veux pas retourner en Algérie, j’ai refusé de faire l’armée et j’ai posté des choses sur les réseaux sociaux… là-bas, je risque des problèmes. » Il insiste néanmoins sur le caractère sentimental de sa situation. Pour lui, son histoire avec la femme qui l’héberge n’a rien d’un arrangement : « On veut se marier, on veut avoir un enfant ensemble. »
La substitut du procureur, lors de l’audience, ne cache pas son malaise face à cette affaire délicate : « On peut avoir l’impression d’être les juges des sentiments et se sentir mal à l’aise. » Mais les faits sont là, et ils nourrissent le doute. Les policiers, en se rendant au domicile de la femme, constatent que peu d’affaires personnelles du prévenu sont présentes. Il connaît mal les lieux et admet passer aussi du temps à Paris et en Bretagne, où il rend visite à des amis. Un autre élément trouble le dossier : la femme avait déjà entamé une procédure de mariage avec un autre Algérien en 2022, sans aboutissement.
Malgré ces soupçons, les deux intéressés affirment partager une réelle complicité. Ils possèdent des tatouages communs, ont présenté leurs familles respectives, et conservent de nombreuses photos ensemble. « Elle a plein de photos de nous deux sur son téléphone », explique le prévenu. « C’est sérieux entre nous, ce n’est pas pour les papiers. » La femme, de son côté, soutient fermement ce projet de vie à deux. Âgée de 55 ans, elle ne cache pas ses intentions : « On veut un enfant, on veut construire quelque chose ensemble. »
Après délibération, le tribunal relaxe le prévenu sur l’accusation de « tentative d’organisation de mariage aux seules fins d’obtenir un titre de séjour ». En revanche, pour les autres chefs d’accusation — maintien irrégulier sur le territoire, non-respect de l’assignation à résidence, soustraction à l’OQTF — il est reconnu coupable. Il écope de cinq mois de prison ferme, avec mandat de dépôt.
Ce verdict ne tranche pas seulement une question de légalité, mais soulève des interrogations plus vastes sur les frontières entre amour sincère et intérêt administratif. Il rappelle aussi, pour de nombreux étrangers vivant en France sans papiers, la complexité de mêler vie sentimentale et régularisation. « Ce n’est pas facile, je suis tombé amoureux ici », confiait-il, presque résigné. Une phrase qui résonne comme un cri d’attachement à une vie qu’il tente de préserver, même au risque de la prison.
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