Le mariage «insincère» d’un Maghrébin défraie la chronique en France

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Un événement survenu en France continue de faire couler beaucoup d’encre. Ce samedi, un mariage devrait être célébré à Bourg-lès-Valence, dans la Drôme, entre un Maghrébin d’origine tunisienne et une ressortissante française. Mais la maire de la commune, Marlène Mourier, a annoncé mercredi qu’elle refuserait de célébrer cette union, soupçonnée d’être un mariage de complaisance. Cette décision, bien que contestée par le parquet, a créé une onde de choc dans les institutions locales, alimentant un débat complexe autour du mariage, du statut des Maghrébins en situation irrégulière et des obligations légales des maires en France.

L’affaire remonte à début novembre 2024, lorsque le futur marié, un Maghrébin en situation irrégulière, s’est présenté en mairie avec sa compagne française pour déposer leur dossier de mariage. Lors d’un entretien préalable, il aurait déclaré qu’il souhaitait se marier « pour les papiers ». Ces propos ont immédiatement été rapportés par la maire au procureur de Valence. Pourtant, après analyse, le parquet a estimé que les éléments recueillis n’étaient pas suffisants pour démontrer l’insincérité du projet de mariage. En conséquence, le 4 février, il a exigé que la cérémonie soit maintenue, invoquant la liberté constitutionnelle de se marier en France.

Mardi soir, alors que la polémique enfle, le président Emmanuel Macron s’est exprimé sur TF1. Il a qualifié la situation de « complètement ubuesque » et a affirmé vouloir que le Parlement examine une proposition de loi interdisant à l’avenir le mariage d’étrangers en situation irrégulière, notamment lorsqu’il s’agit de Maghrébins installés illégalement en France. Selon lui, bien que le mariage soit une liberté fondamentale, les maires doivent être mieux protégés et disposer de moyens de contrôle renforcés lorsqu’ils soupçonnent une fraude.

Mercredi, lors d’une conférence de presse, Marlène Mourier a réitéré son refus de procéder à la cérémonie, malgré l’injonction du parquet. Elle affirme que, selon ses informations, ce Maghrébin a clairement exprimé l’intention d’utiliser le mariage pour régulariser sa présence en France. Elle considère qu’en célébrant ce mariage, elle deviendrait complice d’une instrumentalisation des institutions républicaines. Elle accuse également l’enquête policière d’avoir été « bâclée » ou même inexistante. Le procureur lui aurait fait savoir qu’en cas de refus, elle risquait des poursuites pénales, notamment jusqu’à cinq ans de prison et une peine d’inéligibilité.

La controverse ne porte donc pas uniquement sur ce mariage entre un Maghrébin et une Française, mais sur un affrontement juridique entre les représentants de l’État et les élus locaux. En France, un maire ne peut s’opposer à un mariage que s’il peut démontrer l’existence d’un mariage blanc ou frauduleux. Sans preuve tangible, le droit impose la célébration de l’union, même si elle implique un Maghrébin en situation irrégulière. Ce cadre juridique, jugé trop rigide par certains élus, pourrait évoluer à la suite de cette affaire très médiatisée.

Ce mariage, bien que non célébré samedi comme prévu, relance un débat sensible en France autour de la régularisation par l’union civile. Pour de nombreux Maghrébins vivant dans le pays, le mariage reste une démarche personnelle, mais cette affaire risque d’alimenter les suspicions autour de ces unions mixtes. La France, souvent confrontée à des polémiques sur les mariages entre ressortissants étrangers et citoyens français, voit ici ressurgir des tensions politiques et sociales que ce cas met brutalement en lumière.

La décision de Marlène Mourier, bien qu’elle s’expose à des sanctions, pourrait selon ses propres mots « libérer la parole d’autres maires » confrontés à des situations similaires. En attendant une possible réforme, le mariage entre ce Maghrébin et cette Française reste suspendu, et les débats sur la légitimité de certaines unions continuent d’agiter les sphères politiques et juridiques en France.