À Béchar, dans le sud-ouest de l’Algérie, la communauté scientifique internationale réunie à l’université Tahri Mohamed a levé la voix, d’une seule et même tonalité, pour dénoncer avec fermeté une action qualifiée d’agression contre les ressources hydriques partagées entre l’Algérie et le Maroc.
Vendredi, en marge de l’ouverture de la conférence internationale sur les ressources en eau et les changements environnementaux, des experts venus de divers pays ont exprimé leur profonde inquiétude face à une manœuvre jugée inacceptable du Maroc face à l’Algérie : la tentative du régime du Makhzen d’assécher les barrages algériens. Une action qui a été unanimement condamnée lors des premières interventions, jetant une lumière crue sur les tensions liées aux eaux transfrontalières dans la région. Dans les premières heures des travaux, les discussions se sont très vite recentrées sur ce dossier brûlant, considéré comme une atteinte directe au droit fondamental de tout citoyen à disposer d’une eau potable, en quantité et qualité suffisantes pour répondre à ses besoins vitaux. Cette situation, selon les participants, porte également préjudice à l’équilibre écologique des territoires concernés, dans un contexte déjà marqué par les effets visibles du changement climatique.
Le professeur Abderrahim Houiche, enseignant à l’Université de Tripoli en Libye et spécialiste reconnu de la gouvernance de l’eau, a accordé une déclaration au quotidien El Khabar, dans laquelle il a souligné l’importance stratégique de la gestion des ressources hydriques transfrontalières. D’après lui, « la gestion des eaux partagées entre plusieurs pays n’est pas seulement une question environnementale, elle touche directement à la sécurité hydrique, un pilier de la souveraineté nationale et de la stabilité régionale ». Il a également mis en garde contre les conséquences d’une gestion unilatérale ou hostile de ces ressources, appelant à l’adoption de mécanismes concertés entre les États riverains pour prévenir toute forme de conflit. « Il est indispensable », a-t-il ajouté, « de mettre en place des accords clairs, des stratégies communes, et des programmes de gestion rigoureux afin de permettre un partage équitable de ces eaux, qu’elles soient utilisées pour l’agriculture, la consommation humaine ou l’industrie ».
La conférence a aussi donné la parole à d’autres experts de renom, dont Fadwa Hamza, consultante en politiques de l’eau. Elle a tenu à rappeler que la problématique de l’accès à l’eau est aujourd’hui universelle, dans un monde confronté à des mutations climatiques rapides et à un stress hydrique grandissant. « L’eau concerne tout le monde », a-t-elle affirmé avec gravité, « et aucun pays, aussi stable soit-il, ne peut se permettre de détourner ou de manipuler les ressources partagées à son profit sans engendrer des tensions majeures ». Dans son intervention à El Khabar, en marge des débats, elle a insisté sur le fait que chaque individu doit pouvoir bénéficier d’un accès équitable à une eau saine. Elle a souligné que la gestion des ressources hydriques transfrontalières doit impérativement se faire dans un cadre multilatéral, basé sur le dialogue politique, la coopération scientifique et l’échange d’expertises. « Beaucoup de pays sont concernés par ce type de conflits hydriques, et seule une approche inclusive et raisonnée peut permettre d’éviter des situations de rupture irréversible entre les États », a-t-elle encore précisé.
Cette conférence internationale, au-delà de ses objectifs scientifiques initiaux, s’est donc rapidement transformée en tribune pour dénoncer une atteinte grave du Maroc à la souveraineté hydraulique de l’Algérie. Les déclarations des experts présents ont clairement ciblé les agissements du régime marocain, qui aurait tenté, selon des sources présentes à Béchar, de modifier le flux des eaux partagées afin d’assécher plusieurs retenues d’eau du côté algérien. Un acte perçu comme une provocation, mais aussi comme une violation des normes et conventions internationales en matière de gestion des ressources naturelles transfrontalières. Alors que les travaux de la conférence doivent se poursuivre, l’appel lancé depuis Béchar est clair : il faut cesser immédiatement toute instrumentalisation politique des ressources hydriques et œuvrer, par tous les moyens diplomatiques et scientifiques disponibles, à une gestion solidaire et responsable de cette ressource vitale pour les générations actuelles et futures.
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