Le Maroc vient de marquer un tournant stratégique en matière d’armement en choisissant Elbit Systems, un géant de la défense en Israël, au détriment de l’entreprise française KNDS. Ce choix, qui concerne la livraison de 36 canons automoteurs Atmos 2000, montre un éloignement progressif du royaume vis-à-vis de ses fournisseurs traditionnels. L’armée marocaine, qui utilisait jusqu’alors le système d’artillerie Caesar, a finalement décidé de s’en détourner, insatisfaite de son efficacité et du suivi technique proposé par la France.
Le contrat remporté par Elbit Systems s’inscrit dans un contexte où Rabat cherche à diversifier ses partenaires militaires. Depuis la normalisation des relations entre le Maroc et Israël, la coopération en matière de défense s’est intensifiée. Déjà en 2022, le royaume avait fait appel à Israel Aerospace Industries pour acquérir le système antimissile Barak MX, une transaction qui s’élevait à plus de 500 millions de dollars. Cette dynamique s’est poursuivie avec la commande de deux satellites de reconnaissance Ofek 13 en 2024, un contrat d’un milliard de dollars qui a écarté le géant européen Airbus.
Le revirement marocain ne repose pas uniquement sur une volonté de diversification. Depuis leur acquisition en 2020, les canons Caesar ont fait l’objet de plusieurs critiques au sein des Forces armées royales. Des problèmes techniques récurrents, des délais de maintenance jugés excessifs et un manque de réactivité de KNDS France ont pesé lourdement dans la balance. Selon plusieurs sources, Rabat aurait exprimé à plusieurs reprises son mécontentement quant à l’assistance fournie par le fabricant français, mais aucune amélioration notable n’a été constatée.
Elbit Systems a su saisir cette opportunité en proposant le système Atmos 2000, considéré comme plus mobile, adaptable et fiable. Conçu pour être monté sur des camions Tatra, ce canon automoteur offre une plus grande flexibilité sur le terrain, un critère essentiel pour l’armée marocaine qui cherche à renforcer ses capacités face aux menaces régionales. Ce choix confirme également l’intérêt croissant de Rabat pour les technologies israéliennes, jugées plus avancées et mieux adaptées aux besoins spécifiques des FAR.
L’échec de KNDS au Maroc représente un coup dur pour l’industrie de l’armement française. La perte de ce marché pourrait avoir des répercussions sur d’autres secteurs, notamment les contrats escomptés par Arquus, spécialiste des véhicules militaires, qui espérait sécuriser une vente en parallèle. Cette situation met en évidence un changement d’approche du royaume, qui privilégie désormais des fournisseurs capables d’offrir un accompagnement technique efficace et une réponse rapide aux besoins opérationnels.
Le contexte international a également joué un rôle dans cette décision. L’évolution des relations entre la France et le Maroc a connu des hauts et des bas ces dernières années. Malgré une tentative de rapprochement diplomatique en octobre 2024, certains différends persistent, notamment sur des questions économiques et migratoires. La France, longtemps considérée comme un allié incontournable du Maroc, voit ainsi son influence s’éroder au profit de nouvelles alliances, notamment avec Israël et les États-Unis.
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