Les dernières données démographiques publiées par l’INSEE pour l’année 2023 ont jeté une lumière nouvelle sur la composition de la population vivant en France, en particulier sur la question du nombre d’immigrés. Parmi les différentes origines représentées dans l’Hexagone, les Algériens occupent une place de premier plan. En croisant les pourcentages révélés par l’institut avec les chiffres totaux, il est désormais possible d’estimer de façon précise le nombre d’Algériens installés en France, et cela confirme leur position en tant que première diaspora étrangère du pays.
L’INSEE recense 7,3 millions d’immigrés en France en 2023, ce qui représente 10,7 % de la population totale. Ces immigrés incluent aussi bien ceux ayant acquis la nationalité française que ceux qui ne l’ont pas encore fait. Un tiers d’entre eux – soit 2,5 millions de personnes – ont été naturalisés, tandis que les autres conservent une nationalité étrangère. Par ailleurs, la population étrangère en France, qui englobe aussi les personnes nées en France mais de nationalité étrangère, atteint 5,6 millions de personnes, soit 8,2 % de l’ensemble des habitants du pays. En tout, on dénombre 8,9 millions de personnes nées à l’étranger vivant en France, équivalant à 13,1 % de la population française.
Parmi l’ensemble des immigrés vivant en France, 47,7 % sont nés en Afrique, et les Algériens représentent la part la plus importante de ce groupe. En effet, 12,2 % des immigrés recensés sont nés en Algérie. En faisant un simple calcul à partir du total des immigrés – soit 12,2 % de 7,3 millions – on obtient environ 890 600 personnes nées en Algérie vivant aujourd’hui en France. Ce chiffre concerne exclusivement les personnes nées en Algérie, qu’elles aient ou non la nationalité française. Il ne prend donc pas en compte les descendants d’immigrés algériens nés en France ni les binationaux dont le lieu de naissance n’est pas l’Algérie.
Cette estimation du nombre d’Algériens en France, centrée uniquement sur ceux nés en Algérie, permet de mesurer l’ampleur de cette présence. En croisant ces données avec les tendances migratoires observées ces dernières années, il apparaît que l’arrivée de ressortissants algériens sur le territoire français reste soutenue, bien qu’elle soit marquée par une certaine stabilité. En 2022, sur les 331 000 immigrés entrés en France, 6,4 % étaient originaires d’Algérie, soit environ 21 200 personnes supplémentaires. Ce flux s’inscrit dans une dynamique de reprise post-pandémique et dans un contexte géopolitique international où d’autres origines, notamment l’Ukraine, ont fortement augmenté leur présence parmi les nouveaux arrivants.
Il est également intéressant de noter que les Algériens forment, avec les Marocains et les Tunisiens, un groupe très structuré et historiquement ancré dans le paysage migratoire français. Ensemble, ils représentent une part très significative des immigrés africains vivant en France. En 2023, le Maroc arrive juste derrière l’Algérie avec 11,7 % des immigrés, suivi par la Tunisie avec 4,8 %. Ces chiffres confirment l’ancienneté des liens entre la France et le Maghreb, tant sur le plan historique qu’humain, et illustrent la forte contribution des ressortissants maghrébins, notamment algériens, à la diversité de la société française.
Le nombre d’Algériens en France ne cesse donc de croître, principalement en raison d’un solde migratoire globalement positif : pour trois immigrés qui entrent en France, un seul en sort. Cette tendance contribue à l’augmentation régulière du nombre d’immigrés algériens dans le pays. Si l’on remonte dans le temps, on observe que la part des immigrés dans la population française a plus que doublé depuis l’après-guerre. En 1946, ils représentaient 5 % de la population ; en 2023, cette proportion atteint 10,7 %. Ce phénomène s’explique notamment par la croissance des flux migratoires à partir des années 2000, mais aussi par l’installation durable de certaines communautés, dont les Algériens font clairement partie.
Les données sur le nombre d’Algériens vivant en France, et leur évolution dans le temps, mettent en évidence leur importance dans le tissu social et économique français. Ces immigrés ont participé à de nombreux secteurs d’activité, depuis l’industrie jusqu’aux services publics, et ont contribué à forger le visage multiculturel de la France d’aujourd’hui. Leur nombre continue d’évoluer, que ce soit par de nouvelles arrivées, par les regroupements familiaux, ou encore par les naissances de descendants sur le territoire français.
Il convient de rappeler que le nombre d’Algériens en France, en tant qu’indicateur statistique, repose ici uniquement sur les personnes nées en Algérie. Il ne reflète donc pas l’ensemble des personnes d’origine algérienne vivant en France, ce qui rend le poids réel de cette communauté encore plus significatif si l’on y inclut les enfants et petits-enfants d’immigrés, souvent de nationalité française. Par ailleurs, une partie des Algériens installés en France depuis longtemps sont aujourd’hui naturalisés, ce qui les sort mécaniquement des statistiques sur les étrangers, bien qu’ils conservent souvent un lien fort avec leur pays d’origine.
En définitive, le nombre d’Algériens en France, calculé à partir de la part de 12,2 % des 7,3 millions d’immigrés, confirme leur position en tête des nationalités étrangères présentes sur le territoire français. La France reste, aujourd’hui encore, le principal pays d’accueil des Algériens à l’étranger. Ce constat n’est pas seulement démographique : il reflète également des décennies d’échanges, d’histoire commune, de mobilité familiale, de liens économiques et de mémoire partagée. Dans un contexte où les questions migratoires occupent une place centrale dans les débats publics, ces chiffres viennent rappeler l’importance de regarder les données avec recul, méthode et précision, sans extrapoler au-delà de ce que disent les statistiques officielles.