Le président allemand demande à Tebboune de gracier Boualem Sansal

Boualem Sansal libéré France Algérie

L’affaire Boualem Sansal, écrivain et essayiste franco-algérien, continue de susciter une attention internationale croissante, au cœur d’une crise diplomatique majeure entre l’Algérie et plusieurs pays européens, dont la France et l’Allemagne. Depuis son arrestation à Alger le 16 novembre 2024, Sansal reste emprisonné, condamné en appel en juillet 2025 à cinq ans de réclusion pour des propos jugés sensibles par les autorités algériennes, notamment sur des questions territoriales liées à l’héritage de la colonisation.

Le 10 novembre 2025, le président allemand Frank-Walter Steinmeier a exprimé publiquement son souhait que l’écrivain soit gracié. Dans un communiqué, il a appelé son homologue algérien Abdelmadjid Tebboune à accomplir un « geste humanitaire », proposant même que Boualem Sansal soit transféré en Allemagne pour y recevoir des soins médicaux adaptés à son âge avancé et à son état de santé fragile. Steinmeier a souligné que cette initiative pourrait représenter « l’expression d’une attitude humanitaire et d’une vision politique à long terme », tout en rappelant les bonnes relations bilatérales entre l’Allemagne et l’Algérie.

Cette intervention allemande survient dans un contexte de tensions diplomatiques profondes. Depuis plus d’un an, les relations entre Paris et Alger se sont considérablement détériorées, marquées par des expulsions réciproques de fonctionnaires, le rappel des ambassadeurs et des restrictions concernant les visas diplomatiques. La France, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, a indiqué mener un « dialogue exigeant » avec Alger pour obtenir la libération de Sansal, sans toutefois détailler les démarches concrètes entreprises.

L’affaire a également suscité un débat public en Europe et en Algérie. Certains observateurs y voient un test de la diplomatie algérienne face à la pression étrangère et un moyen pour le pays de réaffirmer son autorité sur des questions jugées sensibles. D’autres y perçoivent un enjeu humanitaire et médical, mettant en avant le risque que représente l’emprisonnement prolongé pour la santé d’un homme âgé et fragilisé.

Les commentaires sur cette affaire reflètent la polarisation de l’opinion. Certains internautes européens et algériens jugent que la libération de Sansal serait un signal positif sur le respect des droits humains et le dialogue international, tandis que d’autres rappellent que la situation juridique de l’écrivain reste le résultat de décisions de justice nationales, insistant sur la souveraineté de l’Algérie.

Au-delà des frontières, cette affaire met en lumière le rôle de la diplomatie culturelle et intellectuelle. Boualem Sansal, par ses écrits et ses prises de position, symbolise pour certains la liberté d’expression et le débat sur l’histoire coloniale et les identités nationales. Pour d’autres, il s’agit simplement d’un citoyen ayant exprimé des opinions qui, selon la justice algérienne, dépassent les limites légales.

Le contexte politique algérien ajoute une complexité supplémentaire. Les autorités doivent composer avec un équilibre fragile entre pression internationale et maintien de leur position face à la population et aux forces politiques internes. La réaction d’Alger aux appels internationaux, qu’ils viennent de Berlin ou de Paris, sera observée attentivement, tant sur le plan diplomatique qu’en termes de droits humains.

L’affaire Sansal illustre également les limites du droit international face aux décisions souveraines d’un État. Même si des appels humanitaires sont lancés, il n’existe pas de mécanisme automatique garantissant la libération ou le transfert d’un détenu pour des raisons médicales ou diplomatiques. La diplomatie doit ici se déployer avec prudence et patience, entre dialogue discret et pression publique.

Alors que la communauté internationale suit de près cette affaire, l’avenir de Boualem Sansal reste incertain. Les prochains mois seront déterminants pour comprendre si les appels à la clémence auront un impact, ou si l’Algérie maintiendra sa décision initiale. Cette situation rappelle que les tensions entre souveraineté nationale, droits individuels et pressions internationales demeurent des enjeux majeurs de la diplomatie contemporaine.