Azzedine Dahmani, un Quimpérois d’origine algérienne, se retrouve dans une situation profondément frustrante. Sa mère, une retraitée de 68 ans vivant en Algérie, a vu sa demande de visa de court séjour pour venir passer des vacances en France refusé, auprès de ses enfants et petits-enfants. Pour cet homme de 46 ans, la décision est incompréhensible, voire injuste. Face à cette situation, il a décidé de saisir la justice, déterminé à obtenir ce qu’il considère être son droit légitime.
« Est-ce qu’en tant que Français, j’ai le droit d’inviter ma mère chez moi comme tout le monde ? » s’interroge Azzedine Dahmani, visiblement abattu. Arrivé en France il y a plus de vingt ans, ce père de famille s’est parfaitement intégré à la vie bretonne. Fonctionnaire territorial, propriétaire d’une maison et père d’une jeune étudiante en droit, il est aussi bénévole actif dans une association locale. Cependant, malgré cette réussite et son attachement à la France, il se sent aujourd’hui traité comme un « sous-citoyen », selon les termes de son avocat, Me Franck Buor, qui a donné des explications au média français Le Télégramme.
La cause de son indignation remonte à une demande de visa déposée par sa mère au consulat de France à Alger. Celle-ci, souhaitant passer quelques semaines à Quimper, avait rempli tous les documents nécessaires pour obtenir un visa de court séjour, valable pour un maximum de 90 jours. Toutefois, le 1er septembre, la demande a été rejetée. Un choc pour Azzedine Dahmani, d’autant plus que toutes les formalités semblaient en règle. « Ma mère a fourni tous les justificatifs. Il n’y avait aucune difficulté dans ce dossier », précise son avocat. La retraitée avait déjà séjourné en France en 2013, respectant scrupuleusement la durée de son visa. Selon Me Buors, « cela aurait dû être une simple formalité ».
Le refus devient encore plus inexplicable lorsque l’on examine la situation de la mère d’Azzedine Dahmani en Algérie. Elle y est propriétaire de son domicile, bénéficie d’une retraite, et a d’autres enfants sur place. « Elle n’a aucune intention de s’installer en France », insiste Me Buors, réfutant ainsi l’idée que son séjour pourrait cacher des intentions migratoires. Mais malgré ces preuves, le consulat a estimé que les « motivations communiquées pour justifier l’objet et les conditions du séjour envisagé » n’étaient pas fiables.
France : le visa refusé à sa mère, le binational choqué
Pour Azzedine Dahmani, la décision est aberrante. « C’est incompréhensible. On interdit à ma mère de venir voir sa famille. Elle est profondément choquée », raconte-t-il. Face à cette situation, il s’interroge sur les raisons réelles derrière ce refus. Selon son avocat, la décision pourrait être liée à des quotas visant à réduire les flux migratoires, en particulier pour certains pays. « Ces derniers temps, c’est de plus en plus difficile pour obtenir un visa, notamment pour des ressortissants algériens », explique Me Buors. Toutefois, pour Azzedine Dahmani, cela ne justifie en rien la décision. « Je ne demande pas de traitement de faveur. Je veux juste pouvoir voir ma mère », affirme-t-il.
Le sentiment de frustration d’Azzedine Dahmani est d’autant plus palpable qu’il se sent remis en question dans son identité. « Je suis ici depuis plus de vingt ans. Je travaille, je paie mes impôts, je suis bénévole. Mais parfois, je me demande si je suis vraiment considéré comme Français », confie-t-il. Pour cet homme qui a bâti sa vie en France, l’épreuve actuelle remet en cause des années d’intégration. « Si c’est comme ça, autant que j’aille demain à la préfecture rendre ma carte d’identité et reprendre ma carte de résident. Ce sera pareil », déclare-t-il avec amertume.
Malgré la longueur et la complexité de la procédure, Azzedine Dahmani est bien décidé à aller jusqu’au bout pour que sa mère puisse enfin obtenir son visa. « Je vais recourir à tous les moyens de droit possibles », promet-il. Cependant, Me Buors prévient : « Le processus peut être long, très long. Cela peut prendre plus de deux ans avant d’avoir une réponse ». Un délai qui en décourage plus d’un, mais pas Azzedine Dahmani. « Je suis prêt à me battre », conclut-il.
Derrière cette histoire personnelle se cache une réalité plus large, celle des difficultés croissantes rencontrées par les Algériens pour obtenir des visas pour la France. Mais pour Azzedine Dahmani, cette affaire est avant tout une question de famille, de droits et de dignité.
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