À l’approche du mois de Ramadan, une polémique a secoué le marché des fruits au Maroc, portant spécifiquement sur un produit central de cette période : les dattes algériennes. En effet, des commerçants marocains ont récemment organisé des manifestations pour dénoncer l’importation de ces dattes en provenance d’Algérie, incitant à leur boycott. Un phénomène qui ne se limite pas à une simple question commerciale, mais qui s’inscrit dans un contexte politique plus large, marqué par des tensions de longue date entre les deux pays voisins.
Le 18 janvier 2025, à Casablanca, la capitale économique du Maroc, des commerçants se sont rassemblés dans l’un des principaux marchés de la ville pour exprimer leur opposition à la vente des dattes algériennes. Munis de pancartes et scandant des slogans tels que « Le peuple marocain ne veut pas de dattes algériennes », ils ont mis en avant leur désir de soutenir la production locale et de promouvoir les produits du Maroc, notamment à l’approche du mois sacré de Ramadan, période où les dattes occupent une place essentielle dans les habitudes alimentaires.
Les manifestants soulignent l’importance de privilégier les dattes marocaines, qu’ils jugent de qualité supérieure et plus adaptées aux attentes des consommateurs locaux. Cette mobilisation contre les dattes algériennes est motivée par un double objectif : d’une part, renforcer l’industrie locale, d’autre part, répondre à une compétition jugée déloyale en raison de l’influence croissante des produits algériens sur le marché marocain.
L’impact de cette manifestation dépasse les simples frontières du marché des fruits et semble traduire une volonté de redéfinir les relations commerciales entre les deux pays voisins. Les dattes algériennes sont bien connues à l’international pour leur qualité exceptionnelle et leur douceur, et plusieurs types de dattes d’Algérie sont particulièrement prisés, notamment celles de la région de Biskra, réputées pour leur goût sucré et leur texture fondante. Cependant, cette popularité grandissante fait craindre aux producteurs marocains que leurs propres produits, souvent jugés moins compétitifs en termes de prix, soient éclipsés.
Une autre dimension de cette mobilisation réside dans les préoccupations économiques des commerçants marocains. Les dattes importées, y compris celles d’Algérie, sont souvent proposées à des prix plus attractifs, en raison de subventions gouvernementales ou de coûts de production plus faibles dans le pays d’origine. En conséquence, les dattes locales peinent parfois à rivaliser en termes de coût, ce qui nuit à la compétitivité des producteurs marocains. Ces derniers soulignent également les effets néfastes d’une concurrence étrangère qui, selon eux, pénalise leur activité et met en péril des emplois locaux.
Il convient de noter que cette situation est loin d’être nouvelle. Les tensions commerciales entre le Maroc et l’Algérie ont des racines profondes et remontent à plusieurs années, bien au-delà du seul secteur des dattes. Les divergences politiques, territoriales et économiques entre les deux nations ont alimenté un climat de méfiance et de rivalité, se traduisant souvent par des mesures restrictives dans divers secteurs, y compris l’agriculture.
Le boycott des dattes algériennes n’est cependant pas unanime au Maroc. Une partie de la population, y compris certains consommateurs et distributeurs, dénonce une approche protectionniste qui pourrait nuire à la diversité des produits disponibles sur le marché. De plus, ces derniers soulignent que les produits étrangers, y compris les dattes algériennes, font partie intégrante de l’économie mondiale et permettent aux consommateurs de bénéficier de produits variés, souvent à des prix plus compétitifs.
Face à ce climat tendu, le gouvernement marocain se retrouve dans une position délicate. D’un côté, il doit soutenir les producteurs locaux et préserver les emplois nationaux. De l’autre, il doit veiller à maintenir de bonnes relations commerciales avec l’Algérie, surtout dans un secteur où l’interdépendance est évidente, les deux pays étant des producteurs de dattes parmi les plus importants au monde.
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