« Les émigrés, plus civilisés que les locaux en Algérie »

Algérie touriste portugais voyage émigrés

Une vidéo publiée récemment sur les réseaux sociaux a suscité un vif débat en Algérie, mettant en lumière une question qui divise l’opinion publique : les émigrés seraient-ils réellement « plus civilisés » que les locaux ? Cette affirmation, portée par un restaurateur dans un coup de gueule capté sur son les réseaux sociaux, a enflammé les discussions en ligne. La scène en question montre deux tables laissées par des clients dans son établissement : l’une, occupée par des émigrés, est propre et rangée ; l’autre, utilisée par des locaux, est en désordre avec les assiettes et couverts éparpillés.

Dans la vidéo, le restaurateur souligne avec indignation la différence entre les deux comportements. « Comme vous voyez, la table des émigrés est bien propre. Ils ont nettoyé et rassemblé toutes les assiettes et tous les couverts, contrairement à celle des locaux, qui ont tout laissé sur la table sans rien toucher », s’exclame-t-il face à la caméra. Ces images, aussi simples soient-elles, ont immédiatement provoqué un torrent de réactions, divisant les internautes en deux camps bien distincts.

Pour certains, l’homme a raison. Les émigrés, souvent issus de la diaspora algérienne en Europe, auraient acquis un sens plus poussé des règles sociales et du respect des espaces partagés. Une partie de ces internautes estime que vivre dans des pays où l’ordre et le civisme sont des valeurs fondamentales pourrait influencer les habitudes au quotidien. « Cela ne m’étonne pas. En France ou ailleurs, ils ont appris à respecter les lieux publics, et cela se reflète lorsqu’ils reviennent ici en Algérie », commente une utilisatrice sous la vidéo. D’autres mettent en avant le contraste frappant entre la rigueur des systèmes occidentaux et le laisser-aller souvent observé dans certains comportements locaux.

D’un autre côté, de nombreux internautes n’ont pas tardé à contester cette conclusion. Pour eux, réduire le débat à une opposition entre locaux et émigrés est simpliste et injuste. La propreté ou l’attitude dans un restaurant ne seraient pas une question de statut migratoire, mais bien d’éducation et de valeurs inculquées dès le plus jeune âge. « Ce n’est pas parce qu’on est émigré qu’on est automatiquement civilisé. Il y a des personnes respectueuses partout, tout comme il y en a d’autres qui ne le sont pas, que ce soit en Algérie ou ailleurs », écrit un internaute en réponse à la polémique.

Certains vont plus loin, accusant le restaurateur de stigmatiser les locaux et de généraliser des comportements individuels. « Ce n’est pas une table qui peut représenter tout un peuple. Chacun agit selon son éducation personnelle, pas selon son lieu de résidence », argue un autre utilisateur. Ce débat met en lumière une problématique plus large concernant la perception des comportements sociaux en Algérie et la manière dont la diaspora est perçue par les locaux.

Pour certains analystes sociaux, ce type de controverses est révélateur de l’impact de l’immigration sur les mentalités. Les Algériens vivant à l’étranger, particulièrement en Europe, se retrouvent souvent à jongler entre deux cultures. En adoptant certains aspects de la vie occidentale, ils incarnent parfois une image idéalisée du civisme. Pourtant, cette perception peut s’avérer biaisée. L’idée que les émigrés soient systématiquement « plus civilisés » repose sur des stéréotypes qui ne tiennent pas toujours compte de la diversité des comportements au sein des deux groupes.

Le débat soulève aussi des questions sur la responsabilité collective en matière de propreté et de respect des lieux publics en Algérie. Beaucoup d’internautes estiment qu’il faut davantage sensibiliser les citoyens, qu’ils soient locaux ou émigrés, à l’importance de maintenir des espaces communs propres et accueillants. Certains suggèrent même que ce type de vidéo pourrait servir de rappel à tous, incitant à des comportements plus responsables.

Quoi qu’il en soit, la vidéo du restaurateur a ouvert un espace de discussion autour du civisme et des bonnes pratiques. Si elle a été source de désaccord, elle a également permis de mettre en lumière l’importance de l’éducation et du respect mutuel. Dans un contexte où les réseaux sociaux jouent un rôle de plus en plus central dans la diffusion des idées, de telles initiatives, bien que parfois maladroites, peuvent encourager une prise de conscience collective.

Ce débat, loin d’être clos, reflète les tensions et les incompréhensions qui peuvent exister entre les différentes composantes de la société algérienne. Qu’il s’agisse d’émigrés ou de locaux, le défi consiste désormais à dépasser les jugements hâtifs pour se concentrer sur ce qui unit, plutôt que sur ce qui divise.

Lire également :

Aéroport international d’Alger : « 99% des voyageurs ne savent pas que… »

Véhicules de moins de 3 ans en Algérie : ce qu’espère le gouvernement

C’est officiel, l’Algérie va lancer la production d’hélicoptères