Lors de sa visite à Tlemcen à l’occasion de la 3e édition du Salon de l’Ouest de la production et de l’exportation, le ministre algérien de la Jeunesse, Mustapha Hidaoui, a été interpellé par une jeune entrepreneuse en quête d’aides pour développer son activité dans la production d’huiles essentielles. L’échange, spontané et sincère, a mis en lumière un sujet sensible pour de nombreux entrepreneurs algériens : la compatibilité des prêts de l’État avec les principes de la finance islamique en Algérie.
Face à la réticence de la jeune femme, qui évoquait des convictions religieuses l’empêchant de recourir à des financements potentiellement usuriers, le ministre a tenu à être clair : « Les prêts octroyés par l’État en Algérie dans ce cadre sont Halal à 100 %. Le ministère des Affaires religieuses a pu confirmer ces dires. » Une déclaration qui se veut rassurante pour tous ceux qui, par souci de conformité avec leurs croyances, hésitaient encore à solliciter ces prêts.
L’Agence nationale de soutien et de développement de l’entrepreneuriat (NESDA) joue un rôle central dans la stratégie de soutien aux jeunes entrepreneurs en Algérie. Depuis l’été 2024, elle propose un dispositif de financement destiné aux jeunes ayant suivi une formation dans les centres de développement entrepreneurial. L’objectif est double : encourager l’esprit d’entreprise et stimuler l’économie nationale en facilitant l’accès aux fonds nécessaires à la création ou l’expansion des entreprises.
Les prêts accordés par la NESDA en Algérie se distinguent par leur conformité aux principes de la finance islamique. Contrairement aux systèmes bancaires conventionnels qui impliquent des intérêts, ces prêts fonctionnent sur la base de modèles alternatifs reconnus par la charia, tels que la Mourabaha ou le Moudaraba. Cette approche garantit aux bénéficiaires une aide financière sans contrevenir aux règles religieuses.
Pour prétendre à ces financements, les porteurs de projets doivent remplir certains critères. Ils doivent être âgés de 18 à 55 ans, posséder une qualification reconnue ou une formation attestée en entrepreneuriat. Ils doivent également contribuer personnellement à hauteur d’un pourcentage déterminé du financement total. Cette approche vise à impliquer activement les entrepreneurs dans le développement de leur projet.
L’inscription au programme NESDA se fait en ligne, via une plateforme intuitive. Après une première étape d’évaluation, les candidats remplissent un formulaire comprenant des informations personnelles et professionnelles, validant ainsi leur éligibilité. Une fois inscrits, ils bénéficient d’un accompagnement complet, incluant des conseils d’experts et des formations spécialisées.
Outre l’accès au financement, les bénéficiaires profitent d’avantages fiscaux tels que des exonérations d’impôts et des réductions sur les taxes douanières. Ces incitations permettent de créer un environnement favorable à la pérennité des entreprises naissantes. De plus, NESDA facilite la mise en relation avec des partenaires stratégiques et des investisseurs, renforçant ainsi les opportunités de croissance.
Les modalités de financement sont adaptées aux différentes capacités des entrepreneurs. Trois formules sont disponibles : l’auto-financement, où l’entrepreneur investit seul ; le co-financement, avec une contribution égale entre le porteur de projet et l’agence ; et le tri-financement, impliquant une répartition entre l’entrepreneur, NESDA et une banque partenaire. Ces options permettent une flexibilité selon les ressources et les ambitions de chaque porteur de projet.
L’annonce du ministre Mustapha Hidaoui sur la nature « Halal » de ces prêts est une réponse directe aux inquiétudes exprimées par de nombreux entrepreneurs. Cette démarche renforce la crédibilité de NESDA et encourage davantage de jeunes à franchir le pas de l’entrepreneuriat sans crainte de transgresser leurs principes religieux.
Ainsi, la stratégie de financement de l’État algérien via NESDA s’inscrit dans une dynamique de soutien à l’économie nationale en favorisant la création d’emplois et l’innovation. Avec ces garanties de conformité aux principes islamiques, ce programme pourrait marquer un tournant dans l’entrepreneuriat en Algérie, en attirant un plus grand nombre de porteurs de projets soucieux d’un financement éthique et accessible.
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