Les touristes algériens désertent la Tunisie : pourquoi ?

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La Tunisie observe ces derniers jours un phénomène surprenant : les touristes algériens, qui remplissaient habituellement les postes-frontières et les routes touristiques, semblent avoir disparu en cette fin d’année. Ce constat est particulièrement frappant dans les files d’attente aux points de passage entre l’Algérie et la Tunisie, qui sont restées désertes depuis la mi-décembre, alors qu’à peine quelques semaines auparavant, elles s’étendaient sur plusieurs kilomètres. Les touristes algériens, habitués à se rendre massivement en Tunisie pour les vacances d’hiver, sont désormais beaucoup plus rares, et cette baisse de fréquentation inquiète le secteur touristique tunisien.

Les raisons de ce retrait soudain des touristes algériens vers la Tunisie sont directement liées aux récentes décisions des autorités financières algériennes. La Banque d’Algérie a publié une instruction stricte sur le droit de change, limitant l’allocation touristique disponible pour les voyageurs. Cette mesure, combinée aux poursuites judiciaires contre les fraudeurs et certaines agences de voyages, a fortement réduit les départs des touristes algériens vers la Tunisie. Là où des files interminables se formaient encore début décembre, les postes-frontières comme Oum Teboul et El Ayoune sont désormais presque vides. Le contraste est frappant : les touristes algériens qui se rendaient en Tunisie sont absents, alors que ceux qui reviennent du pays voisin continuent de franchir la frontière dans l’autre sens.

Une vidéo postée sur YouTube le 22 décembre montre clairement cette baisse. Le poste frontalier d’Oum Teboul, dans la wilaya d’El Tarf, autrefois très fréquenté, ne comptait plus que deux ou trois véhicules. Le calme qui règne contraste avec les affluences record observées quelques semaines plus tôt. Selon le témoignage de l’auteur de la vidéo, cette situation est la conséquence directe des nouvelles restrictions de la Banque d’Algérie sur l’allocation touristique. Sur les réseaux sociaux, la tendance est confirmée : les pages Facebook locales indiquent que, le 23 décembre, les files aux postes frontaliers côté Algérie restent quasi vides, tandis que le côté tunisien est submergé par les retours des touristes algériens.

Du côté tunisien, la situation est inverse. Le poste frontalier de Melloula connaît encore une forte pression, avec de longues files d’attente pour les Algériens qui reviennent de leurs séjours en Tunisie. Les postes de Melloula et Babouche enregistrent également une densité notable, provoquant des retards dans les formalités de passage. Cette situation montre que les touristes algériens qui ont réussi à se rendre en Tunisie continuent de rentrer en masse, mais que très peu partent désormais pour le pays voisin.

Ce retrait soudain des touristes algériens survient pourtant au moment des vacances scolaires d’hiver, une période qui attire habituellement un grand nombre de visiteurs algériens en Tunisie. Les professionnels du tourisme tunisien observent avec inquiétude cette baisse d’affluence, d’autant plus qu’elle coïncide avec la prolifération de tentatives de détournement de l’allocation touristique. Des faux voyageurs ont en effet tenté de profiter de l’allocation de 750 dollars, ce qui a conduit à un durcissement des conditions d’octroi et a fortement freiné les départs légitimes des touristes algériens vers la Tunisie.

En somme, la Tunisie connaît actuellement un phénomène inédit : les touristes algériens désertent le pays malgré la saison touristique qui bat son plein. Les postes-frontières côté Algérie sont vides, tandis que le côté tunisien continue de gérer les retours des visiteurs. La combinaison des restrictions sur l’allocation touristique, des poursuites judiciaires et de la prévention des fraudes a créé une situation inédite, qui risque d’impacter le secteur touristique tunisien si cette tendance se maintient. Les touristes algériens, qui avaient l’habitude de remplir les hôtels, restaurants et stations balnéaires tunisiennes à cette période, se font désormais beaucoup plus rares, marquant une rupture nette avec les habitudes de fin d’année et un tournant significatif pour le tourisme transfrontalier entre l’Algérie et la Tunisie.