Le marché noir des devises en Algérie connaît actuellement un bouleversement de taille, avec une chute marquante de la valeur de l’euro face au dinar algérien, et ce après une hausse juste avant le Ramadan. Ce phénomène a capté l’attention des économistes et des observateurs financiers, qui cherchent à comprendre les facteurs sous-jacents de cette évolution. Ce samedi 1er mars 2025, soit le premier jour du Ramadan 2025, au Square Port-Saïd d’Alger, principal centre de change informel du pays, l’euro a connu une baisse importante, tombant en dessous de la barre symbolique des 250 dinars. Le taux de change a atteint 248 dinars à l’achat et 251 dinars à la vente, un déclin qui marque une inflexion dans le paysage monétaire algérien.
Cette chute de l’euro sur le marché parallèle est d’autant plus remarquable qu’elle s’accompagne d’une tendance similaire pour d’autres devises étrangères. Le dollar américain, traditionnellement perçu comme une valeur refuge sur les marchés mondiaux, a également vu sa valeur diminuer, bien qu’il demeure relativement stable par rapport à l’euro. Actuellement, le dollar se négocie à 240 dinars à l’achat et 244 dinars à la vente, enregistrant une pression à la baisse au niveau du Square d’Alger. De son côté, la livre sterling reste stable, mais à un niveau relativement élevé, se fixant autour de 300 dinars à l’achat et 305 dinars à la vente.
Baisse de l’euro face au dinar algérien : quel impact ?
La fluctuation des devises sur le marché parallèle, notamment au Square d’Alger, serait notamment due à la baisse de la demande des devises, dont l’euro, sur le marché noir des devises. Elle a un impact immédiat et tangible sur l’économie algérienne, tant pour les citoyens que pour les entreprises locales. Les Algériens qui dépendent des devises étrangères pour financer leurs achats en ligne, leurs voyages à l’étranger ou leurs investissements se trouvent confrontés à une instabilité qui rend les prévisions économiques difficiles. Les entreprises, en particulier celles impliquées dans des transactions internationales, doivent jongler avec des coûts de revient qui fluctuent constamment, ce qui nuit à leur compétitivité et à leur capacité de planification à long terme.
Il est intéressant de noter que cette dynamique du marché parallèle, y compris au Square Port-Saïd d’Alger, se situe en forte contradiction avec les taux de change officiels, fixés par la Banque d’Algérie. Actuellement, l’euro s’échange à 141,36 dinars, le dollar à 134,77 dinars et la livre sterling à 170,88 dinars sur le marché officiel. Ce fossé énorme entre les taux de change officiels et informels alimente une série de comportements spéculatifs et complique davantage la gestion des devises. Les Algériens, confrontés à des taux officiels largement désavantageux par rapport à ceux du marché parallèle, sont de plus en plus nombreux à se tourner vers le marché informel pour obtenir des devises à un taux plus favorable.
Cette situation n’est pas nouvelle pour l’Algérie. Depuis plusieurs années, le marché noir des devises prospère, alimenté par la différence de taux entre le marché officiel et le marché parallèle. Cette divergence rend les devises étrangères bien plus accessibles et compétitives sur le marché informel que sur les circuits bancaires officiels. Pourtant, recourir au marché noir comporte des risques considérables, notamment en matière de sécurité et de fiabilité. De plus, pour les entreprises locales, la dépendance à ces marchés non réglementés ajoute une couche de complexité supplémentaire à leurs opérations commerciales et financières.
Face à cette réalité, les autorités algériennes tentent de maintenir une certaine stabilité du dinar en réajustant régulièrement les politiques monétaires, mais elles sont confrontées à une pression constante du marché parallèle. Le fossé entre les taux officiels et informels engendre une spirale spéculative qui complique la gestion des devises et rend difficile le contrôle des flux financiers à travers le pays. Cette situation renforce également les pratiques de contournement des régulations existantes, ce qui contribue à l’augmentation de l’informalité dans l’économie nationale.
Les autorités algériennes, conscientes de cette dynamique complexe, tentent de moderniser le secteur des changes en instaurant des réformes pour encourager l’utilisation des canaux officiels. Cependant, la résistance persistante du marché noir et la méfiance de certains acteurs économiques vis-à-vis du système bancaire restent des obstacles majeurs. L’introduction de mesures telles que la révision des allocations en devises pour les voyageurs ou encore la facilitation des échanges via les guichets de la Banque d’Algérie témoignent d’une volonté de réguler le marché des changes.
Ce décalage entre les taux de change officiels et parallèles de l’euro face au dinar algérien représente donc un défi de taille pour l’économie algérienne, et ce changement de dynamique du marché des devises, avec la chute de l’euro au Square Port-Saïd, ne fait qu’accentuer cette incertitude économique.
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