L’Algérie a récemment pris une décision majeure en portant l’allocation touristique à 750 euros pour les adultes et 300 euros pour les mineurs. Cette mesure, qui intervient dans un contexte de forte disparité entre le taux de change officiel et le marché parallèle, vise à réduire la dépendance au marché noir des devises et à améliorer la régulation du marché des changes. Toutefois, son application suscite des interrogations profondes sur son impact économique et sa viabilité à long terme.
Le député Abdelouahab Yagoubi, représentant des Algériens de France, a rapidement réagi à cette annonce, mettant en avant plusieurs défis macroéconomiques et institutionnels. Selon lui, cette hausse pourrait engendrer un coût annuel considérable pour l’Algérie : « L’application de cette mesure coûtera entre 5 et 7 milliards de dollars par an aux réserves de change du pays ». Il souligne que ce poids financier « soulève des interrogations sérieuses quant à sa viabilité à long terme ».
L’un des enjeux majeurs réside dans l’écart significatif entre le taux de change officiel et celui du marché parallèle. Actuellement, un euro s’échange autour de 250 dinars sur le marché informel, alors que le taux officiel plafonne à environ 140 dinars. Des rumeurs font état du fait que le taux de change de l’euro dans les bureaux de change officiel qui seront incessamment ouverts en Algérie serait égal à celui appliqué par la banque d’Algérie, à savoir 1 euro contre 140 dinars.
Le député estime que cette allocation touristique pourrait avoir un effet limité si elle n’est pas accompagnée d’une réforme plus profonde : « Sans un ajustement structurel du marché des changes, cette mesure risque de n’être qu’un palliatif temporaire, sans effet durable sur la stabilité financière du pays ». Il insiste sur la nécessité de mettre en place « un taux de change plus réaliste » qui refléterait mieux les dynamiques du marché et éviterait les distorsions actuelles.
Un autre point soulevé concerne la mise en œuvre de cette mesure. Un contrôle strict devra être mis en place pour éviter les abus et prévenir la fraude. Yagoubi met en garde contre les risques d’arbitrage monétaire : « Si aucun dispositif efficace n’est adopté, nous risquons de voir cette allocation se transformer en un moyen supplémentaire d’alimenter le marché noir des devises ».
D’un point de vue économique, plusieurs experts plaident pour une réforme plus globale du marché des devises en Algérie. L’objectif serait de rendre le taux de change officiel plus en phase avec la réalité du marché, afin de réduire la spéculation et d’atténuer la pression sur les réserves de change. Une politique de change plus flexible, combinée à une régulation rigoureuse du marché des devises, pourrait progressivement aligner l’offre et la demande sans nécessiter d’interventions coûteuses et répétées de l’État.
Certains analystes voient dans cette augmentation une tentative de préserver le pouvoir d’achat des Algériens voyageant à l’étranger. En leur permettant d’accéder à des devises à un taux plus favorable, les autorités espèrent limiter l’attrait du marché parallèle. Toutefois, son impact réel sur le quotidien des citoyens reste incertain. Si cette mesure parvient à réduire l’écart entre le taux officiel et le marché noir, elle pourrait stabiliser progressivement le marché des changes. Mais sans réforme structurelle, elle risque de n’être qu’une solution temporaire.
Yagoubi conclut en appelant à une réforme en profondeur : « Nous devons adopter une politique de change plus cohérente, qui garantisse une transition vers un marché des devises plus stable et plus transparent ». Il estime que l’Algérie doit s’engager dans une démarche qui « intègre durablement les devises dans le circuit bancaire officiel et élimine progressivement la prédominance des échanges informels ».
L’évolution de cette réforme dans les prochains mois sera suivie de près. Son efficacité dépendra de sa mise en œuvre, des ajustements qui seront apportés et de son impact sur les réserves de change. L’Algérie est face à un dilemme : maintenir cette allocation touristique pour soulager les voyageurs et limiter la spéculation monétaire ou réformer en profondeur son marché des devises pour garantir une stabilité économique durable.
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