L’euro reprend de la hauteur face au dinar algérien sur le marché noir. Ces dernières semaines, des fluctuations marquées ont secoué le marché parallèle des devises en Algérie, où l’euro, après une baisse notable, semble désormais repartir à la hausse, en dépit des politiques officielles mises en place par les autorités monétaires du pays. La dynamique du marché noir des devises, bien que bien ancrée dans le quotidien économique algérien, demeure marquée par une volatilité continue, alimentée par des facteurs internes et externes.
Le 28 décembre 2024, l’euro a enregistré une remontée spectaculaire sur le marché noir face au dinar « DZD », atteignant 244 dinars à l’achat et 248 dinars à la vente. Cette hausse a été de courte durée, car le lendemain, le taux est redescendu à 242 dinars à l’achat et 246 dinars à la vente. Cependant, la tendance a repris de plus belle, et le 31 décembre, l’euro se négociait à nouveau à 244 dinars à l’achat et 248 dinars à la vente. Cette dynamique incertaine sur le marché noir contraste nettement avec la stabilité du taux officiel fixé par la Banque d’Algérie, où l’euro est maintenu à un taux de 140,91 dinars à l’achat et 140,94 dinars à la vente. Cette divergence croissante entre les taux officiel et parallèle est le reflet des pressions économiques subissant le dinar algérien.
La volatilité observée sur le marché noir des devises serait en partie due à une période de temporisation. Les cambistes, acteurs incontournables de cette économie informelle, attendent de voir comment la situation évolue, incertains des prochains mouvements des devises. De même, les citoyens algériens, souvent détenteurs d’euros, hésitent à vendre leurs devises, redoutant une perte en cas de nouvelle chute du taux. Les attentes autour de l’augmentation de l’allocation touristique, prévue pour janvier 2025, ont également alimenté ces fluctuations. En effet, cette réforme, qui prévoit une augmentation substantielle de l’allocation touristique de 100 à 750 euros, a créé un afflux de demande pour l’euro, exacerbant les variations sur le marché noir. Les voyageurs algériens, désormais inquiets de l’impact de cette décision sur le taux de change, cherchent à s’assurer les devises nécessaires avant l’entrée en vigueur de cette mesure.
En parallèle, d’autres devises fortes connaissent aussi des changements notables. Le dollar américain, par exemple, subit une légère baisse, avec un taux actuellement à 231 dinars à l’achat et 234 dinars à la vente. La livre sterling, quant à elle, reste l’une des devises les plus chères sur le marché parallèle, malgré une baisse récente, se négociant à 283 dinars à l’achat et 290 dinars à la vente. Le dollar canadien oscille entre 158 dinars à l’achat et 162 dinars à la vente. Ces variations affectent directement la vie des Algériens, notamment en ce qui concerne les transactions quotidiennes et les dépenses à l’étranger.
Les répercussions de cette instabilité sont multiples. Pour les citoyens, en particulier les voyageurs et les épargnants, les fluctuations rendent les conversions de devises imprévisibles et risquées. Les voyageurs peuvent se retrouver à payer beaucoup plus cher pour leur argent de poche ou leurs frais de voyage, tandis que ceux qui ont choisi de conserver leur épargne en devises voient la valeur de leurs réserves fluctuer. Cette situation génère une incertitude importante et perturbe les habitudes financières des Algériens. Les entrepreneurs et les importateurs, confrontés à des coûts d’importation élevés dus à l’écart entre le taux officiel et le taux du marché noir, peinent à maintenir leur rentabilité, ce qui augmente la pression économique sur le pays.
Le rôle du marché noir, particulièrement à Alger, et plus précisément au Square Port Said, est crucial dans cette dynamique. Ce lieu, véritable centre névralgique du change informel en Algérie, influence de manière décisive les tendances observées dans d’autres régions du pays. Les taux pratiqués ici servent de baromètre pour la majorité des Algériens, bien que des variations locales puissent exister. Le Square Port Said est ainsi devenu un indicateur des flux monétaires et des attentes concernant les devises étrangères, notamment l’euro.
Dans ce contexte complexe, la question de la stabilité du dinar et de l’euro en Algérie continue de susciter de vives préoccupations. Alors que les autorités cherchent à maintenir un contrôle strict sur les taux de change officiels, la persistance et la hausse des transactions sur le marché parallèle témoignent de la pression exercée sur le dinar algérien. Le contraste entre ces deux marchés demeure un défi majeur pour l’économie du pays, marquée par une instabilité économique difficile à résoudre. L’évolution future de l’euro face au dinar sur le marché noir pourrait bien dépendre des décisions économiques prises par le gouvernement et des facteurs extérieurs qui influencent la demande pour les devises étrangères en Algérie.
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