L’histoire fascinante de Belgacem Haba, l’Algérien aux 1 600 brevets

Belgacem HABA

Dans les couloirs feutrés des plus grands laboratoires technologiques du monde, un nom revient souvent, parfois avec étonnement, souvent avec respect : Belgacem Haba. Ce chercheur algérien, que beaucoup surnomment « l’homme aux mille brevets », est à l’origine de plus de 1 600 dépôts d’invention à travers la planète. Pourtant, Belgacem Haba n’est pas né dans la Silicon Valley, mais à El M’Ghair, un petit village du sud de l’Algérie, sans électricité à l’époque. L’histoire de Belgacem Haba, marquée par 1 600 brevets et un parcours hors du commun, commence loin des laboratoires sophistiqués de Californie, dans une région aride où la réussite scolaire était déjà un exploit.

Né en 1957, Belgacem Haba grandit dans une Algérie post-indépendance encore en construction. Son environnement modeste n’a pas freiné son ambition. Encouragé par l’élan nationaliste d’une époque qui rêvait de progrès, il gravit les échelons d’un système éducatif fragile, du primaire dans son village au lycée Émir Abdelkader de Touggourt, puis à l’Université de Bab-Ezzouar à Alger, où il se spécialise en mathématiques. Belgacem Haba, dont le nom est désormais associé à plus de 1 600 brevets, n’a jamais envisagé l’échec comme une option.

Une bourse d’État le mène aux États-Unis, sans parler un mot d’anglais. Il étudie à Stanford, où il obtient un diplôme en physique appliquée, un autre en science des matériaux, et un doctorat en énergie solaire. Une trilogie scientifique qui l’ouvre aux applications concrètes de la technologie, et qui propulse Belgacem Haba au sein des plus grandes entreprises américaines. Il commence chez IBM, puis enseigne brièvement à Biskra en Algérie, avant de fuir la décennie noire. Il s’installe alors au Japon, où il rejoint les laboratoires NEC. Belgacem Haba y affine sa connaissance des semi-conducteurs, accumulant déjà des brevets qui, plus tard, alimenteront les technologies de demain.

En 1996, retour aux États-Unis. Belgacem Haba intègre Xperi, où son travail va transformer l’industrie mobile. À une époque où les téléphones pesaient trois kilos et se transportaient difficilement, il imagine un système de miniaturisation radical. Avec un groupe d’ingénieurs et un budget de 30 millions de dollars, il développe un packaging de puces électroniques révolutionnaire. Le principe paraît simple : coller la puce directement à son support pour gagner en place. Mais l’impact est immense. Grâce à cette idée, chaque téléphone portable moderne, chaque caméra miniature, chaque carte mémoire contient un peu de l’ingéniosité de Belgacem Haba. La France, la Corée, l’Allemagne ou le Japon : tous les brevets déposés dans ces pays témoignent de l’influence de Belgacem Haba.

Après avoir fondé sa propre entreprise, SiliconPipe, vendue ensuite à Samsung, il travaille chez Rambus, puis retourne chez Xperi. Il contribue à équiper les puces mémoires, les caméras de smartphones, les consoles PlayStation 2 et 3. En 2013, Google lui propose un poste prestigieux. Il décline. Fidèle à son instinct, il préfère poursuivre ses recherches dans des structures plus agiles. Aujourd’hui encore, il vit en Californie, loin des projecteurs, loin des yachts et des bourses en crypto. Il continue d’inventer. Avec plus de 1 600 brevets déposés à l’international, Belgacem Haba reste l’un des cerveaux les plus prolifiques de la planète.

Mais son influence dépasse la seule sphère de la haute technologie. En 2022, Belgacem Haba fonde le Numidia Institute of Technology, à Alger. Un établissement privé destiné à former la future génération algérienne aux métiers de l’intelligence artificielle, de la cybersécurité, du cloud. Un projet qui traduit sa volonté de revenir, au moins symboliquement, sur les terres qui l’ont vu naître. Dans un pays souvent gagné par le fatalisme, Belgacem Haba incarne un espoir tangible. Il n’est pas seulement celui qui a déposé 1 600 brevets ; il est celui qui prouve que, depuis l’Algérie, on peut avoir une voix qui résonne dans les labos de la Silicon Valley.

Alors que son nom est encore peu connu du grand public, dans les cercles de l’innovation, Belgacem Haba est un modèle. L’homme aux 1 600 brevets n’a pas construit une fortune tapageuse, mais un héritage scientifique durable. Et pour beaucoup de jeunes en Algérie, son nom représente bien plus qu’un palmarès : il est une réponse vivante à la question que se posent des millions d’esprits brillants en exil ou en attente d’opportunité. Peut-on réussir en venant de loin ? L’histoire de Belgacem Haba répond : oui, et bien plus encore.