Libération de Boualem Sansal : Macron fait une annonce inattendue

Boualem Sansal libéré France Algérie

Le climat diplomatique entre Paris et Alger connaît un nouveau tournant inattendu, impulsé par une déclaration d’Emmanuel Macron qui a surpris autant qu’elle a suscité l’espoir. Lors de sa visite au Festival du Livre à Paris, le président français a déclaré être « confiant » quant à une issue favorable dans l’affaire Boualem Sansal, l’écrivain franco-algérien de 75 ans incarcéré depuis novembre dernier en Algérie. Condamné à cinq ans de prison ferme pour des propos jugés attentatoires à l’intégrité territoriale algérienne, l’auteur est devenu un symbole de crispation politique entre deux pays aux liens complexes.

Interrogé par la presse après avoir visité le stand du Maroc, pays invité d’honneur cette année, Emmanuel Macron n’a pas éludé le sujet. « Je suis confiant », a-t-il affirmé, avant d’ajouter : « Je sais qu’il y a une attention particulière ». Une phrase lourde de sens, qui laisse penser que des échanges ont lieu en coulisses entre Paris et Alger. En effet, le chef de l’État français a poursuivi en exprimant un souhait explicite : « Notre souhait le plus ardent, c’est que les autorités algériennes puissent prendre la décision qui lui permettra de recouvrer une certaine liberté, de se soigner et de pouvoir réécrire ». Des mots soigneusement choisis, qui illustrent la volonté de calmer le jeu tout en maintenant la pression.

L’affaire Sansal ne peut se lire sans prendre en compte le contexte géopolitique récent. En octobre dernier, l’écrivain avait accordé une interview au média français « Frontières », classé à l’extrême droite, dans laquelle il estimait que l’Algérie avait hérité, lors de la colonisation française, de terres historiquement marocaines. Une déclaration que les autorités algériennes n’ont pas laissé passer. Il a été arrêté mi-novembre, et le 27 mars, un tribunal l’a condamné à cinq ans de prison ferme pour atteinte à l’intégrité du territoire national. Il a fait appel, mais la situation est restée tendue depuis.

Cette arrestation est intervenue sur fond de tensions exacerbées entre la France et l’Algérie. Depuis juillet dernier, les relations diplomatiques ont été mises à rude épreuve après le soutien affiché de Paris à un plan d’autonomie sous souveraineté marocaine pour le Sahara occidental, une position qui va frontalement à l’encontre du soutien traditionnel d’Alger au Front Polisario. L’onde de choc s’est prolongée, avec notamment le refus d’Alger en début d’année 2025 d’accueillir plusieurs influenceurs algériens expulsés de France, une décision qui a alimenté les rancœurs.

Mais malgré cet enchaînement de crispations, un timide réchauffement est perceptible. Le 31 mars, Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune ont échangé au téléphone, posant les bases d’une reprise du dialogue bilatéral. Cette conversation, tenue dans un climat diplomatique tendu mais nécessaire, a permis de relancer une dynamique que beaucoup pensaient définitivement rompue. Dans la foulée, Jean-Noël Barrot, chef de la diplomatie française, s’est rendu à Alger pour entériner ce rapprochement. Il a alors parlé d’une « nouvelle phase » dans les relations franco-algériennes, un message accueilli avec prudence mais sans hostilité du côté algérien.

Dans ce contexte, la déclaration d’Emmanuel Macron ne semble pas être une simple prise de parole symbolique, mais plutôt une indication qu’un terrain d’entente discret est en train de se dessiner. L’affaire Boualem Sansal, au-delà de son aspect judiciaire, est devenue un levier diplomatique majeur, une sorte de baromètre émotionnel et politique de l’état des relations entre les deux rives de la Méditerranée.

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