L’informel désormais intégré dans le calcul du PIB en Algérie ?

Marché informel devises euro Algérie

En Algérie, l’informel, depuis longtemps perçu comme un obstacle au développement économique structuré, est désormais au cœur des préoccupations des autorités. Avec une part estimée à près de 45 % du PIB, ce secteur échappe largement aux régulations, privant l’État de ressources fiscales cruciales et créant une distorsion sur le marché officiel. Pour pallier ces défis, les pouvoirs publics ont décidé d’intégrer progressivement l’informel dans le calcul du Produit Intérieur Brut (PIB), une démarche qui s’inscrit dans une stratégie plus large visant à structurer et réguler l’économie nationale.

Les mesures récemment mises en œuvre visent à encadrer et à régulariser ce secteur afin de le faire participer pleinement à l’économie formelle. Parmi les initiatives phares, l’interdiction de l’utilisation de l’argent liquide pour certaines transactions, comme l’achat de biens immobiliers et de véhicules, est un pas significatif. Cette disposition, inscrite dans la Loi de Finances 2025, vise à limiter les pratiques informelles en obligeant les transactions importantes à passer par des canaux de paiement traçables, tels que les virements bancaires et les chèques. Cela permet de renforcer la transparence des flux financiers et de lutter efficacement contre l’évasion fiscale.

Parallèlement, les autorités algériennes mettent l’accent sur le développement et la généralisation des moyens de paiement électronique. L’introduction de DZ Mob Pay, un système de paiement par mobile, représente une avancée majeure. Ce dispositif facilitera les transactions numériques, réduisant ainsi la dépendance au cash et contribuant à l’inclusion financière. En complément, l’obligation pour les commerçants de s’équiper de Terminaux de Paiement Electronique (TPE) est une autre mesure qui vise à moderniser les pratiques commerciales, bien que la couverture actuelle reste insuffisante avec seulement 62 000 TPE en activité.

L’État ne se contente pas de réprimer les pratiques informelles, mais cherche également à inciter les acteurs de l’économie parallèle à rejoindre les circuits officiels. Des incitations fiscales, telles que des réductions d’impôts pour les nouveaux inscrits au registre du commerce, sont proposées. De plus, la diversification des produits bancaires, y compris la finance islamique, vise à attirer les épargnants réticents à utiliser les banques traditionnelles en raison de considérations religieuses.

Le marché boursier joue également un rôle dans cette stratégie d’intégration. La réussite de l’introduction en bourse du CPA (Crédit Populaire d’Algérie) a démontré l’intérêt du public pour les placements financiers sécurisés. En offrant des opportunités d’investissement attractives, la Bourse d’Alger peut capter une partie des fonds circulant dans l’informel, en les orientant vers des investissements productifs et transparents.

La mise en place de bureaux de change officiels est une autre initiative visant à réguler les flux de devises, un domaine où l’informel est particulièrement actif. Cela permettra non seulement de mieux contrôler les échanges monétaires, mais aussi de fournir aux citoyens des services légaux et sûrs pour leurs besoins en devises, notamment pour les voyages à l’étranger.

L’intégration de l’informel dans le calcul du PIB est une démarche ambitieuse qui nécessite une approche multidimensionnelle. Cette stratégie vise à élargir l’assiette fiscale, à mobiliser de nouvelles ressources financières, et à réduire la dépendance de l’économie algérienne aux revenus pétroliers. La Banque d’Algérie estime que près de 8200 milliards DA circulent hors du circuit bancaire officiel, ce qui représente environ 34 % de la masse monétaire. Ces fonds, s’ils étaient intégrés dans l’économie formelle, pourraient considérablement augmenter les recettes fiscales et contribuer à la stabilité financière du pays.

La transition vers une économie plus formelle et structurée est un défi de taille. Il s’agit d’un processus long et complexe qui nécessite la coopération de tous les acteurs économiques, des réformes législatives et institutionnelles, et une sensibilisation accrue des citoyens sur les avantages d’une économie formelle. L’intégration de l’informel dans le calcul du PIB permettra non seulement une meilleure évaluation de la richesse nationale, mais aussi une amélioration de l’environnement des affaires, rendant l’Algérie plus attractive pour les investisseurs nationaux et étrangers.

« La part de l’informel est estimée en Algérie à environ 45% du PIB et doit être intégrée effectivement dans l’évaluation de ce dernier. Il y a une méthode universelle des Nations unies, en l’occurrence le système de comptabilité nationale de 2008 qui fixe la méthodologie de l’évaluation de ce qui est qualifié d’économie non observée. », insiste l’expert Mohamed Achir.

Lire également :

Prélèvements surprises et bugs sur Baridimob : Algérie Poste fait une annonce importante

Influenceur expulsé par la France : l’Algérie explique pourquoi il a été refoulé

Un responsable français veut interdire Air Algérie en France