En France, une récente décision du ministère du Logement met en lumière une situation jugée profondément injuste pour de nombreux Algériens. Le bailleur social Rives de Seine Habitat, opérant en Île-de-France, a été sanctionné à hauteur de 1,8 million d’euros pour avoir attribué des logements à des ménages aux revenus trop élevés, au détriment des plus modestes, dont une partie importante est constituée d’Algériens vivant en France depuis plusieurs décennies. La sanction, révélée le 6 mai par l’AFP, vient confirmer les soupçons d’attributions biaisées et inégalitaires dans des zones urbaines sensibles, où l’accès au logement reste un combat quotidien pour une large frange de la population.
L’affaire prend une dimension particulière lorsque l’on apprend que, sur les 122 dossiers contrôlés à Puteaux, 81 logements ont été attribués à des foyers dépassant les plafonds de ressources, alors que des Algériens en attente depuis plusieurs années figuraient pourtant sur les listes prioritaires. Le système, censé garantir l’égalité d’accès au logement social en France, semble avoir failli à sa mission, et de nombreux Algériens se retrouvent lésés. Cette situation est d’autant plus préoccupante qu’en France, les Algériens représentent une part significative des demandeurs de logements sociaux, souvent confrontés à une précarité renforcée par des conditions de vie difficiles et un marché immobilier tendu.
L’Agence nationale de contrôle du logement social (Ancols), qui a procédé aux vérifications, a souligné de graves manquements. Les trois anciens offices HLM de Courbevoie, Levallois et Puteaux, aujourd’hui fusionnés au sein de Rives de Seine Habitat, n’ont pas respecté l’obligation légale d’attribuer au moins 25 % de leurs logements aux ménages les plus modestes. Parmi ces derniers figurent de nombreux Algériens en France, qui espéraient enfin accéder à un logement décent après des années d’attente. La promesse d’un toit devient ainsi un parcours d’obstacles pour ces Algériens, alors que d’autres, aux revenus bien plus élevés, ont bénéficié de logements pourtant destinés à une tout autre population.
Cette injustice résonne comme une gifle pour les familles algériennes concernées. « On nous dit que la France est un pays de droit, mais quand des Algériens attendent pendant des années et qu’on donne les logements à ceux qui n’en ont pas besoin, c’est une humiliation », déplore un père de famille habitant à Nanterre, qui dénonce une politique opaque et discriminatoire. D’autres témoignages similaires émergent, décrivant un sentiment d’abandon. Certains évoquent même un « deux poids, deux mesures » dans la gestion des logements sociaux, qui ne dit pas son nom.
La sanction financière infligée à Rives de Seine Habitat ne relève pas d’un simple dysfonctionnement ponctuel. Le ministère du Logement justifie ce montant par « la gravité et la récurrence des faits », en rappelant qu’un précédent épisode en 2016 avait déjà révélé des irrégularités majeures. À l’époque, l’OPH de Puteaux avait été épinglé pour de nombreuses fautes de gestion, mais le Conseil d’État avait annulé partiellement la sanction. Aujourd’hui, les Algériens touchés par cette nouvelle affaire espèrent que les autorités iront au bout de leurs engagements en assurant un meilleur contrôle et une redistribution plus équitable.
Du côté de Rives de Seine Habitat, le ton est à la contestation partielle. Dans son droit de réponse, l’office conteste plusieurs conclusions du rapport de l’Ancols, qualifiant certains constats de « caducs », tout en assurant avoir mis en place des « mesures correctives ». Pourtant, sur le terrain, les résultats tardent à se faire sentir pour les Algériens en quête de logements en France, confrontés aux lenteurs administratives, aux critères flous d’attribution et à une opacité persistante dans la gestion des dossiers.
En France, la question des logements sociaux demeure centrale dans les préoccupations des familles algériennes. Cette sanction record ne résout pas les difficultés quotidiennes, mais elle marque un signal fort. Elle révèle aussi les failles d’un système supposé protecteur, mais parfois perçu comme excluant. Pour les Algériens, cette affaire ne doit pas être qu’une simple ligne dans un rapport administratif, mais le début d’une remise à plat du processus d’attribution, afin que justice soit enfin rendue à ceux qui en ont le plus besoin.