Maintenance des avions Air Algérie : le SNTMA exprime son inquiétude

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L’annonce par Air Algérie de l’envoi d’une partie de sa flotte à l’étranger pour des opérations de maintenance lourde (Check C) a provoqué une onde de choc parmi les mécaniciens et ingénieurs de la compagnie. Dans un communiqué officiel, le Syndicat National des mécaniciens et ingénieurs de la Maintenance Aéronautique (SNTMA) a exprimé son inquiétude face à une décision jugée stratégique mais potentiellement lourde de conséquences pour l’avenir du secteur en Algérie.

Selon le SNTMA, cette externalisation intervient alors même qu’une grande partie des travaux de maintenance sera effectuée en amont sur le territoire national avant l’expédition des appareils. Une situation paradoxale qui soulève des interrogations sur la gestion des ressources et la vision à long terme d’Air Algérie. « Cette décision ne peut être réduite à une simple contrainte technique », insiste le syndicat, soulignant qu’il s’agit plutôt d’un choix de gestion qui pourrait fragiliser un secteur clé pour l’autonomie aéronautique du pays.

Une expertise nationale mise à mal

Depuis plusieurs décennies, les mécaniciens et ingénieurs d’Air Algérie ont acquis un savoir-faire précieux, fruit d’une expérience cumulée et d’une rigueur opérationnelle reconnue. Ils ont assuré avec succès la maintenance de la flotte, garantissant sécurité et fiabilité aux voyageurs. Or, le recours à des prestataires étrangers pour des opérations lourdes pourrait, selon le SNTMA, affaiblir cette expertise nationale et compromettre l’avenir de la maintenance aéronautique en Algérie.

Le syndicat met en avant plusieurs facteurs qui menacent aujourd’hui la souveraineté technique du pays :

  • Un exode des compétences : de nombreux techniciens et ingénieurs expérimentés quittent Air Algérie en raison de salaires peu attractifs et d’un manque de perspectives d’évolution.
  • Un sous-investissement chronique : les infrastructures et équipements destinés à la maintenance ne bénéficient pas des mises à niveau nécessaires pour répondre aux exigences actuelles du secteur aéronautique.
  • Des retards d’approvisionnement en pièces détachées : une difficulté qui ralentit les interventions et impacte la disponibilité des appareils.

Face à ces défis, le SNTMA alerte sur le risque de voir Air Algérie perdre progressivement sa capacité à assurer elle-même la maintenance de ses avions, un scénario qui pourrait mener à une dépendance accrue vis-à-vis d’opérateurs étrangers.

Un signal fort du PDG d’Air Algérie

Dans ce contexte, la décision du PDG d’Air Algérie de s’installer temporairement à la Division Maintenance et Réparation des Aéronefs (DMRA) a été accueillie avec un certain optimisme par le syndicat. Pour le SNTMA, cette démarche représente « une reconnaissance implicite de l’importance stratégique de la maintenance aéronautique et des défis auxquels elle fait face ».

En se rapprochant du terrain, la direction générale pourrait mieux appréhender les difficultés quotidiennes rencontrées par les équipes de maintenance et prendre conscience de l’urgence d’un plan de redressement. Mais le syndicat met en garde contre une simple démarche symbolique : « Toute réforme ne saurait aboutir si elle repose sur ceux qui ont contribué à la situation actuelle. »

Le SNTMA insiste sur le fait que les décisions prises aujourd’hui seront déterminantes pour l’avenir : « Soit cette période marque le début d’un redressement stratégique qui permettra à Air Algérie de retrouver sa pleine autonomie technique, soit elle sera une occasion manquée qui affaiblira davantage notre souveraineté en matière de maintenance. »

Des propositions pour un renouveau

Plutôt que de se limiter à une critique, le syndicat avance des solutions concrètes pour remettre la maintenance aéronautique sur de bons rails. Il plaide notamment pour :

  • Un plan d’investissement massif : moderniser les infrastructures et doter les ateliers de maintenance des équipements nécessaires pour réaliser l’ensemble des opérations sur le sol algérien.
  • Une revalorisation des carrières : améliorer les conditions salariales et offrir des perspectives d’évolution attractives pour retenir les talents et attirer les jeunes générations.
  • Une formation continue : mettre en place des programmes de formation de haut niveau pour renforcer les compétences des équipes et suivre les évolutions technologiques du secteur.
  • Un renouvellement des cadres dirigeants : éviter que la gestion de la maintenance soit confiée aux mêmes responsables qui ont contribué aux difficultés actuelles.

Le SNTMA se positionne ainsi comme un acteur de proposition, prêt à collaborer avec la direction pour restaurer la souveraineté technique d’Air Algérie.

Un enjeu national

Au-delà d’Air Algérie, c’est toute l’industrie aéronautique algérienne qui est concernée par cette problématique. Un pays qui ambitionne de développer son transport aérien ne peut se permettre de dépendre d’intervenants étrangers pour la maintenance de sa flotte.

« L’Algérie ne peut pas se permettre d’abandonner son expertise technique en aéronautique, alors qu’elle dispose de toutes les ressources humaines et foncières nécessaires pour garantir son autonomie », insiste le président du SNTMA, K. Moussoui.

La balle est désormais dans le camp des dirigeants d’Air Algérie. Entre le choix d’une externalisation accrue et celui d’une relance ambitieuse de la maintenance nationale, leur décision impactera durablement l’avenir du secteur aérien en Algérie.

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