Dans une décision qui a suscité un mélange de surprise et de scepticisme, la justice française a classé sans suite la plainte déposée par l’Algérie contre Sarah Knafo, eurodéputée du parti Reconquête!, suite à ses déclarations controversées concernant une prétendue aide financière de la France à l’Algérie. Cette décision, prise par le parquet de Paris, repose sur l’absence d’éléments constitutifs d’une infraction pénale, malgré le caractère factuellement incorrect des propos de l’eurodéputée.
Le 25 septembre, l’Algérie a réagi aux déclarations de Knafo en déposant une plainte pour diffusion de fausses informations. Dans une interview diffusée sur RMC, Knafo avait avancé que la France versait annuellement « 800 millions d’euros » à l’Algérie pour l’aide au développement. Ces propos ont immédiatement enflammé les réseaux sociaux et provoqué un débat houleux sur les relations franco-algériennes. Cependant, deux jours plus tard, le parquet a décidé de classer l’affaire, estimant que la déclaration, bien qu’inexacte, ne constituait pas une infraction au regard du droit français.
Les autorités judiciaires ont précisé que pour établir le délit de diffusion de fausses nouvelles, il était nécessaire de démontrer que les déclarations avaient causé un trouble à l’ordre public ou qu’elles avaient été proférées de manière intentionnelle pour tromper. Dans ce cas précis, le parquet a jugé qu’il n’existait pas de preuves suffisantes pour démontrer que les propos de Knafo avaient provoqué un désordre collectif ou avaient été prononcés avec une intention malveillante.
Cette décision du parquet met en lumière les défis juridiques entourant la question de la liberté d’expression, notamment dans un contexte politique aussi sensible que celui des relations entre la France et l’Algérie. Les déclarations de Knafo ont été interprétées par certains comme une tentative de stigmatiser l’Algérie et de remettre en question l’aide que la France lui accorde, alors que d’autres y voient simplement un glissement dans l’interprétation des chiffres.
Il est intéressant de noter que la source des affirmations de Knafo provient d’un rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), publié dans le magazine *Challenges*. Ce rapport indiquait effectivement qu’entre 2017 et 2021, la France avait alloué 800 millions d’euros à l’Algérie. Toutefois, cette somme représente un cumul sur une période de cinq ans, et non un montant annuel, comme l’avait prétendu Knafo. Ce détail a été mis en lumière par divers médias français, soulignant l’importance d’une interprétation précise des données lorsqu’il s’agit de questions sensibles.
La réaction de l’Algérie à cette situation témoigne de la vigilance avec laquelle elle surveille les discours et les représentations de son pays sur la scène internationale. Les relations entre la France et l’Algérie sont historiques et complexes, marquées par une période coloniale douloureuse et des tensions qui perdurent. Dans ce contexte, les propos de figures politiques peuvent rapidement devenir un sujet de controverse et de tensions diplomatiques.
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La décision de classer la plainte sans suite soulève également des questions sur les responsabilités des élus et des personnalités publiques dans leurs discours. Alors que la liberté d’expression est un pilier fondamental des démocraties, il est crucial que les politiciens soient conscients de l’impact que leurs mots peuvent avoir sur l’opinion publique et sur les relations internationales. Les conséquences d’une désinformation, même involontaire, peuvent s’avérer préjudiciables et alimenter des narrations erronées.