Une correspondance secrète entre des généraux de l’armée marocaine a récemment été divulguée par le site « Ennahar Online », révélant des informations sensibles sur des manœuvres militaires conjointes entre le Maroc et la France à proximité des frontières de l’Algérie.
Datée du 25 mai 2024, cette correspondance a été adressée par le commandant de la sixième division militaire marocaine au chef du quatrième bureau de l’État-major de l’armée marocaine. Elle met en lumière l’organisation d’un exercice militaire aérien conjoint entre les forces marocaines et françaises, baptisé « Sharqi-2025 ». Cet événement militaire s’inscrit dans le cadre d’un partenariat stratégique entre Rabat et Paris, qui semble prendre une ampleur particulière compte tenu du contexte régional tendu.
Le document confidentiel énonce également des directives précises pour préparer des exercices terrestres et aériens impliquant l’armée française dans deux zones, situées à moins de 100 kilomètres de la ville algérienne de Béchar. Cette proximité géographique suscite des interrogations sur les intentions réelles de ces exercices, alors que les relations entre Alger et Rabat restent marquées par une profonde méfiance et une absence totale de coopération militaire.
Outre l’aspect technique et opérationnel de ces manœuvres, la correspondance met en avant un volet logistique inhabituel. Le commandant de la sixième division militaire marocaine y ordonne au chef du bureau des opérations de l’État-major d’organiser des « visites et excursions de loisirs » au profit des soldats français participant aux exercices. Cette initiative, présentée comme une mesure de renforcement des liens entre les forces marocaines et françaises, peut également être interprétée comme une stratégie visant à approfondir la coopération militaire bilatérale.
Depuis plusieurs années, le Maroc multiplie les exercices conjoints avec des partenaires internationaux, notamment la France et les États-Unis, à proximité des frontières de l’Algérie. Cependant, l’ampleur de ces nouvelles manœuvres et leur localisation si proche des frontières algériennes ne manque pas d’attiser les tensions. Alger, qui perçoit ces activités comme des actes de provocation, suit de près l’évolution de la situation et pourrait réagir en conséquence.
Si l’existence de ces exercices militaires peut s’inscrire dans un cadre de coopération normal entre alliés, leur dimension politique est indéniable. La relation entre le Maroc et l’Algérie, marquée par une rivalité historique et des différends territoriaux persistants, ajoute un facteur de complexité à ces initiatives militaires. Dans un contexte régional déjà fragile, ces manœuvres sont susceptibles d’exacerber les tensions et de nourrir des suspicions quant aux intentions stratégiques des parties impliquées.
Alors que le Maroc poursuit sa politique de renforcement de ses capacités militaires et de diversification de ses alliances, l’Algérie reste vigilante face à ce qu’elle perçoit comme une tentative d’intimidation ou d’endiguement. Cette nouvelle étape dans la coopération militaire maroco-française ne manquera pas d’alimenter le débat sur les équilibres stratégiques en Afrique du Nord et de poser la question des répercussions à long terme sur la stabilité de la région.
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