Une nouvelle hausse spectaculaire des devises étrangères a été enregistrée ce samedi 12 avril 2024 sur le marché noir algérien, avec en tête de file l’euro, qui poursuit une ascension entamée depuis plusieurs jour.
Dans les allées animées du Square Port Saïd, à Alger, réputé pour être le cœur battant du marché noir algérien des devises, les cambistes ont vu les taux s’envoler à nouveau, confirmant une tendance haussière qui ne faiblit pas et alimentant les débats autour des causes profondes de cette flambée persistante. L’euro, principal acteur de cette hausse, s’est négocié à 252 dinars à l’achat et 254 dinars à la vente, marquant une progression visible en l’espace de quelques jours seulement. Ce niveau élevé suscite de nombreuses interrogations, d’autant plus qu’il intervient dans un contexte marqué par une demande croissante de devises, notamment à l’approche de certaines périodes spécifiques du calendrier où les besoins en monnaie étrangère augmentent.
La situation n’est pas isolée à la monnaie européenne sur le marché noir algérien. Le dollar américain a lui aussi vu sa valeur grimper sur ce même marché parallèle, atteignant 236 dinars à l’achat et 239 dinars à la vente. Cette augmentation vient confirmer que la dynamique affecte plusieurs devises majeures, et non une seule. La livre sterling, quant à elle, semble avoir atteint un palier élevé mais stable, avec un taux de 301 dinars à l’achat et 306 dinars à la vente, ce qui en fait toujours l’une des monnaies les plus onéreuses pour les acheteurs algériens sur le circuit informel. Dans un contexte différent, le dollar canadien ne subit pas de variation majeure, conservant ses taux à 158 dinars à l’achat et 162 dinars à la vente, une stagnation qui pourrait s’expliquer par une demande moins forte, limitée à des besoins spécifiques tels que les voyages ou les transferts liés au Canada.
Plusieurs facteurs viennent éclairer cette tendance. Parmi les plus cités, figure la demande saisonnière accrue, notamment en lien avec les préparatifs pour les voyages religieux. Le lancement des opérations du Hadj et de la Omra engendre traditionnellement une pression notable sur la demande en devises, puisque les pèlerins doivent disposer de montants importants en monnaie étrangère pour couvrir leurs dépenses durant leur séjour. L’offre disponible sur le marché noir, souvent réduite par un contrôle plus strict ou des restrictions informelles, peine alors à répondre à cette demande croissante, créant un déséquilibre qui pousse les taux vers le haut. Ce phénomène cyclique se répète d’année en année, sans qu’une solution structurelle ne soit apportée.
Face à cette situation, les chiffres officiels de la Banque d’Algérie présentent un contraste saisissant. Sur le marché interbancaire, réservé aux institutions agréées et inaccessible au grand public, l’euro est affiché à 146,9 dinars, soit un écart de plus de 100 dinars par rapport au taux observé sur le marché noir. Le dollar américain y est coté à 133,46 dinars, la livre sterling à 171,70 dinars et le dollar canadien à 94,79 dinars. Ces écarts significatifs illustrent une réalité économique fragmentée, où deux systèmes coexistent sans convergence apparente, et où les citoyens sont contraints de naviguer entre légalité et nécessité.
Cette dualité du marché engendre une spirale difficile à enrayer. Le manque d’accès à des bureaux de change légaux ou à des mécanismes officiels d’achat de devises pour le grand public pousse les Algériens à recourir aux circuits informels. Que ce soit pour financer un voyage, payer des études ou des soins médicaux à l’étranger, ou encore pour des activités commerciales non formalisées, les motivations sont nombreuses, variées et souvent urgentes. Cette dépendance envers le marché noir algérien alimente sa vigueur et accentue l’écart entre l’économie officielle et la réalité vécue au quotidien par des millions de citoyens. En l’absence de réformes profondes et d’une politique de change plus ouverte, il est à craindre que cette situation continue d’alimenter la spéculation et d’installer durablement la volatilité des taux sur le marché informel.
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