Après plusieurs jours de stabilité relative, le marché noir des devises en Algérie connaît une nouvelle dynamique, avec une remontée significative de l’euro par rapport au dinar algérien. Le dimanche 9 février 2025, l’euro a franchi la barre des 250 dinars à l’achat et 253 dinars à la vente, une augmentation notable par rapport aux valeurs observées la veille, où l’euro était négocié à 249 dinars à l’achat et 252 dinars à la vente. Ce changement, bien que modéré en apparence, est révélateur des tensions croissantes sur le marché des devises et des déséquilibres persistants entre les taux officiels et parallèles.
Le marché parallèle des devises, souvent considéré comme un indicateur des déséquilibres économiques, se renforce au fur et à mesure que les restrictions sur les devises disponibles dans les banques du pays deviennent de plus en plus strictes. En conséquence, un nombre croissant de citoyens et d’entreprises se tournent vers ces circuits informels pour satisfaire leurs besoins en devises étrangères. La situation est d’autant plus complexe que l’allocation touristique annuelle a été plafonnée à 750 euros, un montant jugé insuffisant pour couvrir les besoins réels des voyageurs, qu’ils soient des citoyens partant à l’étranger ou des acteurs économiques ayant besoin de devises pour leurs transactions internationales.
En parallèle de l’euro, d’autres devises étrangères connaissent également une pression croissante sur le marché noir. Le dollar américain a observé une baisse, se négociant à 239 dinars à l’achat et 243 dinars à la vente. Cependant, la livre sterling a enregistré une envolée spectaculaire, atteignant des taux de 298 dinars à l’achat et 303 dinars à la vente. Ce phénomène témoigne d’un déséquilibre de plus en plus accentué entre l’offre et la demande de devises étrangères sur le marché informel, un déséquilibre qui affecte non seulement les citoyens mais aussi les entreprises algériennes qui dépendent des importations pour leurs activités.
Cette situation a des conséquences directes sur l’économie algérienne. La dévaluation continue du dinar face aux devises étrangères est un des effets les plus visibles. L’affaiblissement de la monnaie locale a un impact considérable sur le pouvoir d’achat des Algériens, notamment dans l’achat de biens importés. Les prix des produits de consommation, souvent fabriqués à partir de matières premières importées ou directement importés, continuent de grimper, créant ainsi une pression inflationniste qui frappe particulièrement les ménages les plus vulnérables. Ce phénomène renforce les inégalités sociales, car une grande partie de la population se retrouve confrontée à une montée en flèche du coût de la vie.
Les autorités algériennes tentent de limiter l’impact du marché parallèle à travers diverses politiques monétaires, mais les résultats restent mitigés. Bien que des mesures telles que l’augmentation de l’allocation touristique et l’augmentation du plafond des devises emportées à 7 500 euros aient été mises en place, ces initiatives ne répondent toujours pas aux besoins réels des citoyens et des entreprises. L’écart entre le taux de change officiel, fixé par la Banque d’Algérie, et le taux sur le marché noir reste important, renforçant ainsi la position des circuits informels. Le taux de change officiel, fixé à environ 140 dinars pour un euro, reste largement sous-évalué par rapport aux valeurs du marché parallèle, ce qui rend difficile la suppression du marché noir.
L’insuffisance de l’offre de devises, et notamment de l’euro, et l’absence d’une politique monétaire plus souple pour réguler la demande continuent d’alimenter la dynamique du marché noir. Alors que des réformes sont en cours pour essayer de résoudre ces problèmes, la situation demeure complexe. Le marché noir des devises échappe largement au contrôle des autorités et continue de prospérer, alimenté par des besoins insatisfaits. L’instabilité de ce marché parallèle expose les citoyens à des risques supplémentaires, notamment en termes de sécurité et de volatilité des taux.
Euro dinar algérien sur le marché noir, allocation touristique : la banque d’Algérie clot le débat
L’attente touche à sa fin pour les voyageurs algériens en quête de clarté sur l’allocation touristique. Après des mois d’incertitudes et de spéculations, la Banque d’Algérie s’apprête à lever le voile sur les modalités d’octroi de ce « droit de change pour voyage », plus communément connu sous le nom d’allocation touristique. Cette annonce suscite de nombreuses attentes, étant donné la sensibilité du sujet des devises pour les déplacements internationaux en Algérie.
Dans un climat où les informations circulent à un rythme effréné sur l’allocation touristique, la Banque d’Algérie confirme que la publication imminente d’une instruction viendra clarifier les conditions et les démarches pour en bénéficier. Selon des sources officielles citées par El Moudjahid, dès la parution de cette nouvelle directive, les citoyens sauront exactement quelles sont les étapes à suivre pour accéder à cette allocation.
Dans un contexte économique où le marché parallèle des devises domine, les autorités algériennes cherchent à structurer un système plus transparent et accessible, capable de répondre aux besoins réels des citoyens. L’allocation touristique, désormais fixée à 750 euros pour les adultes et 300 euros pour les mineurs, marque une nette augmentation par rapport à l’ancienne allocation de 100 euros, jugée largement insuffisante pour répondre aux exigences des voyageurs internationaux.
Une des grandes réformes associées à cette nouvelle politique réside dans l’ouverture de bureaux de change dans les principaux aéroports du pays, une initiative lancée par la Société de gestion des services et infrastructures aéroportuaires d’Alger (SGSIA). Ces bureaux, qui seront installés au Terminal Ouest et dans le Hall 2 du Terminal 1 de l’aéroport d’Alger, ont pour mission de faciliter l’accès aux devises dans un cadre sécurisé et régulé. L’objectif de cette mesure est de réduire l’impact du marché informel en fournissant aux citoyens un accès plus direct et régulier à l’allocation touristique, tout en luttant contre les pratiques de change illégal qui prospèrent sur les restrictions actuelles.
Mokhtar Saïd Mediouni, le P-dg de la SGSIA, a confirmé que les préparatifs étaient bien avancés pour l’ouverture de ces bureaux de change. Il a précisé que l’un des bureaux serait exclusivement dédié aux pèlerins en partance pour la Omra, tandis qu’un autre se concentrerait sur les autres destinations internationales. Ce découpage est destiné à fluidifier les flux et à garantir une répartition optimale des ressources.
Cette révision de l’allocation touristique s’inscrit dans un cadre plus large de réformes économiques entreprises par le gouvernement algérien. Le but de ces changements est de permettre un meilleur accès aux devises tout en contrôlant les sorties de capitaux. L’augmentation de l’allocation touristique est perçue par certains experts comme un moyen de combattre le marché informel, véritable source de spéculation, de blanchiment d’argent et d’évasion fiscale. Chabane Assad, expert financier et fondateur du cabinet Finabi Conseil, considère cette décision comme une mesure « optimale » pour réduire l’impact de ces pratiques néfastes et stabiliser l’économie nationale.
Cependant, la question du financement de cette allocation demeure un point de débat. En 2023, les transferts formels de la diaspora algérienne ont atteint 1,868 milliard de dollars, une somme qui pourrait potentiellement être utilisée pour financer cette allocation. Assad souligne l’importance de ne pas intégrer ces flux dans les réserves de change du pays, mais plutôt de les affecter directement à la satisfaction de la demande d’allocation touristique. Cette approche vise à rendre le système plus cohérent et plus en phase avec les besoins réels des voyageurs.
De plus, les bureaux de change agréés auront un rôle crucial à jouer en captant les devises détenues par les non-résidents et en alimentant le marché officiel. Cette initiative devrait permettre de réduire les transactions illégales qui alimentent le marché parallèle. Assad insiste également sur la nécessité de criminaliser les échanges illégaux, soulignant que cette action, combinée à l’extension du réseau de bureaux de change, devrait contribuer à l’assainissement du marché des devises en Algérie.
La réussite de cette réforme dépendra largement de la capacité des autorités à contrôler le marché informel et à garantir une mise en œuvre efficace des nouvelles mesures. La lutte contre les transactions illégales de devises, soutenue par l’infrastructure des bureaux de change, devrait permettre de rétablir un équilibre sur le marché des devises et d’offrir aux citoyens un accès simplifié et sécurisé aux fonds nécessaires pour leurs déplacements internationaux.
Cette réforme marque un tournant dans la gestion des flux monétaires et dans la modernisation du système financier algérien. Il ne reste plus qu’à observer la manière dont les autorités mettront en œuvre ces nouvelles directives et s’assurer que les citoyens bénéficient d’un accès rapide et clair aux devises sans avoir à se tourner vers des circuits parallèles.
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