Marché noir des devises : le gouvernement veut « tracer » les opérations 

Euro marché noir Square

Le gouvernement algérien a récemment pris une mesure visant à contrôler davantage les opérations liées au marché des devises, un domaine longtemps régi par des pratiques informelles et parfois opaques. Cette décision intervient deux mois après l’annonce de la Banque d’Algérie concernant le montant de devises autorisées à l’exportation par an. Le ministre des Finances, Laaziz Faid, a levé un coin du voile pour expliquer les raisons de cette mesure, qui a alimenté de nombreuses interrogations, notamment en ce qui concerne son impact sur le marché noir de la devise en Algérie.

La Banque d’Algérie a instauré un plafond de 7500 euros, ou son équivalent en devises étrangères, comme montant autorisé à l’exportation pour les résidents et non-résidents du pays. Cette nouvelle réglementation marque un changement significatif, car auparavant, ce montant était autorisé pour chaque voyage à l’étranger. Désormais, il s’applique sur une base annuelle, une différence qui n’est pas sans conséquence pour les Algériens voyageant régulièrement. Bien que la décision ait été prise sans explication immédiate, elle n’a pas tardé à susciter des questionnements parmi la population et les experts économiques.

Le ministre des Finances a enfin éclairci les raisons qui sous-tendent cette décision, soulignant que l’objectif était d’intégrer la masse monétaire en devises circulant dans le pays dans le circuit bancaire officiel. Cela impliquerait que les Algériens qui souhaitent exporter des devises doivent présenter une preuve de retrait bancaire, un procédé déjà en vigueur avant cette nouvelle mesure. Cette exigence vise à favoriser la circulation des devises dans un cadre réglementé, réduisant ainsi la dépendance aux opérations non déclarées.

Pour le ministre, l’objectif n’est pas seulement de limiter les pratiques informelles, mais également de renforcer la confiance des citoyens dans le système bancaire algérien. En effet, une des idées principales de cette mesure est d’inciter les Algériens à utiliser les cartes bancaires internationales. Laaziz Faid précise que cette forme de paiement permettra de « tracer les opérations » et de réduire les risques liés au transport de devises en espèces. L’utilisation des cartes bancaires permettrait également de sécuriser les transactions financières et d’encourager une gestion plus transparente des flux de devises.

En introduisant cette mesure, le gouvernement semble donc chercher à moderniser les moyens de paiement, tout en luttant contre le marché noir des devises, qui a longtemps prospéré en Algérie. Selon Faid, le système bancaire offre désormais des alternatives modernes qui permettent à la fois de sécuriser les opérations financières et de limiter les pratiques informelles. Cette stratégie vise à offrir un cadre plus sécurisé et plus fiable pour les transactions en devises, tout en protégeant l’économie nationale des effets négatifs d’un marché informel important.

Le ministre a également souligné que cette mesure ne concernerait pas les Algériens résidant à l’étranger. Ces derniers peuvent en effet importer autant de devises qu’ils le souhaitent, à condition de déclarer la somme importée auprès des douanes algériennes. De plus, les Algériens de l’étranger peuvent toujours ouvrir un compte en devises en Algérie, ce qui leur permet de transférer leurs devises dans le pays sans que cela ne constitue un obstacle. Cette mesure vise ainsi à ne pas pénaliser la diaspora, tout en maintenant un contrôle accru sur la circulation des devises à l’intérieur du pays.

Une autre dimension de cette décision concerne le plafond de devises que les citoyens peuvent détenir pour des voyages à l’étranger. Il est désormais limité à 750 euros pour un adulte et 300 euros pour un enfant mineur par an, une restriction qui pourrait compliquer la vie de ceux qui souhaitent voyager fréquemment. Toutefois, cette limitation a pour but de décourager le recours au marché noir des devises, tout en facilitant une gestion plus transparente des finances personnelles.

Le débat demeure ouvert sur l’efficacité de ces nouvelles règles pour éradiquer complètement le marché parallèle. Bien que ces mesures s’inscrivent dans une logique de modernisation et de sécurisation des transactions financières, il reste à voir si elles réussiront à éliminer les pratiques informelles qui sont profondément ancrées dans le pays. Certains experts estiment que des ajustements supplémentaires pourraient être nécessaires pour garantir une meilleure régulation du marché des devises, tandis que d’autres doutent de l’impact réel de ces mesures sur les taux de change, notamment avec la récente hausse de l’euro et du dollar après une période de baisse.

L’avenir de la politique monétaire en Algérie dépendra donc de la mise en œuvre de ces nouvelles règles et de leur acceptation par la population. En attendant, le gouvernement continue de mettre en place des mesures visant à réduire l’impact du marché noir des devises, tout en protégeant l’économie nationale et en renforçant le rôle du système bancaire officiel.

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