Le marché noir de la devise en Algérie continue de faire face à une flambée spectaculaire des taux, avec l’euro atteignant un niveau historique ce 24 septembre 2024. Pour la première fois, l’euro franchit la barre symbolique des 250 dinars algériens, un seuil qui souligne la pression croissante sur la monnaie nationale. Cette hausse, largement observée au niveau du square Port-Saïd à Alger, l’épicentre de la vente parallèle des devises, a suscité une onde de choc chez les acteurs économiques et les particuliers dépendant des changes pour leurs transactions.
Ce mardi, l’euro s’échange à 248 dinars à l’achat et 250 dinars à la vente, un taux jamais vu auparavant sur le marché noir algérien. Cela signifie que pour obtenir 100 euros, il faut désormais débourser 24.800 dinars si l’on souhaite les acheter, et l’on en obtiendra 25.000 dinars si l’on en revend. Le dollar américain, bien que toujours inférieur à l’euro, reste également à des niveaux élevés, s’établissant à 223,5 dinars, inchangé par rapport à la semaine dernière.
Cette nouvelle flambée s’explique par plusieurs facteurs convergents, dont la demande croissante de devises étrangères, principalement de l’euro et du dollar, est alimentée par les Algériens qui voyagent, notamment pour étudier à l’étranger. Les restrictions liées à l’obtention de devises via les canaux bancaires officiels, encore limitées en Algérie, poussent les citoyens à se tourner vers le marché parallèle pour répondre à leurs besoins.
La flambée de l’euro et du dollar sur le marché noir a des répercussions directes sur le pouvoir d’achat des Algériens. Pour les particuliers qui prévoient des voyages ou des études à l’étranger, cette situation est particulièrement difficile. Le coût de la vie pour ceux qui doivent convertir des dinars en devises étrangères s’alourdit de manière exponentielle, rendant certains projets quasiment inaccessibles pour de nombreux foyers.
Les entreprises importatrices, pour qui le recours aux devises étrangères est une nécessité, sont également durement touchées. Bien que certaines entreprises aient accès à des devises via les circuits officiels, la majorité d’entre elles dépendent du marché parallèle pour financer leurs achats à l’international. Avec un euro à 250 dinars, le coût des importations grimpe en flèche, entraînant une augmentation des prix sur les produits importés, allant des denrées alimentaires aux biens technologiques. Cela renforce encore la spirale inflationniste qui mine déjà l’économie algérienne.
Le marché noir des devises en Algérie n’est pas un phénomène récent. Depuis des années, la différence entre le taux officiel et le taux parallèle continue de croître, révélant une fracture entre l’économie formelle et informelle. À ce jour, les autorités n’ont pas réussi à réguler efficacement ce secteur, où les fluctuations des devises sont souvent perçues comme un baromètre de la santé économique du pays.
Certains économistes plaident pour une libéralisation progressive du marché des changes et une réforme du système financier, permettant aux citoyens et aux entreprises d’accéder plus facilement aux devises par le biais des banques officielles. D’autres suggèrent des mécanismes pour encourager les Algériens de l’étranger à transférer des devises par des canaux officiels, limitant ainsi l’emprise du marché noir.
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