En Algérie, le marché noir des devises reste un baromètre discret mais crucial de l’économie. Ce mardi 7 janvier 2025, l’euro s’est stabilisé à 250 dinars à l’achat et 254 dinars à la vente, marquant une pause après des fluctuations marquées. Cette accalmie, bien que temporaire, reflète des dynamiques complexes qui agitent le marché des devises parallèles, là où l’offre et la demande dansent une chorégraphie imprévisible.
Tout a commencé en décembre dernier, lorsque l’euro a dégringolé de 262 à 242 dinars en quelques semaines. Cette chute soudaine de près de 20 dinars a pris tout le monde de court. La raison? Une décision stratégique du gouvernement : l’augmentation de l’allocation touristique à 750 euros par personne et par an, un geste destiné à soulager la demande frénétique sur le marché noir. En effet, cette manne officielle devait permettre aux voyageurs de s’approvisionner en devises sans passer par des circuits informels, souvent coûteux et risqués.
L’effet a été immédiat. En quelques jours, l’euro s’est replié, les files devant les changeurs informels se sont réduites, et une lueur d’espoir a traversé l’esprit des économistes : le marché noir allait-il enfin perdre de son attrait? Mais c’était sans compter sur la résilience de ce réseau parallèle. Dès les premiers jours de janvier 2025, l’euro a lentement mais sûrement repris des couleurs. Le 2 janvier, il grimpait déjà à 246 dinars à l’achat et 252 dinars à la vente. Quelques jours plus tard, une légère baisse se manifestait, mais l’euro n’avait pas dit son dernier mot.
Le 6 janvier, il bondit à 250 dinars à l’achat et 254 dinars à la vente, comme pour rappeler à tous que la stabilité est un luxe rare sur ce marché tumultueux. Et voilà qu’il maintient cette position le lendemain, consolidant une fois de plus son statut de valeur refuge, malgré les tentatives des autorités pour contenir son ascension.
Pendant ce temps, d’autres devises jouent aussi leur partition. Le dollar américain, robuste comme à son habitude, se maintient à 235 dinars à l’achat et 238 dinars à la vente. La livre sterling, toujours majestueuse, oscille entre 294 et 297 dinars, tandis que le dollar canadien, plus discret, reste stable à 158 dinars à l’achat et 163 dinars à la vente. Ces chiffres, bien que relatifs, témoignent d’un marché noir toujours aussi dynamique, où chaque transaction raconte une histoire de besoins pressants et de rêves de stabilité.
Les taux officiels, eux, peignent un tout autre tableau. L’euro est fixé à 140,93 dinars à l’achat et 140,97 dinars à la vente par la Banque d’Algérie. Le dollar américain suit avec 135,86 dinars à l’achat et 135,87 dinars à la vente, tandis que la livre sterling et le dollar canadien affichent des valeurs bien plus modérées par rapport à celles du marché noir.
L’augmentation de l’allocation touristique est une bouffée d’air frais pour certains, mais elle ne suffit pas à éteindre la soif de devises. L’inflation, les incertitudes économiques globales et les besoins croissants en devises pour les transactions internationales maintiennent la pression sur le dinar. Les citoyens, confrontés à ces défis, cherchent des moyens de protéger leur pouvoir d’achat et de sécuriser leur avenir financier.
Dans ce contexte, le marché noir des devises reste un théâtre d’ombres, où chaque fluctuation de l’euro, du dollar ou de la livre raconte une histoire plus large d’adaptation et de résilience face à une économie en transformation. Le défi pour les autorités algériennes sera de trouver un équilibre entre la régulation nécessaire et la flexibilité demandée par un marché en constante évolution, afin de tracer une voie vers une économie plus stable et plus inclusive.
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