Marché noir en Algérie : l’euro dépasse les 280 dinars, pourquoi ?

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L’euro poursuit sa progression spectaculaire sur le marché noir en Algérie, et le franchissement du cap des 282 dinars pour un euro enregistré hier confirme une tendance qui ne faiblit pas. Sur le marché noir, les cambistes observent, attendent et refusent souvent de vendre la moindre coupure, convaincus que l’euro continuera de grimper. Cette dynamique du marché noir ne relève pas du hasard et s’explique par une combinaison de facteurs complexes, à la croisée de la rareté de l’euro et d’une demande en forte expansion. Depuis la fin juin, l’euro a franchi 260,5 DA, a atteint 274 DA le 9 novembre et 276,5 DA le 21 novembre, avant de dépasser les 280 DA, confirmant une tension qui gagne chaque segment du marché noir algérien.

Au cœur de cette flambée, la raréfaction de l’euro constitue un élément central. Les cambistes du Square Port-Saïd signalent depuis plusieurs mois une tension sans précédent, alors que la demande pour la devise européenne sur le marché noir ne cesse de croître. Historiquement, une part significative des euros alimentant le marché parallèle provenait des transferts en liquide réalisés par la communauté algérienne établie à l’étranger. Une partie de ces devises était destinée au secteur immobilier et finissait par irriguer les cambistes, mais depuis l’interdiction du cash pour ce type d’opérations, ce canal s’est progressivement tari. Le marché noir voit ainsi sa principale source se contracter au moment même où les besoins de la population pour l’euro s’accentuent, accentuant mécaniquement la hausse de la monnaie européenne.

Parallèlement, la demande d’euros sur le marché parallèle connaît une expansion intense. Cette demande se nourrit de plusieurs facteurs, notamment la reprise d’activités commerciales longtemps limitées et l’essor des achats en cabas. Les produits importés sous cabas, allant des smartphones aux appareils électroniques variés, nécessitent l’utilisation d’euros, et les volumes en circulation augmentent rapidement. Dans le même temps, l’ouverture à l’importation de véhicules de moins de trois ans pour les particuliers accentue encore la pression. Chaque transaction pour l’achat d’une berline ou d’un petit véhicule génère un flux considérable de devises, absorbant massivement les euros disponibles sur le marché noir.

Le marché noir algérien fonctionne aujourd’hui dans un équilibre instable où l’offre se contracte et la demande se renforce simultanément. Les cambistes retiennent leurs stocks, anticipent une hausse supplémentaire et observent attentivement chaque mouvement, ce qui alimente encore la flambée de l’euro. Le phénomène est amplifié par les flux limités en provenance de l’étranger, la demande soutenue pour le commerce parallèle et les opérations d’importation individuelles. L’euro sur le marché noir ne reflète pas seulement la rareté immédiate des billets mais aussi l’attente d’un renchérissement futur, créant une dynamique autoalimentée.

Ainsi, l’euro sur le marché parallèle dépasse désormais les 280 dinars, porté par la raréfaction des billets, la forte demande pour les transactions commerciales et les importations de véhicules de moins de trois ans. Le marché noir reste sous tension, avec des cambistes qui continuent de parier sur la progression continue de la devise européenne. Rien, pour l’heure, ne semble en mesure de freiner cette ascension, et chaque mouvement alimente le suivant, faisant de l’euro une valeur de plus en plus prisée sur le marché noir algérien.