Marché noir en Algérie : pourquoi l’euro connaît une hausse spectaculaire

100 euros Change euro dinar algérien marché noir aujourd'hui allocation touristique Algériens France euros Algérie

Le marché noir en Algérie connaît ces derniers jours une tension exceptionnelle, avec un euro qui atteint des sommets historiques. Selon les cambistes interrogés au Square Port-Saïd, le billet européen s’échange actuellement à 273 dinars à l’achat, tandis qu’à la vente, il reste à 270 DA. Une situation qui s’accompagne également d’une hausse du dollar, dont le taux oscille entre 229 et 236 dinars sur le marché noir. Dans ce contexte, l’expert financier Sofiane Mazari, Directeur de la division finance islamique au CPA, est intervenu pour apporter des éclaircissements sur cette flambée de l’euro et sur la dynamique du marché noir en Algérie.

Selon M. Mazari, la dépréciation du dinar sur le marché noir s’explique par une combinaison de facteurs économiques et saisonniers. « La demande de devises augmente fortement en raison de la reprise des importations de véhicules, de l’essor des voyages à l’étranger, y compris pour la Omra, et de la difficulté d’accès aux devises via le circuit bancaire officiel », indique l’expert. Il précise également qu’un effet psychologique joue un rôle non négligeable : « À l’approche des vacances de fin d’année, de nombreux ménages et voyageurs anticipent leurs dépenses en devises, ce qui stimule temporairement la demande d’euro et de dollars sur le marché noir et alimente la spéculation. »

L’expert souligne que cette flambée de l’euro sur le marché noir est accentuée par une perception persistante d’un dinar fragile. « Le marché noir reste un refuge pour ceux qui souhaitent se prémunir contre la perte de valeur du dinar, et la spéculation amplifie cette dynamique », ajoute M. Mazari. Pour lui, l’écart de plus de 60% entre le taux officiel et le marché parallèle illustre parfaitement un déséquilibre structurel. « Tant que l’accès aux devises via les circuits bancaires demeurera limité, le marché noir continuera à jouer un rôle central, et le dinar restera sous pression. »

L’historique récent confirme cette tendance. En septembre de l’année dernière, le dinar avait déjà atteint les 245 DA pour un euro sur le marché paralléle, soit un écart de près de 100 dinars par rapport au taux officiel. Cette volatilité montre que la flambée de l’euro sur le marché noir n’est pas un phénomène isolé, mais une tendance récurrente liée aux contraintes structurelles de l’économie algérienne.

Pour réduire cette pression et stabiliser le marché paralléle des devises, M. Mazari recommande plusieurs leviers. Le renforcement de la disponibilité des devises apparaît comme prioritaire. « La diversification des exportations et l’élargissement des sources de revenus sont essentiels », explique-t-il. Il cite l’agriculture, l’industrie manufacturière et le tourisme comme des secteurs clés pouvant générer des devises et réduire la dépendance excessive au marché noir.

L’expert rappelle également que l’État peut jouer un rôle régulateur en facilitant l’accès aux devises pour les particuliers et les entreprises. « Une meilleure disponibilité de l’euro et du dollar dans les banques pourrait limiter la flambée sur le marché noir et réduire les comportements spéculatifs », conclut Sofiane Mazari.

Ainsi, la hausse de l’euro sur le marché paralléle en Algérie est le résultat d’une conjonction de facteurs saisonniers, structurels et psychologiques, selon l’expert. La stabilisation du dinar dépendra de mesures concrètes visant à améliorer l’offre de devises et à diversifier l’économie. Dans ce contexte, le marché noir continuera de jouer un rôle central tant que ces déséquilibres subsisteront, confirmant la nécessité d’actions rapides et coordonnées pour protéger la valeur du dinar et répondre à la flambée continue de l’euro.