Marché noir : en chute libre, l’euro au plus bas depuis 4 mois

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En cette fin d’année 2024, le marché parallèle de la devise en Algérie continue d’attirer l’attention, notamment avec la baisse notable de l’euro et du dollar. Le Square Port-Saïd d’Alger, souvent considéré comme le baromètre officieux de la valeur des devises étrangères, reflète un changement de dynamique. Alors que l’euro avait atteint un pic historique de 265 dinars algériens le 7 décembre sur le marché noir des devises, il est désormais en chute libre, laissant les observateurs perplexes quant à l’avenir de ces fluctuations.

Les récentes baisses ne sont pas un simple hasard, mais semblent directement liées à l’annonce par le gouvernement algérien d’une augmentation de l’allocation touristique. Cette mesure, visant à alléger la pression sur les citoyens se rendant à l’étranger, pourrait être interprétée comme un signal clair de la volonté des autorités de réduire l’influence du marché noir. Toutefois, en l’absence d’une stratégie gouvernementale explicite pour réguler ou éradiquer le commerce parallèle de devises, il reste difficile de prédire si cette tendance à la baisse se poursuivra ou si elle n’est qu’un ajustement temporaire.

Ce samedi 21 décembre, l’euro s’échange à 247 dinars à l’achat et 249 dinars à la vente, atteignant ainsi son niveau le plus bas depuis quatre mois. Cette chute est significative, surtout dans un contexte où la monnaie unique européenne avait établi un record en début de mois. Le dollar, pour sa part, suit une trajectoire similaire, affichant 235 dinars à l’achat et 238 dinars à la vente, des valeurs également en net recul par rapport aux semaines précédentes. Ces fluctuations traduisent une nervosité sur le marché parallèle, alimentée par des facteurs économiques et des mesures gouvernementales qui, bien qu’indirectes, influencent les transactions au Square Port-Saïd.

La hausse de l’allocation touristique est sans doute l’un des éléments les plus discutés parmi les spécialistes et les cambistes. En augmentant la quantité de devises accessibles aux citoyens à un taux officiel, le gouvernement cherche visiblement à réduire la dépendance des Algériens au marché parallèle. Cela pourrait expliquer la baisse de la demande pour l’euro et le dollar sur ce marché, entraînant mécaniquement une diminution de leurs cours. Cependant, cette décision soulève également des questions sur son impact à long terme : suffira-t-elle à dissuader les transactions informelles, ou faudra-t-il des mesures supplémentaires pour réguler ce secteur ?

Derrière ces chiffres, se dessine une réalité complexe. Le marché parallèle de la devise en Algérie n’est pas seulement un espace d’échange monétaire, mais également un indicateur des attentes économiques et des incertitudes politiques. Les cambistes du Square Port-Saïd, bien que souvent perçus comme des acteurs informels, jouent un rôle crucial dans la fixation des valeurs des devises, en tenant compte des annonces gouvernementales, des besoins des voyageurs, et des fluctuations sur les marchés internationaux. Ainsi, la baisse actuelle de l’euro et du dollar pourrait être interprétée comme un ajustement aux nouvelles réalités du marché, mais elle pourrait également masquer des déséquilibres sous-jacents qui restent à résoudre.

Pour les citoyens algériens, ces baisses représentent une opportunité, notamment pour ceux qui planifient des voyages ou des investissements nécessitant des devises étrangères. Toutefois, cette tendance pourrait ne pas durer, et beaucoup hésitent à parier sur une poursuite de la baisse, craignant une éventuelle remontée si la demande venait à reprendre ou si des restrictions imprévues étaient mises en place. La prudence reste donc de mise, tant pour les acheteurs que pour les vendeurs, dans ce contexte économique en pleine mutation.

L’absence de données précises sur les intentions du gouvernement en ce qui concerne le marché noir de la devise ajoute une couche d’incertitude. Les dernières mesures témoignent d’une volonté claire de réduire l’impact de ce marché, mais elles ne s’accompagnent pas encore d’une feuille de route détaillée. Entre les ajustements de l’allocation touristique et les éventuelles réformes à venir, il est évident que l’objectif des autorités est de renforcer la transparence et d’encadrer davantage les échanges monétaires, bien que le chemin reste long pour atteindre cet objectif.

L’évolution de la situation dans les semaines à venir sera scrutée de près. Si les baisses se poursuivent, cela pourrait indiquer un succès partiel des politiques gouvernementales, mais il est encore trop tôt pour tirer des conclusions définitives. En attendant, le Square Port-Saïd d’Alger continue de refléter, à sa manière, les tensions et les ajustements qui animent l’économie algérienne, rappelant que même dans un cadre informel, les dynamiques globales ne peuvent être ignorées.

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