Le marché noir des devises en Algérie est en pleine effervescence depuis ces derniers jours, avec un phénomène intéressant qui a attiré l’attention des experts économiques : l’euro connaît une baisse significative, tombant sous la barre des 250 dinars. Dimanche 16 février 2025, cette monnaie européenne s’échangeait à 251 dinars à l’achat et 253 dinars à la vente, enregistrant ainsi une légère hausse par rapport à la veille où elle était négociée autour de 249 dinars à l’achat et 251 dinars à la vente. Toutefois, ce vendredi 21 février, la situation s’est modifiée sur le marché noir et l’euro a chuté pour se stabiliser à 249 dinars à l’achat et 252 dinars à la vente. Ce mouvement fluctuant souligne un changement de dynamique sur le marché parallèle algérien, alors que de nombreux acteurs du marché s’interrogent sur les raisons sous-jacentes à cette évolution.
Outre les variations de la valeur de l’euro sur le marché noir, d’autres devises étrangères, notamment le dollar américain, connaissent également une pression descendante, et ce malgré leur rôle dominant dans les échanges internationaux. Ainsi, le dollar, traditionnellement une monnaie phare des transactions mondiales, a enregistré ces derniers jours une baisse notable. Il se négocie désormais à 239 dinars à l’achat et 243 dinars à la vente, bien en dessous de ses niveaux historiques. Cette tendance a été également observée du côté de la livre sterling, qui, bien que stable par rapport aux autres devises, reste sur des niveaux relativement élevés, se fixant à 298 dinars à l’achat et 301 dinars à la vente. Ce phénomène, même s’il peut sembler marginal à première vue, dévoile en réalité un déséquilibre croissant sur le marché des devises en Algérie, un marché noir où la demande, notamment pour l’euro, excède souvent l’offre.
L’impact de cette situation est tangible et crée une instabilité palpable, tant pour les citoyens algériens que pour les entreprises locales qui dépendent de ces devises pour leurs transactions internationales. Dans le même temps, cette baisse des devises sur le marché parallèle contraste fortement avec les taux de change officiels fixés par les autorités monétaires. Actuellement, sur le marché officiel, l’euro s’échange à un taux de 140,81 dinars, tandis que le dollar est coté à 134,99 dinars et la livre sterling à 170,01 dinars. Ce fossé entre le marché parallèle et le marché officiel met en lumière un problème récurrent pour l’économie algérienne : les taux de change officiels ne correspondent plus aux réalités économiques du pays, et ce décalage alimente une série de comportements spéculatifs qui échappent à tout contrôle.
L’écart entre les taux de change officiels et parallèles n’est pas un phénomène nouveau en Algérie. Depuis plusieurs années, le marché informel des devises a prospéré, alimenté par la différence de taux de change, qui rend les devises étrangères beaucoup plus accessibles sur le marché parallèle que par les canaux officiels. Cette situation pousse de nombreux citoyens à recourir à ces marchés non réglementés, où ils sont souvent confrontés à des risques élevés, tant en termes de sécurité que de fiabilité. Pour les entreprises, la situation est encore plus complexe, avec des prix de revient qui sont influencés par la fluctuation constante des devises et un manque de prévisibilité qui nuit à la planification financière.
Face à ce constat, les autorités algériennes se trouvent dans une position délicate. D’un côté, elles tentent de stabiliser la valeur du dinar sur le marché officiel, mais de l’autre, elles sont confrontées à l’énorme pression du marché parallèle, qui ne cesse de croître. Le fossé entre les taux officiels et parallèles engendre une sorte de spirale spéculative qui complique la gestion des devises et rend encore plus difficile le contrôle des flux financiers dans le pays. Cette situation renforce les pratiques de contournement des régulations, créant un climat économique incertain et volatile.
Marché noir des devises, allocation touristiques en euro : les précisions du ministre des finances
Le ministre des Finances, Abdelkrim Bouzred, a récemment apporté des précisions très attendues concernant la mise en œuvre de la nouvelle allocation touristique, dont le montant a été porté à 750 euros pour les adultes et 300 euros pour les mineurs. Cette revalorisation, annoncée par le président Abdelmadjid Tebboune, constitue un tournant majeur pour les citoyens algériens désireux de voyager à l’étranger. Bouzred a révélé que cette mesure entrerait en vigueur avant la fin du mois de Ramadhan ou, au plus tard, juste après l’Aïd El-Fitr, apportant ainsi une bouffée d’air frais à ceux qui ont longtemps jugé le montant alloué insuffisant.
L’Algérie a longtemps été critiquée pour l’insuffisance de son allocation touristique, qui demeurait bien en deçà des attentes des citoyens. Pendant des années, le montant ne dépassait pas les 100 euros, rendant difficile, voire impossible, le financement d’un voyage à l’étranger. En effet, ce faible montant n’était même pas suffisant pour couvrir une nuit d’hôtel dans les destinations les plus prisées des Algériens. Face à cette réalité, de nombreux citoyens se retrouvaient obligés de recourir au marché informel pour obtenir des devises étrangères, là où les taux de change étaient bien plus élevés que ceux pratiqués dans les banques officielles. Cette nouvelle hausse représente donc une avancée significative dans la politique de devises et vise à réduire la dépendance à ce marché parallèle, souvent perçu comme un frein à une économie stable.
Le ministre des Finances a précisé que des mesures techniques et administratives sont déjà en cours pour garantir une mise en application rapide et sans obstacles. Les banques et les institutions financières du pays travaillent activement à adapter leurs systèmes afin de faciliter l’accès des citoyens à cette allocation dès son entrée en vigueur. Cependant, plusieurs questions demeurent sans réponse, notamment en ce qui concerne les modalités d’accès à cette allocation. Les citoyens attendent des éclaircissements sur les critères d’éligibilité, les documents nécessaires et la procédure exacte de retrait, des informations cruciales pour garantir un accès équitable à cette aide.
Cette annonce intervient à un moment stratégique, où le gouvernement algérien cherche à améliorer la gestion des devises et à limiter les distorsions économiques créées par le marché noir. La pression exercée par le taux de change parallèle sur l’économie nationale est de plus en plus forte. L’augmentation de l’allocation touristique pourrait jouer un rôle dans la réduction de cette pression et dans la normalisation des flux de devises. Toutefois, plusieurs économistes soulignent que, malgré cette hausse, le montant alloué reste insuffisant pour couvrir les dépenses réelles des voyageurs. Dans d’autres pays, les allocations touristiques sont souvent bien plus élevées, et permettent aux citoyens de financer une partie importante de leurs voyages à l’étranger. En Algérie, même avec cette revalorisation, le montant de l’allocation reste limité par rapport aux standards internationaux.
L’application de cette mesure sera également un test pour le système bancaire algérien, qui devra démontrer sa capacité à répondre efficacement à la demande accrue des citoyens. Les banques devront être à même de distribuer les devises dans des délais raisonnables et de garantir une transparence totale des opérations. Tout retard ou complication administrative pourrait alimenter une méfiance croissante à l’égard des circuits bancaires officiels et compromettre le succès de l’initiative. Il est donc crucial que les autorités garantissent une gestion fluide et rapide de cette allocation, afin de rassurer les citoyens sur la fiabilité des procédures.
Sur le plan économique, cette revalorisation pourrait également avoir un impact sur les réserves de change du pays. L’Algérie doit trouver un équilibre délicat entre la nécessité d’offrir un accès plus facile aux devises et la préservation de ses réserves en devises étrangères, particulièrement dans un contexte mondial incertain. Si cette hausse est une étape importante, elle soulève également des interrogations sur la capacité de l’économie algérienne à absorber cette augmentation sans compromettre la stabilité financière du pays.
Dans les prochains jours, les autorités devraient fournir des informations supplémentaires sur les modalités pratiques de cette allocation. Les citoyens attendent avec impatience de connaître les détails de cette nouvelle mesure, espérant que cette augmentation leur permettra de voyager dans des conditions plus favorables. Bien que cette revalorisation constitue une avancée significative, de nombreux observateurs estiment qu’il faudra encore aller plus loin pour aligner l’Algérie sur les standards internationaux en matière de liberté d’accès aux devises étrangères.
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