Marché noir : l’euro fait du surplace face au dinar algérien

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Dans les ruelles animées de la capitale, à proximité du square Port-Saïd, les regards se tournent une fois de plus vers les cambistes, comme chaque jour où la monnaie étrangère dicte son rythme à une foule de demandeurs. Les transactions se succèdent, mais un constat s’impose : l’euro ne bouge pas et semble figé face au dinar algérien. Sur le marché noir, cette monnaie phare garde exactement la même valeur que la semaine précédente, au moment même où de nombreux voyageurs reprennent le chemin de leurs pays de résidence et où les besoins en devises auraient pu créer de nouvelles pressions. Pourtant, malgré l’activité soutenue, l’euro stagne sur ce marché noir, laissant une impression d’immobilité dans un contexte où chaque variation est scrutée avec attention.

En ce samedi 23 août, les cambistes proposent toujours un euro contre 261 dinars algériens, ce qui place le billet de 100 euros à 26.100 dinars. La stabilité observée depuis plusieurs jours est inhabituelle à cette période de l’année. Le marché noir est traditionnellement influencé par l’afflux des Algériens de l’étranger venus passer leurs vacances d’été, mais cette fois, la donne reste la même et l’euro continue de se maintenir sans variation visible. L’offre limitée et la demande soutenue créent une situation de blocage où le marché noir fonctionne en vase clos, sans donner le moindre signe de revalorisation de l’euro ou d’affaiblissement du dinar.

À la différence de l’euro, le dollar connaît une petite avancée. Coté à 227,50 dinars ce samedi, soit 22.750 dinars pour un billet de 100 dollars. Cette hausse demeure modeste, mais elle rappelle que, même sur un marché noir largement tourné vers l’euro, le dollar reste une référence secondaire qui n’est pas totalement insensible aux mouvements ponctuels.

Les données officielles communiquées par la Banque d’Algérie renforcent encore ce contraste. Dans ses cotations du jour, l’euro est fixé à 151,29 dinars, alors que le dollar s’affiche à 129,85 dinars. L’écart persistant entre les taux de change officiels et les prix du marché noir illustre une dualité devenue familière pour les citoyens : d’un côté, une valeur réglementée, et de l’autre, une réalité parallèle qui obéit à ses propres logiques de l’offre et de la demande.

L’allocation touristique fixée à 750 euros, censée soulager les tensions, n’a pour l’instant pas réussi à réduire l’écart entre marché officiel et marché noir. L’effet attendu sur la circulation de devises n’a pas eu lieu, notamment parce que les besoins réels dépassent largement ce montant. Les particuliers, les étudiants, les familles et même certains acteurs économiques continuent de recourir au marché noir pour obtenir des euros, car il reste la voie la plus accessible, malgré le coût élevé. Dans ce contexte, l’euro sur le marché noir demeure recherché et sa stabilité reflète surtout un équilibre fragile entre demande soutenue et rareté de l’offre.

Le rôle de l’euro sur le marché noir dépasse le simple cadre des voyages ou des vacances. Il constitue un outil incontournable pour régler des dépenses liées aux études, aux soins à l’étranger, ou encore aux petites importations. La dépendance persistante à cette devise explique pourquoi, malgré la mise en place d’allocations ou d’autres mécanismes, l’euro sur le marché noir conserve un prix élevé et stable, insensible aux mesures ponctuelles.

Ainsi, l’atonie actuelle du cours n’est pas le signe d’un apaisement durable, mais plutôt l’illustration d’une tension permanente où l’équilibre ne tient qu’à la limite des flux disponibles. L’euro, qui sur le marché noir fait du surplace depuis plusieurs jours, témoigne de cette singularité propre à l’économie algérienne : un système où le circuit parallèle s’impose comme une référence incontournable, parfois plus influente que les chiffres officiels. Dans cette bataille silencieuse entre stabilité et fluctuations, la devise européenne garde son cap, rappelant que sur ce marché noir, l’euro reste le miroir d’une demande insatiable et d’une offre insuffisante.