Le marché noir des devises en Algérie continue de jouer un rôle central dans l’économie informelle du pays, influençant de manière significative les fluctuations monétaires. Cette semaine, l’euro a de nouveau dépassé la barre symbolique des 250 dinars algériens, créant une certaine agitation parmi les acteurs du marché. Jeudi 9 janvier, l’euro s’échangeait entre 249 et 252 dinars, une stabilité apparente par rapport aux jours précédents. Toutefois, dès le lendemain, une légère hausse a été constatée : au célèbre Square Port Said d’Alger, l’euro était acheté à 250 dinars et vendu à 253 dinars. Ce samedi 11 janvier, une nouvelle augmentation a porté ces taux à 251 dinars à l’achat et 254 dinars à la vente.
Ces fluctuations ne sont pas inédites mais témoignent de la sensibilité du marché noir algérien aux évolutions économiques et politiques. En décembre 2024, une chute brutale de l’euro avait été enregistrée, passant de 262 dinars à 242 dinars en quelques jours seulement. Cette baisse coïncidait avec une décision clé du gouvernement algérien d’augmenter l’allocation touristique annuelle à 750 euros par personne, une mesure destinée à détourner une partie de la demande du marché parallèle vers les circuits officiels. Cette annonce a momentanément réduit la pression sur le marché noir, offrant une courte période de stabilité.
Cependant, l’accalmie n’a pas duré. Dès le début de janvier 2025, l’euro a progressivement repris de la valeur. Les taux sont montés à 246 dinars à l’achat et 252 dinars à la vente, pour atteindre 250 dinars à l’achat et 254 dinars à la vente quelques jours plus tard. Ces hausses reflètent les défis constants auxquels le dinar algérien est confronté, à la fois à cause de la demande intérieure forte pour les devises et des fluctuations des marchés internationaux.
Le dollar américain, lui aussi, a vu son cours augmenter sur le marché noir, avec un taux de 238 dinars à l’achat et 242 dinars à la vente. La livre sterling, quant à elle, est restée stable autour de 292 dinars à l’achat et 300 dinars à la vente, tandis que le dollar canadien se situait entre 158 dinars à l’achat et 163 dinars à la vente. Ces taux, bien supérieurs à ceux du marché officiel, soulignent l’écart important entre les deux circuits.
Dans les canaux officiels, les chiffres sont nettement inférieurs. L’euro s’échange à 140,93 dinars à l’achat et 140,97 dinars à la vente, tandis que le dollar américain est coté à 135,86 dinars à l’achat et 135,87 dinars à la vente. Cet écart met en lumière une réalité complexe : le marché noir continue de répondre à une demande insatisfaite par le système bancaire officiel, particulièrement pour les besoins en devises liés aux voyages, aux importations et aux transactions commerciales.
Malgré les efforts des autorités pour contenir l’influence du marché noir, notamment avec l’augmentation de l’allocation touristique, la demande reste forte. Les limitations d’accès aux devises via les banques officielles obligent encore de nombreux Algériens à se tourner vers le marché parallèle, maintenant ainsi une pression constante sur le dinar algérien.
Le dinar reste fragile face à ces dynamiques. Les fluctuations récentes de l’euro illustrent bien cette vulnérabilité. Les autorités cherchent à stabiliser la situation en réduisant l’écart entre les taux du marché officiel et du marché noir, tout en renforçant la confiance dans le système bancaire national. Cependant, tant que l’offre officielle de devises restera insuffisante pour couvrir la demande, le marché noir continuera de jouer un rôle clé dans l’économie algérienne.
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