Marché noir : nouvelle flambée de l’euro face au dinar algérien

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Une nouvelle envolée des devises étrangères, notamment de l’euro face au dinar algérien a été enregistrée, ce jeudi 10 avril 2024, sur le marché noir, confirmant une tendance haussière persistante et alimentant les spéculations sur les raisons de cette dynamique. Le Square Port Saïd, épicentre du change informel à Alger, a de nouveau été le théâtre d’une flambée des taux, notamment pour l’euro, monnaie de référence dans les échanges informels.

L’euro s’est hissé à un niveau remarquable face au dinar algérien, atteignant 251,50 dinars à l’achat et 254 dinars à la vente sur le marché noir des devises. Cette progression, observée en quelques jours seulement, suscite des interrogations sur les forces en jeu sur le marché noir, particulièrement à l’approche de périodes où la demande en devises connaît un pic saisonnier. Cette hausse n’est pas isolée. Le dollar américain a également vu son cours grimper, avec un taux de 237 dinars à l’achat et 240 dinars à la vente, confirmant une tendance similaire à celle de l’euro. La livre sterling n’est pas en reste : elle s’échange aujourd’hui à 301 dinars à l’achat et 306 dinars à la vente, renforçant sa position parmi les monnaies les plus chères sur le marché parallèle algérien.

À l’inverse, le dollar canadien fait preuve d’une stabilité relative. Il continue d’être proposé à 158 dinars à l’achat et 162 dinars à la vente, sans variation significative par rapport aux jours précédents. Cette stagnation s’explique sans doute par une demande moins soutenue pour cette devise, souvent utilisée pour les voyages au Canada ou les transferts vers ce pays, mais moins populaire que l’euro ou le dollar dans les transactions courantes des Algériens.

L’une des explications avancées pour justifier cette hausse généralisée des devises, notamment de l’euro, repose sur le facteur saisonnier lié aux départs pour les rites religieux. Le début des opérations liées au Hadj et à la Omra entraîne traditionnellement une forte demande en devises, en particulier pour ceux qui s’y rendent depuis l’Algérie. Ce besoin en liquidités convertibles, combiné à une offre souvent limitée sur le marché informel, fait naturellement grimper les cours. Cette situation reflète un déséquilibre structurel entre une demande croissante en devises étrangères et une disponibilité insuffisante au sein du réseau formel de change.

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Parallèlement, les taux officiels affichés par la Banque d’Algérie dressent un tableau très différent. Sur le marché interbancaire, réservé aux opérateurs agréés et non accessible au grand public, l’euro se négocie à 147,47 dinars. Le dollar américain, pour sa part, y est affiché à 133,49 dinars, tandis que la livre sterling s’établit à 171,00 dinars et le dollar canadien à 93,90 dinars. Cet écart important entre les cours officiels et ceux du marché parallèle illustre une réalité économique à deux vitesses, où la valeur réelle de la monnaie nationale est soumise à des logiques différentes selon le canal de transaction.

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Cette disparité constante entre les deux marchés, formel et informel, nourrit un cycle difficile à briser. En l’absence d’un accès généralisé aux bureaux de change légaux, les citoyens se tournent inévitablement vers les circuits non officiels pour se procurer les devises dont ils ont besoin, que ce soit pour des raisons de voyage, de soins médicaux à l’étranger, de transfert familial ou d’importation informelle de marchandises. Cette pression exercée sur le marché noir entretient la montée continue des taux.

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À l’approche de l’été, période marquée par un regain d’activité touristique et de déplacements internationaux, une nouvelle vague de demande pourrait bien accentuer cette dynamique déjà tendue. Dans ce contexte, la flambée constatée ce jeudi pourrait n’être qu’un avant-goût de ce qui attend les cambistes informels dans les semaines à venir, alors que l’euro et les autres devises continuent de prendre leurs distances avec un dinar qui peine à stabiliser sa valeur réelle en dehors des canaux institutionnels.