Après une période de stagnation, suivie d’une légère baisse, l’euro a connu une remontée spectaculaire face au dinar algérien sur le marché noir des devises, créant un climat d’incertitude pour les acteurs économiques et les citoyens. Ce lundi 27 janvier 2025, le taux de l’euro a franchi une nouvelle étape, atteignant 253 dinars à l’achat et 255 dinars à la vente, contre 250 dinars à l’achat et 252 dinars à la vente la veille. Cette forte hausse, marquée par un écart notable par rapport au taux officiel fixé par la Banque d’Algérie à environ 141 dinars pour un euro, illustre les profondes distorsions qui existent entre l’offre et la demande sur le marché formel et informel.
Le marché parallèle des devises s’est donc renforcé, alimenté par des restrictions strictes sur les devises disponibles dans les banques du pays. Face à un accès limité aux devises étrangères, les Algériens se voient contraints de recourir aux circuits informels pour financer leurs projets personnels ou professionnels. Le plafond de l’allocation touristique, révisé à 750 euros annuels, demeure insuffisant pour couvrir les besoins réels des voyageurs et des acteurs économiques. Cette réalité pousse de plus en plus de citoyens à se tourner vers le marché noir, où ils peuvent trouver les devises nécessaires à des taux bien supérieurs à ceux pratiqués par les institutions bancaires.
Outre l’euro, d’autres devises étrangères connaissent également des taux élevés sur le marché noir. Le dollar américain se négocie à 243 dinars à l’achat et 246 dinars à la vente, tandis que la livre sterling atteint des taux de 295 dinars à l’achat et 300 dinars à la vente. Cette inflation des taux témoigne d’un déséquilibre croissant entre la demande forte en devises étrangères et l’offre limitée provenant des circuits formels. De son côté, le dollar canadien, bien que moins prisé, affiche des taux plus modérés, oscillant entre 158 dinars à l’achat et 163 dinars à la vente.
Cette dynamique sur le marché noir a des répercussions considérables sur l’économie algérienne. L’une des conséquences les plus visibles est la dépréciation continue du dinar, qui n’a cessé de perdre de la valeur face aux principales monnaies étrangères. Cette dévaluation, qui résulte d’un manque de confiance dans la stabilité économique du pays, fragilise le pouvoir d’achat des Algériens. Les produits importés deviennent de plus en plus chers, rendant les biens de consommation de première nécessité plus inaccessibles. Les Algériens doivent ainsi composer avec un coût de la vie en constante hausse, exacerbant les inégalités et affectant particulièrement les ménages les plus vulnérables.
En parallèle, les restrictions administratives sur les devises et les contrôles sur les transferts de fonds rendent les voyages à l’étranger presque inaccessibles pour une grande partie de la population. Le recours à des solutions alternatives pour financer des déplacements à l’étranger, comme le marché noir, devient indispensable, bien qu’il expose les citoyens à des risques liés à l’instabilité du marché parallèle.
Les entreprises, en particulier celles qui dépendent des importations pour fonctionner, subissent également les conséquences de cette situation. Elles se retrouvent souvent dans l’incapacité d’acquérir les devises nécessaires à leurs transactions commerciales, ce qui génère des coûts supplémentaires et ralentit le développement de certaines activités économiques. Les importateurs et exportateurs doivent ainsi jongler avec des devises rares et chères, affectant leur compétitivité à l’international.
Face à cette situation, les efforts des autorités pour limiter l’expansion du marché noir restent insuffisants. Les politiques mises en place pour réguler l’accès aux devises, telles que l’augmentation de l’allocation touristique et le relèvement du plafond de devises emportées à 7 500 euros, ne répondent toujours pas aux besoins réels des citoyens et des entreprises. En conséquence, l’écart entre les taux de change officiels et parallèles ne cesse de se creuser, consolidant ainsi l’existence d’un marché noir difficile à éradiquer.
L’insuffisance de l’offre de devises et l’absence d’une solution structurelle pour résoudre le problème des devises continuent de nourrir l’existence d’un marché parallèle dynamique, échappant au contrôle des autorités. Bien que des réformes aient été lancées pour limiter l’influence du marché noir, la dépendance des citoyens et des entreprises à ces circuits informels persiste. Les fluctuations de l’euro et des autres devises sur ce marché parallèle illustrent bien la fragilité de l’économie nationale, qui reste vulnérable aux déséquilibres monétaires.
Ainsi, tant que l’écart entre les taux officiels et parallèles continuera d’exister, le marché noir des devises demeurera une réalité incontournable dans l’économie algérienne. Ce phénomène met en lumière les limites des politiques monétaires actuelles et les défis complexes auxquels fait face l’Algérie pour garantir une stabilité économique durable. Une réforme en profondeur du système financier et des politiques monétaires semble désormais indispensable pour parvenir à un rééquilibrage entre les circuits formels et informels, et offrir aux Algériens une alternative légale et accessible pour leurs besoins en devises.
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